Chapitre - 8 : Nouvelle vie avec Kiki

 Nouvelle vie avec Kiki

Fin de Tradibois, rencontre de Kiki  et nouvelles recherches d’emploi sur Glandvert

Comme  le voile était tombé sur la forfaiture de Carabosse, je décidai de refaire ma vie, le hasard fait souvent les choses, un jour de 1991, je croisai la route de Kiki, nouvellement divorcée de son poivrot de mari. Nous avons sympathisé, et par un WE de septembre, je lui proposai d’aller sur la chasse où quelques jours plus tôt étaient apparus des champignons de rosée, c’était la saison. Ainsi fut convenu, nous fîmes une bonne balade avec une bonne récolte, la soirée se termina en casse croûte à la  fermette qui nous servait de rendez-vous de chasse, la suite était cousue de fil blanc. Toujours est-il que notre liaison a vu le jour ainsi, que nous nous sommes mariés en 1999, et que malgré toutes nos embûches, notamment celles sur la santé, notre histoire dure toujours.

Entreprise Brisure
Revenons à peu de temps avant la cessation définitive d’activité de Tradibois, je m'étais  mis en quête d’un emploi, entre autres, je répondis à une annonce passée par Brisure, repreneur d’une ancienne société glandverdoise qui cherchait un métreur pour remplacer son métreur principal qui conduisait les chantiers tout en planifiant la production, celui-ci était en arrêt maladie, atteint d’une grave maladie. Je signai un CDD d’un an dans cette entreprise, où, rapidement je me rendis compte que j’avais à faire à un patron pourri doublé d'un malhonnête envers son personnel. Par exemple il allait le soir sur les chantiers pour voler le matériel de ses employés, pour ensuite leur retenir sur leur paie… Un autre fois, je le vis décharger du coffre de la Mercédès des grilles en fer forgé, quelques jours plus tard, au cours d’un rendez-vous  de chantier, j’appris que des grilles correspondant à celles que j’avais entre aperçues à la sortie du coffre de la Mercédès, avaient disparu du chantier. Mieux, un jour, l’équipe de charpente vint me voir me disant manquer d’échelles sur un chantier, je leur répondis, prenez celles qui sont sur l’étage, ce qu’ils firent. Voyant les échelles chargées sur un camion mon collègue Gagneau me dit .

-Oh la la, ces échelles n’ont pas le droit de sortir de l’atelier !
-Pourquoi ?? Alors à quoi elles  servent ?
-Hé bien elles ont été volées sur un chantier, il ne faut pas prendre le risque qu'elles soient reconnues !
Le lendemain, le patron (le voleur) fit remettre ces échelles l’étage, et les gars durent  se débrouiller comme ils pouvaient à l’encontre de toutes les règles de sécurité.
Un jour, je me vis confier le dossier de l’agrandissement de la préfecture de Bourges. Première réunion de chantier, je me trouvai en présence des représentant des autres entreprises. En seconde lecture des offres, ce chantier avait été véritablement arraché à une entreprise bérurienne par mon prédécesseur,  en raison de la défection du premier adjudicataire.
En plein tour de table, comme mes collègues, je me présentai, et présentai mon entreprise, notamment en présence du secrétaire général de la préfecture et du directeur de l’équipement. Le secrétaire général, s'est avéré mieux connaître Brisure que moi, s’adressant à moi en temps que représentant de  Brisure il tonna :
-Brisure, vous avez eu le lot, mais attention, on vous connaît, au premier retard on vous vire !
Quel accueil ! je rétorquai gentiment :
-Si ça ne tient qu’à moi, si les autres entreprises respectent leurs délais, je n’ai aucune raison de ne pas  respecter les miens.
-On vous croît, nous n’avons rien contre vous, mais on ne veut pas voir votre patron sur le chantier il est toxique…
Des mots qui en disaient long et qui ne faisaient que compléter l'idée que je me faisais de mon patron.
S’en suivit la réunion sans problème, remise et discussion sur les plannings, quelques points de détail à régler, et je suis rentré à Glandvert. De retour au bureau, je racontai l’affaire à Gagneau qui connaissait l’historique de l’entreprise Brisure. Il m’expliqua que sur un chantier d’école à Bourges à force de faire des salades avec les autres entreprises, notamment une entreprise d’électricité pour un passage de gaines, Brisure avait collé une  telle pagaille que celle-ci dut ouvrir avec huit jours de retard. Il était marqué à la culotte par la préfecture, la DDE et les autorités béruriennes, je crois que  vous commencez à connaître la maison, mais les surprises ne sont pas finies… »
Le chantier de la préfecture se déroula sans bavure, j’eus besoin de l’aval de Brisure pour louer un chariot télescopique sur ce chantier, il s'exécuta à reculons. M'érigeant face à lui comme un mur, devant son épouse, je lui présentai deux options : soit cette location et respecter les délais, soit se faire virer de la préfecture de Bourges avec des pénalités de retard à la clé. Acculé à ce choix, il céda. Louer du matériel de manutention fut une grande première chez Brisure, pour ma part ce fut une grande reconnaissance par le personnel, qui d’habitude se coltinaient des tonnes de placoplâtre à monter par les escaliers, Brisure fut contraint d’accepter ma proposition, une proposition qui fut soutenue par sa femme, elle-même contente que les choses évoluent. Même sa femme savait sa connerie et sa fumisterie.

Une autre fois, sur un chantier HLM de Glandvert, en présence de l’architecte de la ville de Glandvert et Berdin le coordinateur, je connaissais l'un comme l'autre depuis 20 ans pour avoir souvent travaillé avec eux et sans souci. Au cours du rendez-vous de chantier, je tranchai un litige qui s'éternisait entre mon patron et le patron de l’entreprise titulaire du lot cloisons sèches (un conflit parmi tant d’autres). Tout allait pour le mieux, nous avions tous émargé les décisions adoptées, lorsque dans une poussière infernale, apparut la Mercédès de mon patron. Après un bonjour aussi franc qu’un cul de cheval, arrivant comme les cheveux sur la soupe, il mit son nez dans le cahier de chantier, lut ce que j’avais convenu l’entreprise de cloisons sèches. Il explosa direct devant l’accord établi,  à la stupéfaction de tous cria:
-Moi je ne suis pas d’accord, on fera pas comme ça, etc, etc.
Aussi sec, à mon tour je levai le ton, devant tout le monde, à la surprise de tous, criant à l’encontre de mon patron  :
-Ecoutez, ici nous connaissons tous vos salades avec l’entreprise XXX, ras le bol, je suis parvenu à un accord où tout le monde y trouve son compte, avec garantie des meilleurs délais, si vous n’êtes pas content, vous reprenez ce chantier vous-même, et moi je n’ai plus rien à faire ici.
Du coup, sans un mot,  ce connard est reparti en trombe avec  sa Mercedes.
Rompant le silence qui suivit ce départ inattendu, Berdin me dit:
-Hé bien t’as une drôle de façon de parler à ton patron, il va te virer…
-Oh il en a plus peur qu’envie.
L’affaire en resta là, mon patron ne remit les pieds sur ce chantier, sinon pour boire le champagne le jour de sa clôture, mais il arriva tout à la fin lorsque les dossiers furent  fermés, après mon départ, à croire qu’il me  guettait pour venir boire un coup.
Depuis le départ de celui que j’ai remplacé, certains travaux de vérification comptables n’avaient pas eu lieu, Gagneau, mon collègue était débordé dans les appels d’offre, il ne pouvait pas tout vérifier. En vérifiant un chantier, celui de l’EPHAD de Tiers-temps à Glandvert, je découvris que des portes de garage, asservies à détection, très chères n’avaient pas été comptées dans le devis, que c’était Brisure qui avait établi le quantitatif dans l'urgence,   dès la première absence de mon prédécesseur. Rien de surprenant, c’était franchement un con, autrement dit on avait ces portes dans le dos. Je dis ça à son épouse qui fit la gueule, mais s’empressa de le coller dans les dents de Brisure dès son retour, ça ne devait certainement pas être toujours gai le soir à la maison Brisure... Je poussai plus loin la vérification des approvisionnement, et, cerise sur le gâteau, je constatai qu’un semi-remorque de placoplâtre avait été facturé deux fois par Maurice Maquereau, un fournisseur glandverdois que je connaissais pour ne pas être spécialement franc du collier, lui aussi avait peut-être profité de l'absence de mon prédécesseur qui vérifiait systématiquement tout. Je m’empressai de prendre le téléphone, appeler la femme Mme Maquereau, une mégère qui trônait au bureau, qui comme par hasard ne comprenait pas, mais qui après mes insistance et vérification sur la banque finit par admettre que ce camion avait été facturé deux fois, deux mois de suite. Je crus que l’épouse de Brisure allait me faire la bise, au fond c’était encore une belle femme, autrement dit de la confiture donnée à son cochon de mari !
Après un appel d’offre sur lot des aménagements intérieur du circuit de formule 1 de Magny-Cours, le lot nous fut attribué. Tout se passait bien, sauf qu’un jour en me rendant sur ce chantier, j’aperçus la Mercedes de Brisure garée dans un chemin proche du circuit, à un endroit où à mon sens, elle n’avait rien à faire là. Je vis les ouvriers, l’avancement, je fis le point des appros, puis je repartis en passant par une autre route, parallèle au chemin où j'avais aperçu la voiture de Brisure. Que vois-je dans la Mercedes, Brisure, jumelles aux yeux, observant à distance ses ouvriers. Franchement la coupe était pleine, à son retour je l’interpellai devant sa femme et devant mon collègue à qui j’avais expliqué ma découverte, je lui dis textuellement « Fliquer des gars à la jumelle, pas étonnant qu’ils n’ont plus confiance en vous et cherchent à partir, vous n’avez rien d’autre à foutre ? Il  y a pourtant assez de travaux en attente. » Pas de réponse de sa part, chacun est rentré dans son bureau. Je m’étais définitivement fait un « ami ». Il me restait deux mois avant la fin de mon CDD, de toute façon je ne rempilerai pas dans un tel climat et avec un tel con.
Nous avions un chantier dont l'architecte était un vieil ami, de longue date, nous nous sommes retrouvés sur ce chantier. Tout se passait bien, mais Brisure éprouvait le besoin de s'y faire mousser. Or un jour,   avec la complicité de deux autres oiseaux de nuit de son espèce 
cet architecte qui l'avait jugé à sa juste valeur, le piégea, je connaissais le trio qui l’embarqua théoriquement  pour une bouffe, mais c'était à Bourges, 60 kms, rein que ça, il y avait pourtant plus près. Je devinais la suite et le coup monté, Brisure allait tout payer, et rentrer fin saoul, débarqué à son entreprise au petit matin comme un sac de patates.  Le lendemain matin, pas de Brisure en vue, même pas largué comme j'avais pensé, personne ne l'avait vu,  ce n'était pas mon problème, pendant ce temps on était tranquille. Puis début d'après midi, Madame Brisure vint me voir, me disant "
-Monsieur Raboliot, vous connaissez bien Alain DBM?  (l'architecte organisateur de la sortie)
-Oui
-Parce que mon mari est parti avec lui et deux autres gars manger hier midi à Bourges
-???? Je savais pas
-Oui, mais depuis plus de 24 heures il n'est pas rentré, je me fais de la bile.
Sur ce mon collègue Gagneau intervint
-Oh la la, avec eux, dans 3 jours vous le reverrez peut-être...
Ah si vous aviez vu la tronche de Madame Brisure !, Et Gagneau de surenchérir
-Et si encore vous n'êtes pas obligée d'aller le récupérer à la Gendarmerie ou au commissariat de police, avec eux, on sait quand on part, mais jamais quand on revient, ni dans quel état. Toujours est-il que Brisure est réapparu en fin de journée débraillé, non dégrisé, etc. Accueilli pas sa femme, celle-ci resta calme en notre présence, ils se sont enfermés chacun dans leurs bureaux respectifs, mais le soir à la maison, ce dut être une autre affaire ! A mon avis, par la suite Brisure a du éviter de jouer au gros magna et de rouler des mécaniques avec ces oiseaux là qui étaient  rodés à la bringue. Par la suite Alain DBM mort de rire me raconta la sortie, ils lui avaient fait faire le tour des boîtes de Bourges, ils lui ont fait rincer tout le monde, danser la dans du ventre  à moitié à poil dans une boîte de nuit, pour le ramener fin saoul à l'entreprise. Seul résultat positif pour moi : il ne mettait plus les pieds sur ce chantier là.

Souvent des vols de matériel survenaient sur les chantiers, et d'outillage électrique. Il fallait savoir que tout le matériel confié à des employés étaient consignés sur un cahier demeurant au magasin. Seules trois personnes y avaient accès, Brisure, Gagneau et moi-même, nous y consignons la prise en charge de tel ou tel matériel, par tel ou tel ouvrier, et inversement lors de la restitution, jusque là tout semblait normal.
Il était contraignant pour le personnel, de débrancher les machines le midi  pour les placer dans leurs véhicules, bien souvent, le matériel restait en place pendant la coupure de midi. Or à la reprise, il arrivait que du matériel ait disparu. Le personnel devait annoncer la nouvelle à Brisure qui cérémonieusement, disait "hé bien on va vous le retenir de votre paye !" Ces machines étaient enregistrées avec leurs numéros et marques sur ce fameux registre. Or un jour, fouinant dans la magasin matériel je découvris un grand coffre, fermé d'un cadenas.  A quoi pouvait-il servir .? J'en parle à Gagneau, qui n'en savait pas plus que moi, il me dit, la seule chose que je sais, c'est que seul Brisure en a la clé. D'emblée, vu l'idée que je m'étais faite de Brisure, ce coffre me sembla suspect. Profitant de l'absence de Brisure nous fouillâmes de font en comble son bureau, tout cela pour découvrir une clé au fond d'un tiroir. Chouette, elle ouvrait le cadenas du  coffre ! Que voit-on dans le coffre, plusieurs rabots électriques, au moins trois visseuses, des scies circulaires, etc. On referme le coffre et je fonce à la galerie marchande d'Intermarché qui était à 300 m, pour faire un double de la clé. Ainsi Gagneau ou moi, pouvions inspecter ce coffre quand on voulait, seule condition, l'absence de Brisure.
En fouinant sur les numéros des machines, je retrouvais des matériels théoriquement volés à tel ou tel ouvrier.  On convint du silence total sur cette affaire, puis on guetta les vols, à chaque fois qu'un ouvrier se faisait voler, on retrouvait le matériel dans ce coffre, je le faisais constater à mon collègue qui était devenu furieux, de plus en plus furieux, comme par hasard le gars quittait la boîte avec la paie ponctionnée, puis quelque temps plus tard, le matériel réapparaissait à leur place, dans les casiers. Gagneau me dit qu'en 25 ans de boîte avec le prédécesseur de Brisure, il 'avait jamais rencontré une telle fumisterie.

Les cuites de l'affuteur
Lorsque Brisure a repris cette affaire, il avait repris un certain nombre d'ouvriers de l'atelier, notamment un affuteur, le père Drache, il connaissait très bien les affutages des scies, fraises et autres outils de machines, qu'ils soient en aciers spéciaux, au carbure de tungstène ou au diamant. Seule ombre au tableau, bien des après midi, il était carrément saoul, personne ne savait comment et quand il buvait, qui plus est, Brisure fouillait son sac à son arrivée, le midi il mangeait au réfectoire. On comprenait très bien que cette affaire agaçait Brisure, cet agacement nous amusait tous. Un jour je dis à mon collègue Gagneau : "Il faut que je trouve comment il fait pour se bourrer la gueule à la barbe de Brisure, moi, j'aimerais pas qu'on me fasse ce coup là, ça m'intéresse de savoir comment il  baise Brisure". Et c'en est resté là quelques temps, où on observait des jours de cuite et des jours de non cuite. Je fis la remarque à Gagneau, que les cuites étaient en début de semaine, et pas en fin de semaine. Le samedi était jour de fermeture. Comme Gagneau, j'avais un accord, et fréquemment on venait le samedi matin pour des chiffrages qui nécessitaient du calme et pas de téléphone, on se retrouvait parfois avec Gagneau. Un samedi, je dis à Gagneau, viens avec moi, il faut qu'on trouve la cache du père Drache. On descend à l'atelier d'affutage, et on fouille tout, y compris les châssis des machines en fonte, creux, j'avise l'un d'eux qui avait une trappe de visite pour l'entretient de la machine. Il fallait un tournevis, deux tours, c'était ouvert, restait un litre à étoile entamé. Bingo, on avait trouvé, je referme la cache. Restait à trouver comment il introduisait le pinard dans son atelier à la barbe de Brisure. Trois issues possibles, une sur l'atelier, une sur le couloir qui montait aux bureaux, et une porte en fer qui donnait sur le voisin, une porte condamnée. A bien l’observer, on remarqua que pour une porte condamnée, la serrure semblait fonctionner fréquemment, pas d'oxydation sur le pêne.  Problème, on n'avait pas la clé de cette porte. On remonta au magasin, on fouina toutes clés de la boîte, dans les bureaux, partout, quelques unes pouvaient correspondre, on retourna à l'atelier d'affutage avec la collecte d'une bonne dizaine de clés possibles, bingo, l'une d'elle ouvrait sur la friche voisine. Que voit-on alors, une belle trace de passage fréquent dans les hautes herbes, on comprit de suite que le père Drache avait la clé de cette porte et qu'il approvisionnait sa cache le dimanche, jour où il n'y avait strictement personne dans l'entreprise. Le lundi soir, Gagneau et moi prétextant de terminer une étude, sommes resté après le départ du personnel et de Brisure. Le casier pour 12 bouteilles était garni de Kiravi. On a refermé, nous sommes remontés au bureau pour fermer, et nous sommes partis, bien amusés, contents d'avoir trouvé où Brisure avait échoué. On avait même eu l'idée de coller une purge dans la bouteille entamée, puis on a laissé glisser, c'était pas notre souci. Depuis, Gagneau est décédé, le père Drache a pris sa retraite, Brisure également, et ses deux fils n'ont certainement jamais eu connaissance de cette cache qui a fait tourner en bourrique leur père.
Affaire Ben
Je connaissais très bien Ben, qui était employé par Brisure, c'était un fils de harki originaire des Echelles, il avait fait sa formation au même établissement que moi, pas spécialement doué, un peu ficheur de m.,  mais il avait vieilli, bien pris en main par mon prédécesseur, celui-ci l'avait aiguillé sur la charpente, au point de  lui confier tous les traçages. Il ne travaillait pas vite, mais il ne faisait jamais d'erreur dans les épures, les charpentes arrivaient sur le chantier, se montaient sans aucun souci, tout tombait pile poil. Or un jour il se fit voler du matériel sur le chantier, c'était quelques semaines avant ma fin de contrat. De l'étage, mon collègue Gagneau et moi assistons à une prise de bec entre Ben et Brisure. Le répertoire des noms d'oiseaux épuisé, ils étaient rendus à la
limite d'en venir aux mains, nous étions prêts à compter les coups. Mais non, ils cessèrent avant d'en arriver là. Sur ces faits, Brisure monta à l'étage pour  dicter au secrétaire en lettre de licenciement pour coups et blessures suite à vol de matériel. Rien que ça, témoins discrets de l'altercation nous n'avions vu aucun coup échangé, seulement les noms d'oiseaux pouvaient être retenus contre Ben ! Discrètement je descendis prévenir Ben, qui me dit : "Oh là je m'en fous, j'en ai marre"
Il fut licencié, le montant du matériel soit disant volé fut déduit de son solde. Informé par Ben,
profitant d'une absence de Brisure, avec Gagneau nous sommes allés fouiller le fameux coffre pour y retrouver le matériel que Ben était sensé avoir volé ou s'être fait voler, et qui lui était retenu sur sa paie. Le voleur était bel et bien Brisure et non pas Ben. J'en informai Ben, qui me dit, de toute façon on en reparlera au prud'hommes, je lui annonce d'emblée que je serai là pour témoigner en sa faveur.
Quelques jours plus tard eut lieu une altercation avec Lulu, un vieux chef d’équipe de l’atelier que j’aimais bien et qui me le rendait bien, il était entre autres le seul à savoir tracer les escaliers. Une fois de plus, des noms d’oiseaux volèrent, conscient de du professionnalisme et du sérieux de Lulu, Brisure ne chercha  pas à le virer, Lulu démissionna, il avait un préavis d’un mois. Le mois écoulé il partit,  une semaine plus tard Lulu m’appela à la maison pour me dire " Vu que vous allez aussi partir de chez Brisure, j’ai peut-être quelque chose à vous proposer, à Fourchambald, une usine de postformage du stratifié, ils cherchent un chef d’atelier, ma fille travaille là bas, c’est elle qui m’a donné l’info." En réalité il était déjà  embauché dans cette usine. Lulu, de là haut, reçois mon merci.
Quelques mois avoir pris mon nouveau poste dans cette usine de Fourchambald, l'usine Satnom, je reçus un appel de Ben  à la maison. Il avait engagé une procédure au prudhommes contre Brisure, et son avocat demandait si je voulais bien faire une attestation détaillée sur les fais constatés, et m'attendre à une convocation
aux prud'hommes comme témoin. Pas de problème, je rédigeai un compte rendu détaillé de ce que j'avais pu constater, poussant même la plaisanterie à fournir les numéros et marque des machines. Je témoignai non seulement dans l 'affaire de Ben, mais dans d'autres constatées intérieurement, avec les noms des victimes, etc. Je contactai mon collègue Gagneau qui souffrait d'un cancer, il savait ses jours comptés il appuyait ma déposition, et donna directement son accord, lui-même n'ayant plus aucun rapport avec Brisure qu'il considérait comme une ordure. Je signalai sa situation dans ma déclaration, au vu de sa maladie, le conseil préféra ne pas l'entendre, comme tout se recoupait, c'était du gâteau pour le conseil des prud'hommes. Ainsi, Brisure, après avoir tenté une esbroufe d'intimidation du conseil, fut condamné aux environs de  50000 francs en 1983 au titre des rappels de salaire, congés payés, dommages et intérêts pour atteinte à la dignité du personnel, article 700 et ainsi de suite. Il ne fit pas appel. Quelques temps plus tard, j'embauchai Ben chez Satnom, je le plaçai au débit où il fit  son boulot avec un sérieux qui cloua le bec de tous les racistes de la boîte.
Peut-être deux ans plus tard, je reçus une invitation pour une assemblée générale de la Banque Populaire, avec un buffet, avec Kiki, on se dit, au fond, nous serions cons de ne pas y aller, on va entendre une messe payée par notre pognon, puis on aura droit aux petits fours. On se rend donc à la salle des Eduens à Glandvert, on y retrouve des connaissances, puis arrive la clôture, les petits fours et le champagne. Que vois-je pas loin de moi : Brisure, toujours en chasse de rince gueule. Lorsqu'il m'aperçut, je crois lui avoir coupé l’appétit, il se défila dans la foule. Pris au jeu, mon verre d'une main, un plat de petit fours de l'autre, je le rattrapai pour lui offrir un petit four .... Je crois qu'il avait envie de me coller le plat sur la gueule, ça lui a du lui couper l'appétit, il est disparu de la soirée. Un petit plaisir gratuit pour moi. Les 50000 euros qu'il avait du cracher, avaient eu du mal à passer !
La page Brisure était définitivement derrière moi, depuis deux ans déjà j'avais pris mon poste chez Satnom.

Rencontre de Kiki et début de notre vie commune
Kiki était divorcée, libre, j'étais toujours marié, mais fort de la légèreté de Mélusine je me sentais déjà libéré, je fis comme si j’étais divorcé, nous aviserions bien plus tard.
Fin 1992, lorsque je pris mes pénates au domicile de Kiki, elle y vivait avec son fils âgé de 16 ans, lycéen. Je travaillais à la sté Satnom où j’étais chef d’atelier. Petit à petit nous avons organisé notre vie, Kiki se débattait avec des emplois non fiables, habitant un pavillon qu'ils avaient fait construire avec son ancien mari, et qu' elle assumait seule après leur divorce, avec son seul salaire, C'est ainsi que nous avons organisé notre vie, à nous deux.
La société  qui m'employait avait cessé son activité depuis fin 1994, en 1997, il devenait évident pour moi que le Vert Pays des Eaux Vives, était incapable de fournir du travail à sa population, surtout dès qu'on cherchait un poste à responsabilités. J'étendis mes recherches et trouvai un emploi dans l'Yonne. C'est ainsi que nous avons changé de département, pour l'Yonne où Kiki et moi, avons acheté en 1998, en commun, une maison située  à Villefranche Saint Phalus, où nous nous sommes mariés en 1999, néanmoins pour pouvoir se marier, encore fallait-il que je divorce de "3 fées en une".
Lorsque je fis part à
"3 fées en une", de mon intention de divorcer, celles-ci préféra que le détail des intrigues carabossiennes reste inconnu, j'obtins un accord total, c'est vrai que pour avoir la paix je lui abandonnais tout à Sainte Balise de Castrel, nous divorçâmes quelques mois plus tard, par consentement mutuel.
Bizarrement, "3 fées en une" demanda à conserver son nom marital,  j'acceptai
un peu surpris, sans spécialement voir de mal en ce choix. Aujourd'hui, fort de son attitude avec notre fils, et sa façon de diviser pour régner qui ne l'a jamais quittée, j'arrive à douter de ce choix, j'imagine qu'à cette époque elle devait avoir une idée derrière la tête. Laquelle ? Peut-être l'orgueil la retenant de changer de nom ? Peut-être, car je ne vois rien de récupérable  sur mon dos dans une ultime combine, je lui avais tout laissé, demandant en échange qu'on me fiche la paix. Qu'aurait-elle pu obtenir de plus ?
En 1999, j'épousai  Kiki à Villefranche Saint Phalus où
un an plus tôt nous avions acheté  une maison pour pouvoir répondre à nos emploi dans l'Yonne.

Revenons à 1992, date à laquelle j'étais chef d'atelier chez Satnom, et que  Kiki se débattait avec des emplois non fiables, allant de déboires en exploitations de tous ordres par des employeurs marrons qui déposaient le bilan à tour de bras, elle fut même embauchée par le syndic pour faire la comptabilité inexistante de pas moins de 7 cafétérias dont le gérant avait fui en Italie. Puis, ce fut pour elle une succession d'emplois sans suite véritable, des périodes transitoires de chômage, et, un jour l'ANPE lui proposa un stage, rémunéré par ses ASSEDIC, qu'elle accepta au chantage de la fin de droits.
Anecdote du plâtre de Kiki
Kiki s'était vue imposé ce stage par l'ANPE, un stage que je baptisai à juste titre de "stage garderie" qui ne servait à rien, sinon à détourner des fonds des Assedic des chomeurs vers des associations de malfaiteurs, avec la bénédiction de l'ANPE. Il y eut foison "d'associations de ce type" en France, une pratique qui continue plus que jamais aujourd'hui, évoluant sous diverses formes ou appellations pour pouvoir perdurer sur le dos des chômeurs et du contribuable en général, c'est le cas de 80% des associations loi 1901 qui devraient toutes être dissoutes car ne fournissent pas leurs résultats comptables, camouflent leurs résultats pour camoufler les détournements de fonds, comme le fit par exemple Crozemarie avec l'ARC (Association de recherche contre le cancer). Par ailleurs sur ce sujet, je dénonce le laxisme collaboratif de tous les préfets de France qui n'exigent pas les comptes annuels des associations, mission qui leur est dévolue dans le cadre de la loi 1901, avec dissolution en cas de non production des comptes. De quoi révolutionner la France entière si on appliquait cette loi correctement.  kiki a donc suivi un stage dispensé par l'INFAC (institut fantôme disparu rapidement après avoir sucé les chômeurs du département, avec la bénédiction du préfet, qui comme  à l'habitude, comme tous les préfets, n'use pas de son droit de vue sur les comptes des associations). Si on en juge le contenu du stage, il s'agissait d'une
véritable associations de malfaiteurs, ayons le courage de montrer du doigt les escrocs, ceux qui les engagent, et ceux qui les protègent.
Dans ce stage, personne ne faisait quoi que ce soit de sérieux en rapport avec la recherche d'emploi, les principales activités se limitaient à la revue de presse et de jeux au trivial poursuite junior, cartes ou jeu de dés.
Deux jours avant la fin de ce stage, Kiki me dit, j'en ai marre, demain j'y vais avec mon chapeau de paille, ma robe de plage, mon sac de plage et l' appareil photo pour photographier les filles en train de jouer.
Elle arriva dans cette tenue, tous les regards s'étaient tournés vers elle, quelle mouche l'avait piqué ? (peut-être moi la veille au soir ?) Toujours est-il que la responsable de la formation distribua des tâches, Kiki prit la revue de presse. A un moment donné, alors que le trivial poursuit junior et les cartes allaient bon train, discrètement, Kiki se plaça en bout de table, sortit son appareil photo, premier flash : toutes les têtes se sont relevées, tournées dans sa direction, interrogatives, nouveau flash, toutes les filles bien prises de face. Intervention de la responsable "Mais voyons Kiki....." etc, etc. Impassible, Kiki remballa son appareil. La responsable partit au téléphone pour rendre compte à sa hiérarchie de cette "rebellion", toujours est-il que la séance de "formation" fut écourtée. Par contre le rendez-vous "aéré" du lendemain au CRAPA de Glandvert fut maintenu. Ce même après midi,  Kiki avait surpris une conversation entre la responsable du stage et une fayot parlant d'elle : "attendez, demain, on va faire courir la vieille ". Le soir Kiki me raconta tout ce mic-mac,
la conversation qu'elle avait surpris l'inquiétait pour le déroulement de  la journée du lendemain, d'autant plus que la présence de tous était obligatoire au risque de ne pas recevoir le certificat de fin de stage et perdre ses droits aux ASSEDIC.
Après avoir réfléchi, je lui dis,
-J'ai peut-être une idée, si je te fais un plâtre à un pied, une belle botte, tu crois qu'elles vont te faire courir ?
-???? Tu peux m'en dire plus ?
- Simple, tu vas à la pharmacie, tu achètes 5 bandes à plâtre, et demain, deux heures avant de partir, je te fais un plâtre, et tu arrives avec des béquilles...
-Oh oui, pourquoi pas, je téléphonerai à XXX qui faisait partie du même stage pour qu'elle passe me prendre, et j'arriverai sur mes béquilles.
Sitôt dit, sitôt  direction la pharmacie pour acheter les bandes à plâtre.
Le lendemain 6 heures, je lui ai concocté un magnifique plâtre de marche, j'ai même poussé la plaisanterie à lui installer une talonnette en bois, manquait juste l'isolant, puis elle appela sa collègue de stage, qui vint la chercher vers 8 heures 30 pour 9 heures au CRAPA.

C'est dans cet appareillage que Kiki déboula au CRAPA, tous les yeux dirigés sur elle, certaines pensants déjà "merde alors, c'est loupé, on ne pourra pas la faire courir". La responsable voyant ça, dit à Kiki " je ne vois pas ce que vous pouvez faire ici dans cet état, rentrez chez vous". Kiki a eu froid au pied toute la matinée en attendant mon retour pour lui retirer ce plâtre, mais le truc avait marché, c'était l'essentiel !
J'en fus quitte à lui retirer le plâtre à mon arrivée vers 12h 30, puis  Kiki reçut rapidement  son certificat de fin de stage qui ne lui a strictement rapporté de positif, sinon la consommation inutile de 30 jours d'ASSEDIC.
L'accident de Nicolas
Un matin d’avril 1993, le téléphone de Kiki sonne, une surprise l'attendait, Mélusine se présenta à l'autre bout du fil, me demandant, voulant me parler. Intrigué je pris le téléphone pour apprendre le grave accident de la route de Nic, hospitalisé en urgence, voiture pliée, le van aussi, le cheval sorti par le toît du van au moment de la collision, tué en finissant sa course dans le pare brise d’une autre voiture, tuant sur le conducteur le choc. Je passe sur les péripéties de l’hôpital où Mélusine faisait tout pour que je ne m’y rende pas, pourquoi ? Seulement elle et son machiavélisme savent, très certainement faire croire à un désintérêt de ma part pour mon fils, c'était de longue date devenu sa procédure. Nic était sa chose, pas la mienne. Nic. fut rapatrié sur l’hôpital  de Glandvert où il insultait en permanence le personnel hospitalier, ce fut une période dure pour tous, ce fut l'émergence chez Nic. de ce Syndrome Incluso Démolitif Actif (SIDA)  qui poursuit cette branche de la famille S depuis l'arrière grand-mère Farinette chez qui elle est officiellement apparue.
Dans cet accident, aucune poursuite ne fut engagée contre Nic., le simple témoignage des gendarmes qui suivaient le van l'avait blanchi de toute responsabilité pénale. Les gendarmes avaient été spectateurs de l’accident, et aux premières loges. Leur témoignage a suffi à écarter la responsabilité pénale de Nic, il ne pouvait y avoir meilleur témoignage direct que le leur. L’accident s’est produit sous leurs yeux. Selon eux, à un moment donné le cheval est devenu comme fou dans le van, il a commencé à se jeter de droite et de gauche, déstabilisant le van, celui-ci oscilla de droite et de gauche, entraînant la voiture dans des mouvements de fouet, sans que Nic. aie eu le temps de faire quoi que ce soit, l’ensemble partit sur la gauche pour terminer dans un platane, le platane en plein sur l’AV droit de la 505, heureusement qu'il n'avait pas de passager. Ce témoignage direct par deux  personnes assermentées, ne fut contesté par personne, même corroboré par un autre automobiliste venant en face, ayant eu juste le temps de stopper, ils furent déterminants, l’expertise du cheval révéla une piqûre d’insecte sur une fesse du cheval, certainement d’une guêpe ou plus probablement un frelon, c’était tout à fait possible, c'était fin avril, les aérations latérales et l’arrière haut du van étaient ouvertes. Je ne sus jamais comment Mélusine avait obtenu le numéro de téléphone de Kiki, certainement qu’elle l'avait obtenu à une époque où elle ne désespérait pas de me coincer en flagrant délit d’adultère. Surprenant quand on sait  qu’elle affichait ses galipettes avec Coucou depuis des années, sans compter ses julots opportuns. Mélusine était experte en l’art de s’immiscer dans la vie des autres pour créer des situations conflictuelles et les gérer à sa convenance. Le trait principal de caractère de sa grand-mère Farinette, ce fameux Syndrome Incluso Démolitif Actif (SIDA)
. Mais lors du divorce elle prit bien soin de ne pas partir sur ce terrain là, ayant elle-même était la première à fauter aux yeux de trop de gens et bien des années avant que je ne  me décide à reprendre ma liberté.

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