La maison de Laloeuf
Après le décès du père de ma mère, le partage des biens eut lieu dans le cadre de la succession. Julienne conservait la maison d'habitation, ma mère devenait propriétaire de la dépendance de deux pièces plus atelier/ bucher une grange et une petite écurie à vaches. qui avait été construit juste à côté de la maison, Albert reçut une compensation financière pour sa part.
Dans les années 50, mon père entreprit de restaurer l'ensemble pour finir par construire sa maison pour la retraite, en agrandissant à partir des deux pièces de la dépendance.
Il commença par remonter la grange, en fabriquant lui-même les parpaings pleins, une parfaite phobie du béton qui l'a conduit à faire pas mal d'erreur d’étanchéité et d'isolation dans la maison. Puis il fit une cave à l'intérieur, refit l'atelier, puis l'écurie, avec un garage pour voiture, le total surmonté d'un grenier bâti sur IPN et bardeaux recouvert d'une chape blindée, digne des blockhaus allemands (peut-être l'ont-il inspiré, qui sait ?) S'agissant des dépendances, j'étais trop jeune pour pouvoir témoigner de quoi que ce soit, par contre pour la construction de la maison, j'ai beaucoup de souvenirs, et mon frère Robert, certainement bien plus que moi, tant il fut mis à contribution, aussi bien pour extraire le sable de la rivière que pour fabriquer les parpaings, les empiler, etc..
Avant de construire la maison, il fallait démolir le bucher/atelier, ce qui fut fait assez facilement, puis subsistait juste au coin la "cabane au fond du jardin", les chiottes que ma grand mère Mariette était la seule à utiliser, Julienne ayant fait installer des WC corrects dans le logement. mais que voulez-vous, ces chiottes faisaient partie de sa vie. En plus Mariette montait la garde, inquiète voir les travaux s'en approcher. Il fallait bien trouver une solution..... A un moment donné mon père dit à Robert qui faisait le déblaiement avec le tombereau et la jument "démerde toi pour accoucher les chiottes en passant". Il ne fallait pas en dire plus à Robert, ainsi fut fait, le moyeu du tombereau fit basculer les chiottes qui se sont fracassées au sol.
Mais c'était pas fini, la grand mère arpentait tout au tour du chantier répétant inlassablement "Mah bin, ils ont cassé mes chiottes, Mah bin ils ont cassé& mes chiottes... Puis au bout de quelques jour, son amnésie fit disparaître cette image de son esprit, et elle utilisa enfin les WC du logement.
Ainsi pour construire cette maison, il fallait bien évidemment encore des parpaings pleins, dimensions 25X50X20 et des 25X60X620 pour les angles de peur que le croisement d'angle soit insuffisant, et des parpaings plein, toujours la même peur du "pas solide".
Pour ce faire il fallut encore tirer du sable à la rivière avec le tombereau et la jument de Mr Vaillère ami de la famille. Puis pour faire les parpaings, mon père avait fabriqué deux moules pour les deux dimensions. La tâche revint à mon frère Robert, en guise de vacances scolaires, il eut droit aux parpaings, (NOMBRE ), il fallait tourner le béton à la pelle, placer les moules sur des planches, damer le ciment à la dame, les démouler, et passer au suivant. Le lendemain, il fallait retirer le parpaing de sa planche support pour réutiliser les planches pour une nouvelle série de... (chiffre à déterminer)
Une fois les fondations coulées, il fallait approvisionner ces parpaings sur le chantier, et les monter à l’échafaudage lorsque la maison s'est élevée
Puis, le gros ouvre terminé, mon père tailla lui-même la charpente, la posa et fit la couverture, seule la zinguerie fut faite par un de ses neveux qui avait une entreprise de couverture à Varennes le Glang, et une partie des enduits extérieurs par Toto le maçon du village.
Pour les travaux d'intérieur, c'est moi qui effectuai les plafonds en brique et les cloisons, les enduits plâtre furent fait par un artisan local, tout comme la plomberie et le chauffage. L'électricité et la menuiserie intérieure, furent pour ma pomme pendant les vacances scolaires.
Ainsi lorsque l'âge de la retraite sonna pour mon père il put emménager à Laloeuf.
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