Vacances chez Louis, mon parrain

 Vacances chez Louis, mon parrain,


Chaque été, lors des grandes vacances, pour donner un peu de repos à ma mère, le garnement que j’étais était conduit « en vacances » soit chez la grand-mère, soit chez mon parrain, Louis et son épouse Madeleine.
  

Mon parrain lors d'une remise de décorations à Bir el Ater.

Auparavant Louis était en poste à la caserne Changarnier à Augustodunum, logé dans l’enceinte militaire. Si je ne pouvais pas prendre la poudre d’escampette, il fallait m’occuper, une nécessité qui posait problème à Madeleine, gentille, mais très ordonnée dans sa maison, me laisser dehors, c’était prendre le risque de me retrouver au milieu des troufions ou en une  situation de nature à causer des ennuis au capitaine, ça, il n’en était pas question !
Immanquablement je devenais pesant pour Madeleine qui m’emmenait au jardin pour meubler un peu le temps. Tout le monde avait remarqué que le marteau faisait partie de mon univers de gamin, une certaine prédestination aux travaux du bois,  clouant de ci de là. Un après-midi, Louis décida de me conduire au casernement, me placer sous bonne garde de braves militaires qui ne s’aventurèrent pas à discuter les ordres du capitaine. Louis leur dit, « donnez lui des planches, un marteau et des clous, il vous fichera la paix ». Mais voilà, clouer des planches n’était pas facile, les planches bougeaient tout le temps, les clous tordaient, je découvris qu’en les plantant dans l’établi, celui-ci ne bougeait pas. Dans l’après-midi, pas moins d’un kilo de clous prirent place dans le dessus d’établi avant qu’un bidasse ne s’en rende compte. Quelle catastrophe ! Il faut savoir qu’à l’époque on utilisait les varlopes, riflards et autres bouvets pour faire des ouvrages de menuiserie, que pour travailler à même l’établi, les dessus d’établi devaient être propres, entretenus, rabotés, poncés, qu’ils étaient régulièrement passés en revue par le chef du casernement… Ah la ire des bidasses. Ils attendaient Louis de pied ferme lorsqu’il est venu me reprendre. Une taloche clôtura l’incident. Parlant de l'établi, Louis dit aux gars, « je fais le nécessaire ». Je n’ai jamais connu la suite.
Un après midi, Madeleine qui ne savait plus quoi faire pour passer le temps décida de m’emmener au cinéma. C'était la première fois que j'allais au cinéma, une fois installé, les yeux écarquillés devant le grand écran, je me mis à crier des commentaires à tout va, bien évidemment tout le monde en profita. Madeleine ne parvenait pas à me faire taire, alors nous quittâmes le cinéma en pleine séance.
Parfois, lorsque Louis était de repos après des permanence assez contraignantes, c’était pendant la guerre en Algérie, nous allions à Mulin,  petit village près de Delpierre les Ormes (71), où mon parrain retapait petit à petit une maison qu’il avait achetée quelques années plus tôt. Problème, j’étais toujours aussi accaparant. Juste à côté habitait un couple avec un enfant, les Treutreu. Quelle idée Madeleine a-t-elle eue de me faire connaître le fils, nous étions toujours par les champs accompagnés de la chienne du voisin. Un jour nous entreprîmes de faire de l’alpinisme dans une carrière de cran, l’ascension n’était pas facile, le cran est très friable. Après moult essais de montée interrompus par des descentes marquées sur les genoux, les shorts et autres habits, nous eûmes la lumineuse idée de nous faire tracter par la chienne avec sa laisse.
La pauvre chienne aurait certainement voulu être ailleurs, elle se rebella, on la força à grimper en haut de la carrière. Une fois en haut, on a tenté de monter avec la laisse en guise de corde, la chienne glissa, tomba sur le côté, dans un arbre, pour se retrouver pendue, la laisse prise dans une fourche, elle d’un côté, Treutreu de l’autre, juste au moment où Madeleine qui s’inquiétait de ne plus nous voir ni nous entendre, arriva. Voyant la situation, elle hurla, Treutreu lâcha prise, libérant la chienne qui dégringola dans le cran, pour s’enfuir à la maison. Quelle dégelée nous avons pris, "direction le lit et sans souper !"

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