Nos véhicules
Nos véhicules
-La DKW
Une fois installé à Aubertin, dès qu’il le put, mon père acheta aux Domaines une automobile, rareté en France, une Auto Union /DKW F5 de 1935, un véhicule abandonné par les allemands lors de la débâcle.
A gauche la DKW F5 des allemands, repeinte en noir, et les 3 garçons posant devant. A droite la F7 que mon père a démontée pour les pièces
A l’époque; DKW était un constructeur de moteurs et de moto, Auto Union, historiquement connu pour son emblème aux 4 anneaux était le constructeur de la carrosserie, cette firme existe encore et plus que jamais sous l’appellation historique, Auto Union Diffusion (AUDI).
Lors de son achat aux domaines, cette voiture était peinte en vert teuton, reconnaissable par son phare type black-out placé sur l’aile avant gauche, un phare en forme de casquette projetant une lumière horizontale genre anti brouillard, typique de l’armée allemande qui en avait équipé tous ses véhicules.
La motorisation de cette voiture teuton était DKW, un moteur deux temps, transversal, de 3 CV fiscaux, c’était une des rares traction avant, malgré sa faible garde au sol elle circulait très bien sur la majorité des routes et chemins forestiers.
Mon père s’empressa de faire repeindre cette voiture en noir. Typique par son bruit de bicylindre deux temps et par la fumée bleue dégagée par ce moteur dont mon père effectuait lui-même son mélange avec les huiles normales de l’époque, les seules huiles disponibles sur le marché, l’huile spéciale deux temps n'est apparue que bien des années plus tard. C’était une voiture performante à l’époque, un peu faiblarde dans les côtes, mais assez rapide. Jusqu’en 1960 mon père pouvait obtenir des pièces moteur auprès d’un importateur parisien. Cette voiture l’accompagna jusqu’en 1961, lorsqu’il acheta sa première AMI 6 Citroën.
C’est sur cette voiture DKW que Robert et moi avons appris à conduire, sur les routes forestières. Elle continua son service encore une paire d’année après l’achat de l’Ami 6, servant à mon frère ou à moi pour aller à la chasse, il ne fallait surtout pas toucher à l’AMI 6 du paternel !
S’agissant de la DKW, mon père eut l’opportunité d’en avoir une deuxième, essentiellement pour les pièces. C’était une DKW F7 Meisterklass de 1938 même moteur transversal mais de 4 cv fiscaux au lieu de 3 Cv sur la F5, moteur et boîte de vitesses interchangeables avec la F5.
Cette F7 avait aussi son histoire, elle fut ramenée d’Allemagne par un habitant de Sèmes les Blés pour son retour d’Allemagne après la capitulation. Pour rentrer en France, il s’était emparé de cette voiture, il ne possédait pas les papiers de ce véhicule qu'il fallait considérer comme volé. Mon père voyant une motorisation identique à la sienne, fut intéressé par ce véhicule pour récupérer les pièces, il la ramena au Vert Pays des Eaux Vives, chargée sur le camion Panhard des E&F pour la démonter et garder les pièces intéressantes, un transport qui mérite d’être décrit. En effet, Lucien Lenclume, l' agent qui l’avait accueilli à sa nomination à Aubertin, marié depuis peu à une jeune fille du Creusot, celui-ci devait rapatrier des meubles de son épouse à la maison forestière de la Douette où ils habitèrent au moins 10 ans. Mon père organisa ce déplacement, en se disant, je vais en profiter pour ramener cette voiture qui n’avait pas de papiers pour l’assurer. Ils partirent trois dans le Pan-pan des E&F, le chauffeur, Lucien et mon père. Au quai de la gare de marchandise de Sèmes les Blés , ils chargèrent cette voiture dans la benne du camion, puis arrivé au Creuset, ils chargèrent les meubles. Pour le retour, la cabine ne possédant que 3 places, mon père avait prévu que les jeunes mariés voyageraient bien au chaud dans la voiture. Ainsi fut fait. Quelques mois plus tard, on apprit que la jeune mariée était enceinte ! Selon mon père, Lucien avait conçu François lors du voyage retour, dans la voiture, bercés par la suspension de la voiture perchée dans la benne. Une blague qui a poursuivi Lucien Lenclume un bon nombre d’années. Mon père démonta en pièces détachées cette seconde voiture, dont bon nombre fut réutilisées, à commencer par le moteur.
Mon père a utilisé cette DKW près de 15 ans, elle a porté un bel ensemble de « décorations de pare-brise », appelées vignettes. Une vignette apparue en 1956, créée par le gouvernement de Paul Ramadier. C’était une taxe sur l'automobile, calculée en fonction de la puissance fiscale et de l'âge du véhicule. Elle servit d'abord à financer un « Fonds national de solidarité », pour garantir un revenu minimum aux plus de 65 ans. Bonne blague, une fois entrée dans les mœurs, son montant n’a cessé d’évoluer et elle ne disparut qu’en 2000, date officielle de sa suppression.
-Ami 6 brulée
En 1958, la DKW se faisant franchement vieillissante, mes parents décidèrent de casser la tirelire et d’acheter une autre automobile. Le choix était restreint à l’époque, le leur se porta vers l’AMI6 qui sortait seulement, c'était une 2CV mieux carrossée, plus confortable et doté d’un moteur de 3 CV. Le délai de commande était de deux ans, rien que ça ! Quelle fierté lorsqu’il la reçurent, bien cajolée, enfermée dans un garage situé à l’écart des bâtiments, ce garage s’est avéré étanche par la suite. Cette Ami 6 commença à rouler en 1960, oh pas longtemps, six mois tout au plus au cours desquels Robert qui avait passé son permis de conduire n’eut jamais le droit de prendre place derrière le volant !
Cette voiture eut une triste fin : Un jour, alors que mon père voulait partir avec un voisin Mr Sauterelle, voulant lui montrer où couper des châtaigniers pour faire des piquets de clôture, il pensait prendre sa voiture pour se rendre sur les lieux d’abattage.
Tout en discutant avec ce voisin, mon père le regardant, tournait le dos à la porte, tournant la clé sans regarder le garage, puis il tira la porte, toujours tournant le dos au garage. Soudain Mr Sauterelle pâlit comme pris d’un malaise. Mon père suivant son regard se retourna et découvrit son Ami 6 complètement carbonisée. Elle s’était consumée sans que rien ne se remarque de l’extérieur, le garage pratiquement étanche, en outre il s’était colmaté tout seul avec les fumées de caoutchouc et autres matières volatiles. Effectivement un jour ou deux plus tôt, ma mère avait bien senti une odeur de brûlé dans l’air, comme rien semblait anormal, elle n’en a pas fait de cas. Mon père pouvait bien rester plusieurs jours sans se servir de sa voiture, d’autant plus que a DKW était encore sollicitée sur les routes forestières.
Stupéfaction, expertise, problème électrique, il fallut recommander une autre voiture, entre temps cette bonne vieille DKW reprit du service, ainsi qu'une 2CV prêtée par l'agent Citroën de Châtré sur Loire. Un an plus tard sa remplaçante est arrivée, elle accompagna mon père en retraite, puis peut-être en 1978, mon père malade, ne conduisant plus, je la repris à mon tour pour les menus trajets, et la revendre à l’âge de 15 ans pour le moins.
Une anecdote Ami6, en 1979 ou 1980.
Après le décès de mon père j'avais repris cette Ami 6. Pour me rendre sur un chantier éloigné, j’avais du prendre notre voiture, une 504, Mélusine, mon ex épouse prit cette AMI 6 pour faire une course à Glandvert.
Subitement en pleine route, sur la RN7, l’échappement casse net, le bruit multiplié par deux. Il en fallait beaucoup plus pour stopper Mélusine, celle-ci continua sa route sans pour autant lever le pied. Pas de chance, après le premier virage, deux motards garés sur le côté, écoutaient le bruit d’échappement bien avant de voir apparaître le bolide, ceux-ci s’étiraient déjà le cou, prêt à stopper le bolide. Surprise, en guise de bolide c'était une Ami 6 ! S’en suivit un PV que Mélusine, fidèle à ses principes, ne paya jamais, s’asseyant d’abord sur les relances, puis ce fut carrément l’oubli, c’est à ça qu’on la reconnaissait ! La carte grise était restée au nom de mon père, arriva ce qui était prévisible, au moins deux ans plus tard, ma mère vit arriver les gendarmes chez elle, à Laloeuf, à l’adresse figurant sur la carte grise.
« Bonjour Madame… Madame Rabolliot
-Oui,
-On voudrait parler à Monsieur Rabolliot René. »
-Court silence de ma mère, puis, en leur montrant la bonne direction, elle leur répond, « Si vous voulez le voir, hé bien il faudra aller là- bas...... Au cimetière »
Les deux gendarmes se sont regardés, un tantinet surpris, gênés, ils dirent tranquillement à ma mère, bon, désolé Madame, excusez-nous, on ne pouvait pas savoir, bon, hé bien, l’action est éteinte on va classer …
-La 2CV Camionette
Mon père avait toujours des transports à faire, de plants à mener en foret, d'eau pour certains traitements, la DKW remplit cet office très longtemps, comme elle arrivait au bout du rouleau, il fallait trouver un véhicule de remplacement et éviter de détériorer l'AMI6. Robert trouva auprès d'un mécanicien de sa connaissance sur Dornezy, une 2 CV camionette d'occasion qui effectua tous les travaux jusqu'au départ à la retraite de mon père, sans compter nos sorties à la chasse.
J'ai souvenance d'un accrochage en pleine traversée de Prémy, Robert au volant, moi à sa droite, nous suivions une autre 2CV. Soudain, nous aperçûmes une nana sur le trottoir de droite, avec des seins pointant outrageusement vers l'avant, tels des pics à glace. Robert et moi, avons automatiquement regardé à droite. Sauf que le conducteur qui nous précédait fit encore mieux, peut-être pour mieux admirer les loloches de la donzelle, il freina brusquement, faisant lever l'arrière de sa 2 CV. La nôtre, à l'inverse s’aplatissant se glissa sous la 2 CV précédente qui se reposa carrément sur la barre de nos phares. Entre rire et être contrariés, toujours est-il qu'on a décroché la voiture précédente en la soulevant. Je ne sais même plus si on a fait un constat car l'autre 2 CV n'avait rien, restait seulement à se faire enguirlander par le paternel à notre retour et réparer l'enfoncement du capot. Au fond, il y avait peu de dégats, ce fut plutôt cocasse.
Une autre fois, toujours avec Robert, la 2 CV s'arrête, exactement comme en panne sèche alors qu'on avait bel et bien de l'essence. On soulève le capot, on regarde, on démonte le gicleur : propre, on le remonte, on pompe l'essence à la pompette, l'essence arrive, ça repart au quart de tour, 500 mètres plus loin, la panne survint à nouveau, on soulève le capot, on pompe et ça repart, on pensait déjà que la pompe à essence déconnait. Pas de chance, 500m plus loin, ça recommence, le diagnostic se confirmait. Nous n’avions pas d'autre choix que de jouer au shadocks : pomper en roulant pour pouvoir rentrer. Qu'à cela ne tienne, il suffisait de pousser le capot sur le côté pour le faire glisser de sa charnière, pour le placer à l'arrière de la camionette. Je me suis installé à cheval sur le moteur de la deuche pour pomper pendant que Robert conduisait. Il restait bien 10 kms pour rentrer, c'est ainsi que nous avons traversé Aubertin sous les yeux des passants qui se demandaient quel était cet attelage, pour arriver au Petit-Lac où le paternel nous regarda arriver tout aussi surpris. Le doigt de commande de la pompe avait cassé, la came ne poussait plus la membrane, heureusement à cette époque les pompes avaient encore un levier d'amorçage, bien oublié depuis... Néanmoins, imaginons aujourd'hui deux pandore au bord d'une route nous voyant arriver dans cet appareil, ils feraient une crise cardiaque !
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