L’époque de ma scolarité en école primaire

 L’époque de ma scolarité en école primaire

Après l’anecdote de ma première année à l’age de 5 ans à Laloeuf, l’année suivante, j’avais 6 ans, je pris normalement l’école à Aubertin, dans la classe de madame Cocogne. Le premier jour, ou tout au plus le second, agacé par un « emmerdeur », je lui décochai un méchant coup de poing, fracassant ses culs de litre qui devaient valoir cher. La bagarre fut rapidement interrompue par monsieur Cocogne, après la classe, celui-ci,  d’autorité me reconduisit en voiture à la maison forestière, mon vélo dans le coffre de sa traction. Après une seconde remontée de bretelles par mes parents, ce brave instituteur fit jouer l’assurance de l’école. Par la suite, cette victime du premier jour devint un bon copain, un copain que j’ai retrouvé avec plaisir soixante ans plus tard lors d’une réunion festive des anciens de cette école.
Je  fus reconduit une autre fois à la maison, toujours en traction. J’avais volé quelques cigarettes à mon père, pris des allumettes dans la cuisine, avec un morceau de grattoir. Je voulais faire comme les grands, telle était mon ambition. Je n’avais pas prévu qu’une cigarette tomberait au sol en me déshabillant. Retrouvée par monsieur Cocogne, celui-ci remarqua de suite le marquage de la cigarette, sur le côté était imprimé en bleu la mention « Troupes ». Outre leur paquet jaune, ces cigarettes étaient reconnaissables par ce marquage, elles faisaient partie des dotations aux  militaires, fonctionnaires des douanes et des Eaux et Forets. Elles sont disparues début des années 60, remplacées par les « Gauloise troupes », paquet bleu, puis par les « Gauloises » que nous connaissons tous. Puis cet avantage est disparu. Trois enfants scolarisés étaient susceptibles d’avoir ces cigarettes chez eux, Jean et François Lenclume, des exemples de sagesse, et moi de suite ciblé par l’instituteur.
« Michel, tu peux venir me voir » me dit Monsieur Cocogne…..
« S'il te plaît, tu peux vider tes poches, toutes tes poches…. »
Bien embarrassé je m’exécutai, sortis allumettes et cigarettes. Une bonne gifle  suivit, « Ce soir je te reconduis à la maison » Tout était dit, un petit tour de Traction, puis mon programme de la soirée à la maison était établi… Au lit et sans souper !
Normalement, le soir en remontant à vélo, sur un bon kilomètre, je faisais route commune avec les enfants du hameau des Vallons qui rentraient chez eux, imaginez les tours et contours que je pouvais faire à vélo aux côtés des piétons, roulant parfois dans les fossés, parfois crevant une roue. Puis il restait encore trois kilomètres à faire avec un autre gamin, Guy Mygré. qui habitait le hameau des « Brûlots », le plus proche de chez nous. Guy et moi avions une passion commune la chasse aux merles et autres oiseaux, les lance-pierre, les arcs, et autres engins qui ne nous donnèrent que rarement satisfaction. Plus tard, je fabriquai des fusils lance-pierre, type arbalète, c’était plus précis, mais surtout ça mettait mon père dans des colères à n’en plus finir.
Le lance pierre accompagnait tous nos déplacements, pour l’école nous devions le cacher, bien au fond du cartable, parfois dans une poche. Un jour Mr Cocogne, suspecta quelque chose dans une de mes poches : « Fais voir ce que tu as dans ta poche » me dit-il. Je fus obligé de sortir le lance pierre, en pleine classe sous la risée des autres et l’angoisse de ceux qui en avaient un en poche.
« Va le mettre au feu » me dit-il, je m’exécutai.
« Je sais bien que dès que tu seras rentré tu en auras fait un autre, mais quand même …. » Devant la classe qui riait sous cape, avec délicatesse et lenteur, je laissai tomber le lance pierre dans le poêle maintenu ouvert par Monsieur Cocogne.
Le jeudi nous n’avions pas école, le catéchisme nous donnait une occasion supplémentaire de descendre à Aubertin. J’ai souvenir de la seule fois où je fus enfant de chœur, le curé m’avait confié la sonnette. Il fallait sonner à certains moment, pas avant ni après, parfois un coup, parfois plus longtemps. Je n’avais rien compris, et certainement pas cherché à comprendre du tout. S’en suivit un tintamarre qui révolta le curé qui me vira en pleine messe…
Parfois  nous pointions au registre des absents, préférant aller courir  les bois armés de nos lance-pierre, ou alors aller agacer Tiouit, un vieux retraité de la marine qui vivait en ermite près de chez Guy.
Barbu de plusieurs décennies, sale, puant à distance, notre présence l’agaçait, si on le narguait, il partait à notre poursuite avec son bâton. Rapidement semé, quelques instant plus tard nous revenions le narguer, jusqu’au moment où il nous menaçait de prendre son fusil. Pas fous, nous prenions de suite des distances. Si ce petit jeu nous a amusé pendant pas mal d’années, nous ne l’avions pas inventé. En effet c’est ma sœur Suzanne, 9 ans de plus que moi, avec Josette et Marie, les deux filles de Louis, un peu plus âgées encore de quelques années, qui avaient découvert cet « ermite », amusées par son rejet de la civilisation. Moi aussi je fis la connaissance de Tiouit quelques mois après ma naissance, l’histoire fut racontée par Marie bien des années plus tard. Parties me promener dans le landau, les trois gamines prirent la direction des Brûlots, puis leur est venue l’idée de faire « courir Tiouit ». Elles s’approchèrent de sa maison, en criant des Tiouit, Tiouit à tout va. Soudain Tiouit déboucha en courant, les filles prirent la poudre d’escampette, encombrée par le landau qui roulait mal sur les cailloux, je fus ainsi abandonné à Tiouit qui vint me regarder dans le landau avant de rentrer chez lui. Les filles s’empressèrent de me récupérer pour rentrer au Petit lac, sans se vanter de l’aventure.
Ce genre de provocation de Tiouit étaient fréquentes, mes parents en rigolaient. A l’époque, les retraités allaient toucher leur pension à la perception dont dépendait le domicile, en l’occurrence, c’était aux Echelles, soit deux fois 11 kms que Tiouit faisait tous les mois, à pied, avec son bâton de bon calibre. Mon père l’a aperçu une fois sur le trajet, il se cachait lorsqu’une voiture arrivait, sautant le fossé pour se cacher s’il le pouvait. Une fois arrivé en ville, il rasait les murs jusqu’à la perception, il fallait bien y aller s’il voulait son argent. Un jour, Robert, en rejoignant le collège l’aperçut et se mit à crier Tiouit Tiouit ? Une course folle commença sur la place, puis Robert s’engouffra dans un bistrot. A l’étonnement des piliers de comptoir, Robert se  réfugia sous le comptoir du café. Tiouit fit irruption hagard, regarda tout le monde, se voyant observé de tous, il fit demi tour et Robert en fut pour une belle peur.
Une autre fois, nous étions plusieurs avec Robert lorsque notre attention fut attirée par des jonquilles dans le jardin en friche de Tiouit, Robert qui avait avoir 14 ou 15 ans à l’époque, l’aperçut dans sa friche. Pour faire le malin, il alla carrément lui demander l’autorisation de cueillir des jonquilles, il l'aborda innocemment, comme si aucun antagonisme n’avait jamais existé. Pour toute réponse Robert reçut un magnifique coup de gourdin en travers du ventre !
Nous détalâmes tous, Robert à la traîne, se tenant le ventre, voulant sauter par-dessus la barrière, il s'accrocha dans les barreaux et la barrière cassa net, en deux….
Cet homme n’était certainement pas une mauvaise personne, l’hiver 1956 la neige est restée sur les routes tout le mois de février,  le boulanger ne parvenait pas à gravir la côte qui montait à la maison forestière, il laissait le pain aux Brûlots. Un jour, la seule personne présente aux Brûlots était … Tiouit, Médaoui, le boulanger lui laissa du pain pour tous les habitants des Brûlots et du Petit Lac. Dans l’après midi nous vîmes arriver Tiouit avec notre pain, sans rancune aucune. Une attitude qui mit en évidence notre connerie de gamins.
Plus tard encore, Robert encore plus vieux, adulte, passant dans le coin au retour d’une virée chasse dans les bois, pétarada des coups de fusil à sa porte pour lui faire peur, vraisemblablement ça a marché puisqu’il n’est pas sorti de son antre.

La vie de tous les jours dans les années 50 et 60
Chacune des maisons forestières était plus ou moins isolées, celle de Petit-lac, était située au beau milieu de la forêt des Beaux-anges, était à 5 kilomètres d’Aubertin, 13 kilomètres de  Châtré sur Loire, et 11 kilomètres des Echelles. Pour le ravitaillement, le boulanger passait deux fois par semaines, c’était un peu juste, il fallait fréquemment ramener du  pain lors des déplacements, aussi parfois aller spécifiquement à Laveau ou à Chagnes, deux villages à 6 ou 7 kms chacun, des villages possédant une boulangerie qui faisaient du bon pain, celui de Médaoui, le boulanger d’Aubertin devenait rapidement rassis,  souvent il finissait en soupe au chien.  Nous avions aussi, deux fois par semaine, le passage de Toubon, le boucher qui distribuait aux gamins ses rondelles de saucisson de mauvais goût, le passage du camion du Familistère une fois par semaine, celui de la coopérative  des Echelles, également  une fois par semaine, le passage du facteur cadençait la vie de tous les jours. Ensuite pour les courses exceptionnelles, mon père devait parfois conduire ma mère  soit à  Châtré sur Loire, soit aux  Echelles. La vie de ma mère se résumait à ces quelques contacts auxquels s’ajoutaient les venues des agents des E&F, les passages de marchands de bois, d’ouvriers forestiers et de débardeurs, le passage d’un ingénieur lors de ses déplacements de service.
La seule famille habitant la région  était l’oncle Jean-Marie et son épouse Suzanne, un petit bout de femme qui amusait toujours la galerie, chacune de leurs visites étaient pour nous autant d’occasions de rire, comme lorsqu’elle nous raconta que, prise de coliques néphrétiques, un jour en pleine ville de Glandvert, aucun Wc à proximité, elle entra se soulager entre les bancs de la cathédrale de Glandvert… L’oncle Jean-Marie, retraité de la gendarmerie avait commencé son service à cheval, il portait la célèbre moustache en guidon de vélo, que, gamins nous aimions lui tirer au moment où il ne s’y attendait pas. Jean-Marie passa le permis de conduire une fois en retraite, auparavant il ne possédait qu’un permis moto. Fort de ça il acheta d’abord une voiture Mochet qui se conduisait avec un permis moto. Ancêtre de la voiture sans permis d’aujourd’hui, elle était équipée d’un moteur de 175 cc deux temps, quatre roues à rayons, deux places assises, un habitacle où il fallait rentrer au chausse-pieds.

Ah si vous aviez vu la tante assise à droite le sac à main sur les genoux et le fichu sur la tête, vous n’auriez pas manqué de rire ! Dans cette attelage, ils sont même partis en vacances dans le midi, au Lavandou, chez leur fille, quelle expédition ce dut être ! Enfin, ça nous faisait de la distraction. Après avoir obtenu le permis de conduire, Jean-Marie acheta une aronde, un véhicule au top  fin des années 50, leur statut d’automobiliste se normalisa.
Parmi les histoires notables racontés par Jean-Marie, en poste à Tannoy dans le nord du département, l’une d’elles mérite d’être retenue. Il nous raconta avoir arrêté une femme deux fois, et avoir témoigné deux fois au tribunal, deux jugements pour la même affaire, une affaire qui avait défrayé la chronique nivernaise au début du siècle dernier. Cette femme, était officiellement cocue à tout va, profitant du sommeil de son mari qui était saoul comme un cochon, elle lui arracha les deux orphelines, vous pouvez imaginer la rage et la poigne de cette personne. Dans un premier temps, bénéficiant de circonstances atténuantes, elle fut condamnée à une peine avec sursis pour coups et blessures. Malheureusement le mari finit par décéder des suites de cette émasculation. L’enquête reprit sous une nouvelle forme, le décès fut considéré comme consécutif à l’arrachage des orphelines. Cette fois elle comparut pour homicide volontaire et fut condamnée, écrouée.

Mon père et Louis n’étaient pas à bout de ressources lorsqu’il s’agissait de faire des farces. Chacun d’eux effectuait pas à pas les travaux dans leurs maisons respectives. Ils se dépannaient en matériel, financièrement également. Augustodunum se trouvant sur le trajet entre Aubertin et Laloeuf, parfois mon père s’arrêtait, souvent en pleine nuit pour prendre ou déposer quelque outillage qu'ils se prêtaient. Toujours est-il qu’une nuit, après avoir terminé ses travaux à Laloeuf, il passa par la caserne Changarnier pour déposer quelque chose pour Louis.  C’était en pleine guerre d’Algérie, déjà à l’époque, les attentats terroristes étaient fréquents, la gendarmerie guettait, contrôlait PM au poing, les casernes, parfois mitraillées se méfiaient de toute approche. Mon père circulait toujours en tenue, la majeure partie du temps, la veste suffisait pour l'observateur au bord de la route,  ça lui  simplifiait bien des contrôles, ou du moins ça les écourtait. Il arrêta sa voiture aux grilles de la caserne en pleine nuit, et demanda à un planton mort de trouille, le capitaine L… celui-ci rétorqua :
-   C’est qui le capitaine L, li pitit ou li gros?
-   Je sais pas répondit mon père….. Va me chercher les deux !
Peu de temps après Louis arriva à la grille, et pas loin derrière lui arriva un second capitaine tiré du lit en pleine nuit,  mon père réjoui de la farce, s’est alors excusé au près du « réveillé par accident » qui est reparti en bougonnant, Louis et mon père riant sous cape de la bonne farce.
Une autre fois, toujours dans un trajet entre Aubertin et Laloeuf, mon père, en uniforme, accompagné de Robert, transportait deux ruches avec les essaims à l’arrière de la DKW, banquette retirée pour la circonstance. Arrivé à Chatouillon en Bazois ils tombent sur un barrage de gendarmerie, herse, des gendarmes PM à la hanche, sur les dents toujours en quête de terroristes du FLN. Un gendarme   s’approche de la portière, mon père lui tend ses papiers d’identité, le  gendarme regarde vite fait, puis demande
-Vous venez d’où et vous allez où à cette heure?
-Je viens d’Aubertin et je vais à Laloeuf (deux villages perdus que le gars ne connaissait certainement pas),
-Ah bon……
-Ecoutez rétorque mon père qui avait envie de l’agacer un peu, si je vous avais dit que je viens de Saint Bourrin d’Azy (le patelin précédent du trajet), pour aller à Fourzylatienne (le patelin suivant), ça n’aurais pas fait la même chose ?
Silence du gendarme, toujours sur la surveillance des autres, il  jeta un coup de lampe dans la voiture, aperçut les ruches, étonné il demanda
-Vous transportez quoi ?
-Des abeilles (normalement à l'époque, il fallait un certificat vétérinaire)
-Ah bon, vous les emmenez où ?
-Au mâle répondit mon père
-Ah bon…. Vous pouvez y aller
Il fit signe à son collègue de retirer la herse, mon père démarra de suite avec à sa droite Robert n’en tenait plus, prêt à exploser de rire.

La formation des agents stagiaires avait été confiée à mon père, la partie théorique se déroulait à la maison forestière, dans la salle à manger, la seule pièce apte à recevoir parfois jusqu’à 4 stagiaires. Le midi, nous mangions tous ensemble, ces stagiaires étaient déjà affectés à un poste, ils amenaient leur « gamelle », ma mère s’occupait de tout  réchauffer  sur la cuisinière à bois. Ces repas étaient un bon moment de défoulement, les gamins, nous étions toutes ouies.
Parmi les stagiaires, l’un d’eux nous marqua particulièrement, Roger Florette, originaire de Pamiers dans l’Ariège, il avait été reçu au concours d’entrée aux E&F, nommé dans le district voisin, à la maison forestière des Gougnots, il est arrivé à l'âge de 23 ans,

Une sortie en foret avec la famille de Roger Florette, qui devait tenir l'appareil photo
Tout en bas, Maurice, plus haut de G à D Moi-même, Robert, Palmyre l'épouse de Roger Florette,
 la soeur de Palmyre, et Suzanne

Fraîchement marié, il était arrivé seul, le temps de prendre possession du poste. Toujours blagueur, avec l'accent ariégeois qui va bien avec, toujours prêt à rendre service il se liait d’amitié très facilement. Palmyre, son épouse, tout aussi souriante, le rejoignit peu de temps plus tard, avec meubles et bagages, et pour seuls moyens de locomotion, ils avaient leurs vélos. Tout naturellement, au-delà du service, leur sympathie déboucha sur une franche amitié avec mes parents tout comme avec nous, les enfants, ce rajeunissement de l’ambiance environnante n’étant pas pour déplaire à Robert et à moi.
Puis Fram, l'oncle de Roger Florette vint en visite, amenant sa mobylette qu’il donna à Roger avant de repartir, quel luxe ! L’oncle Fram avait également fait don à Roger d’un saxo, un ténor. Roger avait quelque peu tutoyé la musique, il apprenait vite.  Mon père jouait couramment du saxo, le sien était un soprano. Ainsi débutèrent des soirées saxo au cours desquelles les chiens hurlaient souvent à la mort sous la table ! La télévision n’était pas encore entrée dans les maisons, c’était une façon de combler quelques longues soirées d’hiver.
Malheureusement pour Roger Florette, il n'était pas sur la brigade de mon père, mais sur celle de son collègue Riblon, habitant la maison forestière de l'Usage Autorisé. Ce chef de district était tout sauf communicatif, un "ours" comme on dit dans le Morvan, Riblette, la femme de Riblon  était une vraie garce, qui avait le permis de conduire et une 4CV Renault, Riblon n'avait pas le permis de conduire. Roger  vivait mal cette situation limite conflictuelle, tout naturellement il confiait les problèmes à mon père, qui était responsable de sa formation,  trouvant chez nous l'accueil qu'aurait du lui apporter son propre chef. En outre, Robert qui était à l'école forestière des Barres aimait bien rigoler avec Roger. Parfois, des collègues de Robert venaient au petit Lac, tout le monde riait bien de ce fameux Riblon connu comme une peau de vache. Or, Riblette encore plus vache devait frapper son bonhomme.  Riblette se faisait remettre en ordre les poils du pubis par un des agents de Riblon, elle copulait discrètement avec Julot qui était en poste à Sourire. Personne ne le savait, mais Riblon devait avoir des doutes.
Un jour, Robert et son collègue Jean Pierre,  étaient allés à Glandvert pour une raison quelconque, passant devant un présentoir de cartes postales humoristiques, voyant une carte sur laquelle une femme attendait son bonhomme derrière la porte avec un rouleau à pâtisserie, il leur vint l'idée de l'envoyer à Riblon, en rajoutant dans le patois courant de Riblon : "Qué qu'vous-en pensez d'ceux impôts et d'ceux impositions. " Cette carte déclencha une vraie tornade à la maison forestière de l'Usage Autorisé, Riblon qui avait déjà un doute découvrit que sa femme était  elle même devenue "à usage autorisé".... En effet, Julot, l'amant de sa femme était sous ses ordres, lui avait demandé une autorisation d'absence pour se rendre à Glandvert justement pour le même jour que celui où Robert et Jean-Pierre avaient posté la fameuse carte postale. Riblon ne voyant pas plus loin que le bout de son nez accusa Julot de lui avoir expédié cette carte. La discussion s'envenima, au point que d'un mot à un autre le cocufiage fut mis en évidence.
Riblon cassa tout dans la maison, cela fit un tel potin que Roger Florette dont sa maison forestière était à 300m à vol d'oiseau de celle de l'Usage Autorisé, entendait toute la bagarre. Riblette décida alors de quitter son mari, prépara ses affaires pour les charger dans la 4CV. Riblon voyant ça, pour empêcher sa femme de partir,  mit des clous devant les garages, sur la place où on pouvait manœuvrer. Riblette sortit sa voiture pour la charger et partir, d'emblée elle creva deux roues. Comprenant que le coup venait de son bonhomme, elle appela les gendarmes de Châtré sur Loire. Ces derniers, en arrivant avec leur 203 break noire, firent demi tour devant les garages, et direct, crevèrent une roue. Scandale à tout va, les gendarmes appelèrent Cochon le garagiste de Lavau. A son tour il tourna devant les garages, résultat, encore une roue crevée !
Cette affaire fit tant de bruit qu'elle remonta jusqu'à l’Inspection des E&F. Un jour, Mr Viking,  l'inspecteur de Glandvert / Nord dont dépendait les deux districts de la forêt des Beaux-anges, de passage au Petit Lac, sortit de sa poche la fameuse carte qui avait déclenché  le scandale de l'Usage Autorisé et les clous semés devant les garages pour la montrer à mon père qui était au courant du scandale, mais sans en connaître le point de départ. 
-"Rabolliot, vous ne connaissez pas cette écriture ?"
-Non répondit mon père qui avait de suite reconnu l'écriture de chat de Robert, et qui au vu de la caricature comprit de suite qui avait déclenché la pagaille  Riblon/Riblette.
-Bon, continua Viking, il me semble pourtant connaître cette écriture, mais je n'arrive pas à me rappeler à qui elle appartient ... Mais quel bordel ça a fichu !
En effet, Robert ayant travaillé maintes fois avec Viking, ce dernier connaissait très bien l'écriture de Robert et ne fut pas dupe. Cette affaire fut tue à ce niveau.

Roger Florette ayant terminé avec succès son stage, il fut titularisé, mais dut attendre le délai légal avant de pouvoir retourner dans les Pyrénées. Pour se rapprocher de chez lui, Il obtint sa  nomination dans la vallée d’Ossau, il avait trouvé un logement à Castet, village au bas de la vallée d'Ossau. Ainsi il n'était plus qu'à 200 kms de sa famille et de sa vallée natale, celle  de l’Ariège. Le jour de son départ, le camion de déménagement parti, accompagné de Palmyre, Roger vint dire au revoir à mes parents, prêts à prendre la route pour les Pyrénées avec sa 2 CV toute récente. Ce jour là, Palmyre, fièrement annonça à mes parents qu'elle était enceinte. Plusieurs mois plus tard nous apprenions  par lettre la naissance de leur première fille, Isabelle (décédée d'un cancer en 2022). Les circonstances firent que quelques années plus tard, en 1966, lors de mon service militaire à Pau, je repris contact avec Roger et sa famille, qui habitaient à 30 km de mon unité, et passai bon nombre de permissions de 36 et de 48 heures chez eux.
 

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