Chapitre - 5 : La fée Mélusine use de la fée Lation pour mieux masquer la fée Carabosse
La fée Mélusine use de la fée Lation pour mieux masquer la fée Carabosse
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Au bout de dix ans de
vie commune, le réveil des fées maléfiques cachées
derrière la fée Mélusine commença, la fée Lation qui
servait à me faire avaler les mensonges de Mélusine
commençait à muter progressivement en fée Carabosse.
Il me fallut plus de 30 ans avec ce flash-back sur ma
vie et sur tout ce qui s’était passé, pour mettre en
évidence les tenants, les aboutissants, faits et liens
carabossiens avec mes difficultés rencontrées
avec mon fils, les magouilles financières au sein de
l'entreprise, les chevaux, les mensonges,
parfaite concrétisation de ce Syndrome Incluso
Démolitif Actif (SIDA) hérité génétiquement de
Farinette, et transmis à Nic, une évidence étayée
par tous les faits et méfaits que
j’expliquerai plus loin. J’en suis venu à admettre que
j’avais divorcé de Mélusine et non pas de Carabosse, que fée
Lation avec qui j’avais le plus vécu n’était autre
qu’une fée suceuse, qui s’est révélée tout sucer, à
commencer par les bénéfices de deux entreprises.
L’affaire prit une autre tournure lorsqu’elle commença
de sucer les copains, dont Coucou son amant avec qui
elle vit depuis.
L’entreprise
En juillet 1970, marié à Mélusine depuis le mois de février, celle-ci avait trouvé un emploi dans la commune de Sainte Balise de Castrel
Ayant quitté la société Batéco pour avoir osé photographier des malfaçons, je m’inscrivis à la chambre des métiers, et commençai à exercer mon métier de base, la menuiserie. En quête de chantiers, je recourrai d’abord à mes relations professionnelles. Les chantiers venaient petit à petit, je n’avais pas d’atelier de menuiserie, je louai, un, puis deux, puis trois garages pour stocker mon matériel et marchandises. Pour le travail, j’avais recours à mon matériel portatif, et parfois, pour des choses importantes, je les réservais à mes déplacements à Laloeuf (S&L) où mon père en retraite avait son petit atelier, avec 2 raboteuses, une circulaire plus une toupie que j’avais achetée à un fabriquant de canoës, les Ets Matonnat à Glandvert, le patron arrivé à la retraite vendait, faute de repreneur.
Connaissant pas mal de promoteurs de l’époque, je décidai de faire la menuiserie pour les pavillons, en utilisant des menuiseries industrielles, c’était en vogue à l’époque et tous les promoteurs étaient demandeurs, à commencer par mon ancien employeur, la sté Batéco. Ma clientèle et mon chiffre d’affaire augmentaient rapidement, il me fallait trouver un atelier, ce fut mission impossible, aucun local se prêtant à mon activité et à l'implantation de machines n'était disponible, je décidai de chercher un terrain pour faire construire un atelier tout en cherchant à agrandir encore plus ma clientèle.
Je trouvai un terrain sur la commune même de Sainte Balise de Castrel, à 800m d'où j'habitais, en outre ce terrain était suffisamment grand pour me permettre d'y construire ultérieurement un pavillon. Je construisis l'atelier début 1971, un entrepôt de stockage en 1972, et la maison en 1973. Je développai tranquillement mon entreprise pour, en quelques années, arriver à réaliser le plus gros chiffre d'affaires de la profession du département du Vert Pays des Eaux Vives, j’avais 3 équipes de binômes, en permanence en chantier dans un périmètre de 120 kms environ et deux permanents à l'atelier. Les deux permanents de l’atelier assumaient les fabrications non industrialisées. Chaque équipe mobile avait son véhicule, des 404 diesel et un J7. Puis j’ouvris le secteur charpente, je connaissais le trait de charpente et le courage de mon personnel, jeune, dynamique, je m'équipai d'abord d'un petit camion plateau long pour transporter les bois de charpente. Plus tard j’achetai un GMC dans une gravière qui le revendait, celui-ci avait été « civilisé », et équipé d’un diesel, c’était non négligeable quand on connaît la consommation initiale des GMC essence. J’équipai cet engin d’une grue de levage pour les charpentes, basée sur le treuil d'origine des GMC. Avec ses 3 ponts crabotés cet engin permit du levage sur tous les terrains, surtout pour les hangars agricoles, généralement construits en plein champ. On obtenait des résultats qui firent peur à mon comptable. Combien avait-il eu raison, mais quand on est jeune, on ne voit pas venir le danger, le principal danger était celui d’être trop dépendant de gros clients. Le premier choc pétrolier entraîna la hausse des bois exotiques, multipliés par 3, le carburant multiplié par deux, avec des marchés à moins de six mois, qui étaient à l’époque juridiquement "non révisables". Derrière la faune des bandits promoteurs, arriva les impayés, prorogés d’abord, puis plus tard, carrément rejetés par les banques. De nouveaux clients sauvaient la situation, je continuais à avancer, investissant, trop au vu de la crise du choc pétrolier. Néanmoins, il fallait du matériel performant, des véhicules surs, donc neufs, un investissement trop lourd pour résister lorsque la crise du choc pétrolier est survenue.
Le personnel me suivait, il me rendait la confiance que j’avais en eux, parfois faisant des heures astronomiques que je leur payais normalement majorées, ils me le rendaient bien par leur disponibilité. A l’époque les gens préféraient avoir de l’argent, une bonne paie plutôt que des loisir et du temps libre comme le réclament les glandouilleurs actuels. Au cours des années écoulées, plusieurs faits marquants sont survenus dans cette entreprises, comme le décès accidentel d’Alain Marin, un jeune de 28 ans, tué en voiture à 60 kms à l’heure, tombé d’une digue, certainement distrait en allumant une cigarette, il était sorti de la route, pas de ceinture, glace ouverte, sa tête fut écrasée lorsque la voiture a versé. Fumer en voiture était une vraie maladie chez lui. Lors de son enterrement je fis connaissance de son premier patron Pierrot Delahaie. qui avait son entreprise de charpente à quelques kilomètres de chez moi. Il avait un souvenir de ce gamin qu’il avait formé, à qui la vie n’avait pas du tout souri. Pierrot apprenant le décès d’Alain Marin, s’est rapproché de sa compagne, pour lui dire qu’il prenait à sa charge l’enterrement. J’étais présent lors de la mise en bière, sachant qu’il s’était proposé de régler la totalité des dépenses, je lui fis part de mon intention de participer pour moitié, ce que Pierrot refusa catégoriquement. Trouvez de tels employeurs aujourd’hui ….
Raymond, un autre de mes ouvriers avait également fait ses débuts chez Pierrot, il entretenait fréquemment des contacts avec son ancien patron. Il fut certainement celui sur qui je pus compter en n’importe quelle situation, il y a quelques années alors qu’il était en retraite, Mélusine faisait encore appel à ses services pour des bricoles que Coucou était incapable de faire. Tous les ouvriers, au nombre de 10 à une époque, jeunes, pratiquement tous dynamiques me donnèrent satisfaction pendant plusieurs années, les coups de gueule tombaient parfois, mais cela fait partie intégrante de la vie d’une entreprise du bâtiment.
Anecdotes
La foire gastronomique de Dijon
Chaque année a lieu à Dijon la foire gastronomique, qui bien évidemment sert de support à une exposition sur les cuisines, les aménagements, etc. Une année je décidai de m'y rendre un samedi accompagné de Marcel, un ouvrier à qui je confiais régulièrement les agencements de cuisine. Comme Mélusine me suivait, je proposai à Marcel d'amener son épouse Ma.
Arrivés sur la foire nous nous sommes bien évidemment intéressés aux nouveautés, ce fut aussi de bonnes rigolades lorsque des vendeurs tentaient de nous baratiner sur des techniques que nous connaissions mieux qu'eux.
Puis nous sommes passés dans la partie gastronomique, où bien évidemment nous avons "dégusté" solides et liquides... Le soir venu, faire 250 kms me semblait un peu lourd, je décidai qu'on aille coucher chez mes parents à Laloeuf. Surprise à l'arrivée, Robert, son épouse et ses filles étaient là, et cela posait un problème de couchage. "Pas de problème dit ma mère, Julienne n'est pas là, (ma tata Julienne, celle qui 20 ans plus tôt m'avait attaché les vers de terre au bout de ma ligne), elle est à son pèlerinage annuel à Lourdes, il y a deux lits chez elle, je vous y installe."
Ainsi nous nous installâmes dans la maison de Julienne. A un moment donné, me vint une idée, je dis à Marcel,
-Là bas dans le coin il y a un placard caché, à l'intérieur, il doit bien y avoir encore une bonne bouteille de gnôle. J'ouvre, je cherche, et je trouve la gnôle de la tata au beau milieu d'une alignée de bouteilles....... D'eau de LOURDES ! A chaque cure à Lourdes, elle ramenait une bouteille qui rejoignait les précédentes. Au final, la poire était une très bonne, la bouteille était à moitié, à 4, elle ne fit pas long feu. Je dis alors,
-On a sifflé la bouteille, Julienne ne va pas être contente ....
Marcel, qui a toujours avec de bonnes idées, me répond
-Ecoute, tu la remplis à moitié avec de l'eau de Lourdes, et ni vu, ni connu.
Eclats de rires, on fait un transvasement. Puis je dis à Marcel,
-Attends qu'elle s'en rende compte..... Ça va ronfler !
-Avec un peu de chance, elle va payer la goutte du jour de l'an au facteur....
Eclats de rire, bref l'affaire en resta là, le lendemain, on rejoignit Sainte Balise de Castrel et j'oubliai l'histoire.
Quelques mois plus tard, après le jour de l'an, je viens chez mes parents, à un moment donné ma mère me dit :
-Vous êtes quand même gonflés d'avoir sifflé la poire de Julienne ...
Moi de rire, et ma mère de surenchérir:
-Le pire c'est qu'elle n'y a pas vu et que c'est la facteur qui a découvert le coup de l'eau de Lourdes, autant dire qu'il a fait la grimace.
-Bon écoute, je vais voir Julienne et m'excuser de la farce. Direct en m'ouvrant la porte, Julienne m'accueillit en criant "Je devrais te coller une paire de calottes, si au moins tu avais mis de l'eau du robinet, ça aurait pu être amusant, mais prendre mon eau de Lourdes, NON ! On n'y touche pas ! C'est un sacrilège. Lorsqu'elle eut craché son venin, la pression retombée, je pus enfin lui faire la bise et m'excuser, mais je pense qu'elle m'en a voulu pas mal de temps.
L’homme volant
Certaines anecdotes méritent d’être relatées, comme le jour où un jeune abruti, embauché de peu, s’endormit en haut d’une échelle.
Cela se passait sur un chantier à la sortie du village, le pavillon de l’instituteur. Nous avions posé la charpente, puis la menuiserie, nous en étions aux finitions, j’avais envoyé une équipe composée de Raymond, de Gérard (que j’ai retrouvé il y a peu, il est maire de la commune de Livy), et d’un jeune trou du cul, qui, sortant de l’école avait déjà accouché sa mère. Dans l’après midi d'un lundi, j’étais au bureau lorsque j’entendis une 404 arriver, c'était pas normal en plein après midi. Je vis arriver Raymond riant jusqu’aux oreilles, et le trouduc qui saignait au visage, au nez. Pendant que Mélusine jouait à l’infirmière, Raymond me raconta :
- Il s’est endormi sur l’échelle.
- - ????? Quoi !
- Oui, il n’était pas haut, 2 m tout au plus, sous le dessous de toit où je l’avais mis pour poser la frisette.
- Gérard et moi le surveillions car c’est franchement un aigle, mais un aigle qui plane mal. On le regardait somnolant en haut de l’échelle, on riait sous cape, en se disant que la nuit passée avait laissé des traces. A un moment donné, il glissa sur un barreau de l’échelle, pour dévisser, il n’était pas très haut, il a dévalé pour rester coincé au font des fondations non refermées, soit 2 m en dessous du niveau du sol, dans des cailloux dont il porte les traces.
Après avoir rigolé de cette chute entre nous, je dis à Raymond, heureusement qu’il ne s’est rien cassé, j’aurais encore été emmerdé, c’est un gamin qui a perdu ses parents, chouchouté par le grand père qui est un peu casse couilles. Quelques semaines plus tard ce même zigoto me fit un tour de cochon, pendant les congés. M'étant absenté quelques jours, Louis, un autre ouvrier qui était pratiquement toujours à l’atelier devait rester de permanence, en contact téléphonique avec moi, j’avais confiance en lui. Je lui confiai le zigoto fraîchement embauché qui n'avait pas droit aux congés payés, et devait rester à l’atelier, sous bonne garde de Louis, expérimenté et en qui j'avais confiance. Je partis donc quelques jours pour revenir avant la reprise des autres ouvriers. J’appelais fréquemment Louis au téléphone pour suivre à distance les travaux et m'assurer que tout allait bien. C’est lors d'un de ces appels que j’appris que le zozo avait fait une « touchette » à la scie à ruban, qu’il avait pas voulu aller au toubib, tout en refusant que je soie averti. Louis avait lui fait un petit pansement et puis basta, il avait fini sa journée sans souci. A mon retour Louis m’attendait, un peu gêné, il me dit « le zozo n’est pas revenu bosser le lendemain » Cela faisait une semaine d’absence, je pris le téléphone, j'appelai son grand père qui m’abreuva d’insultes, me disant qu’il allait porter plainte, etc, etc. Toujours est-il que l'arrêt de travail pour accident n'avait pas été fait, en temps et heures, par ailleurs j'étais en présence d'une absence sans autorisation, sans demande ni information. Le zozo ne reprenant pas le boulot, j’engageai une procédure de licenciement, bien évidemment je m’en suis tenu à la procédure de l’époque et passai à autre chose.
Surprise, j'eus la visite des inspecteurs de la sécu, qui trouvèrent toutes les machines en ordre, et ne trouvèrent pas d'explication autre qu'une imprudence du zozo pour ce semblant d'accident. En outre je reçus d’une part une convocation aux prud’hommes, et d’autre part une taxation d’office de l'URSSAF qui me réclamait salaire et charges du zozo pour la période de coinçage de bulle. Somme dont je m’acquittai. Puis arriva l’audience au tribunal, où le grand père fit son numéro de cégétiste. Le conseil ne fut pas dupe du tout, ils stoppèrent net l’affaire au fait que le zozo, pas plus que son grand père n’avait jugé bon de me prévenir ni de l'accident, ni du motif de l’absence, que j’ignorais forcément que cette absence était consécutive à cet accident bénin, un accident passé sous silence jusqu’à mon retour. Ils furent déboutés, le licenciement validé. Fort de l’extrait de ce jugement prononcé par le conseil de Prud’hommes, j’en envoyai un extrait à l’URSSAF, pour demander la dé-comptabilisation et le remboursement des sommes qu’ils m'avaient réclamées. Rejet de l’administration, pour eux : pas d’accident déclaré dans le délai entraînait systématiquement une non prise en charge. Je me décidai à porter cette affaire devant le tribunal des affaires sociales, qui près d’un an et demi plus tard, me donna gain de cause, les sommes versées, me furent déduites de mes versements à l'URSSAF.
Pendant l’exploitation de cette entreprise, il est à noter deux autres points noirs, je dus me séparer de deux ouvriers, pour vol de matériaux, l’un d’eux étant apparu très organisé.
Accident Duchêne
Une autre anecdote, un accident qui aurait pu me coûter cher, très cher. Un été, j’étais à la bourre sur des chantiers, j’avais la charpente à poser sur un pavillon à Château-Mitran. Cette charpente était assez compliquée, deux planchers, des lucarnes, dont l’une sur une croupe, seul moi savais tracer et tailler ce genre de charpente. Raymond, toujours Raymond, me dit, j’ai peut-être quelqu’un en renfort, un vrai charpentier de métier, le petit fils de Prast à Glandvert, où de génération en génération ils sont charpentiers, premiers ouvriers de France, etc, une référence. Daniel a quitté la famille pour exercer comme prof dans un lycée technique du bâtiment, il est en vacances, il pourrait te dépanner, si tu veux je lui demande de passer. Ainsi fut fait, il voulait être payé au noir. Coincé, j’acceptai cette aide tombée du ciel, comme auraient pu tomber les emmerdes. Il prit l’affaire en main, fit son épure, et commença la taille de cette charpente, quelques jours plus tard, je mobilisais deux gars avec lui, avec le petit Mercédès pour aller poser cette charpente. Tout allait pour le mieux, et, le dernier jour de la pose, coup de téléphone de l’un deux : Daniel s’est cassé la figure, il a les deux poignets cassés. J’appris le soir que ce con là se baladait fréquemment sans aucune sécurité, debout sur le faîtage, ou sur une panne avec rien au tour de lui. Bref, un casse cou, je commençai à deviner pourquoi il n’était pas resté en famille, les Prast étaient tout sauf des casse-cou, ils avaient du lui demander d’aller exercer ses talents d’équilibriste ailleurs. Toujours est-il qu’il avait dévissé, tentant de se rattraper au solivage de l’étage inférieur, il se fractura les deux poignets au contact avec la solive qu' il avait tenté d’attraper pendant sa chute. Conduit de suite à l’hôpital le plus proche, celui de Dezize, il fut plâtré sans opération nécessaire. Daniel convint de sa connerie, comprit qu’il aurait droit à l’arrêt maladie et non pas pour accident du travail. Je le payai au-delà de ce qui était prévu, pendant un mois sa femme dut aussi bien le déshabiller que l’aider à pisser… Alors que je prenais des nouvelles, sa femme me dit « Ça lui fait les pieds, comme c'est un chaud lapin, pendant ce temps là, je suis certain qu’il ne va pas voir ailleurs, mais je me méfie quand même, à une époque je planquais les chaussures gauches de toutes ses paires de chaussures pour pas qu’il aille voir ses conquêtes d’un soir, mais un jour il est trouva une de l’autre pied pour aller en sauter une nana, chaussé d’une basket blanche d’un pied et une chaussure de ville noire de l’autre. »
Dans cette affaire, s’il s’était tué ou blessé gravement avec une évacuation par les pompiers, j’aurais sérieusement dérouillé. Il prit à la rentrée suivante un poste de prof dans un lycée technique à Pau. Nous nous sommes retrouvés dans les Pyrénées lors de vacances, des retrouvailles bien arrosées. C’était un casse cou, un casse cou dans la vie, au sens large …
Thomas
L’équipe de pose de charpente était constituée par 3 solides, Raymond qui acceptait de grimper sur les charpentes à le seule condition que personne ne chahute, Marcel à qui ça ne posait pas de problème, mais très prudent, et Thomas, un nouvel embauché, un peu mou en apparence, mais très professionnel et très pertinent. Je tenais à être le plus possible présent sur les charpentes, le plus qualifié en la matière, en amont j’effectuais les traçages, mais aussi pour être à pied d’œuvre, à même de mesurer les risques, bien présent, prêt à assumer moi-même les gros risques surtout lors du levage. Thomas avait une expérience certaine en charpente chez un collègue glandverdois où il avait fait son apprentissage, il s’est révélé un virtuose de la grimpette.
Je levais les fermes de charpentes agricoles au GMC, celles-ci préparées et assemblées à leurs pieds sur le sol. Je levais l’ensemble, pour, en vitesse lente, la ferme perchée en haut de la grue, l’approcher lentement de ses semelles d’enfourchement, une personne à chaque pied guidait sa mise en place. Une fois la ferme engagée dans ses semelles, je la laissais descendre dans sa semelle en forme d'enfourchement, les deux pieds étaient rapidement immobilisés au serre joint dans la semelle en attendant leur boulonnage, ensuite je pouvais décrocher la grue. Par contre c'était toute une galère pour aller décrocher le câble tout en haut avec une échelle. Un jour, au moment de lever la première ferme, Thomas arriva sans rien dire avec une ceinture, une petite sangle terminée par deux mousquetons, il se crocheta au câble, et me dit, lève moi avec l’ensemble, ne t’occupe pas, j’en ai marre de grimper là haut à l’échelle, c’est bien plus sûr ainsi au lieu de risquer de se casser la gueule à l'échelle. J'en convins et levai la ferme de charpente avec Thomas ainsi perché. Heureusement que les inspecteurs du travail sont rares à la campagne... Ainsi, on voyait mon engin se balader tout doux, mât développé, une ferme de 8m suspendue, pour aller la mettre en place, avec un gars perché tout en haut. Une fois la ferme engagée et bloquée au pied, je détendais le treuil, Thomas décrochait le câble, puis je le déposais tranquillement au sol, avec moins de risque que de monter détacher à l’échelle. Néanmoins c'était une bonne méthode pour aller direct en tôle en cas d’accident, que voulez-vous, dans la vie il faut savoir si on est mâle ou femelle. La technique marchait bien, avec deux gars pour assurer la fixité pendant la phase de roulage au sol, tout se passait bien, nous étions à 600 kgs environ de charge totale.
Raymond eut un jour sa petite idée :
-Michel, tu ne crois pas qu’on pourrait barder les pignons à plat sur le sol pour les lever ensuite ?
- ???mmm. C’est à calculer, ça doit commencer à peser, ce que je calculai le soir même. L’ensemble ne passait pas la tonne, on pouvait donc lever sans souci, mais j’avais des doutes sur la phase de roulage, dans un premier temps je décidai de tenter la manœuvre, sans personne sur le pignon. On assembla les pignons au pied des dés, à plat sur le sol, on fixa le bardage, opération bien plus facile au sol qu’à la verticale, bien plus rapide, les coupes se faisaient à l’horizontale, au sol, ensuite il suffisait de lever tout pour le conduire à sa place vitesse courte et craboté. Essai concluant, Thomas grimpa décrocher. Pour le second pignon, il s’accrocha et se fit lever avec l’ensemble. La technique fut adoptée, elle fit ses preuves sur une vingtaine de hangars agricoles.
Dépôt de bilan
Pendant cette période, Mélusine fit d'abord ce qui était nécessaire pour la vie de l’entreprise, la facturation, elle s’investit en comptabilité, elle y parvenait très bien, son côté de fée Lation me comblait, m’aveuglait passablement, petit à petit elle m’enfumait déjà, quand le loup est en chantier la souris danse, en gros l'héritage génétique de Farinette commençait à émerger.
Fatalement les difficultés s’accentuèrent avec la crise et le premier choc pétrolier, les taux de TVA explosèrent, les carburants furent multipliés par deux. C'était devenu intenable au niveau banque. Au vu des marché forfaitaires non révisables à moins de 6 mois de la majorité des chantiers, l’expert comptable nous conseilla de déposer le bilan. Malheureusement nous l’avons écouté, je pense que cette décision n’a pas été assez réfléchie, ni calculée…. Reçu par le syndic Me Bandit, très gentil d’apparence, nous découvrîmes la combine seulement après le dépôt de bilan, lorsque je constatai que Bandit, contrairement à toute annonce préalable de sa part, ne faisait strictement rien pour obtenir le concordat sur lequel j’avais misé, et plus tard je découvris sa collusion avec le comptable. Un gros fournisseur à qui je devais de l’argent, me proposa de refinancer mon entreprise. Fallait-il qu’elle soit quand même viable pour faire une telle proposition ? Si cette proposition m'ouvrit les yeux sur l'attitude de Bandit, connaissant les dents longues du vampire qui me proposait ce financement, flairant un piège, je rejetai sa proposition au dernier moment, dans le hall même du notaire chez qui nous devions signer.
Néanmoins cette proposition m’avait ouvert les yeux sur le fait qu’il n’y avait pas eu nécessité de déposer le bilan, que l’entreprise était viable, que l’expert comptable et Bandit étaient bel et bien de mèche. Me renseignant auprès d’entreprises dans le même cas, au vu des similitudes, j’en conclu que c’était une véritable association de malfaiteurs, une association qui marchait bien, personne ne se méfiait de son comptable !
Vraiment fâché, j’en référai au juge commissaire, qui ne réagit pas, il voyait venir en ma démarche trop d’ennuis. Je décidai de porter plainte au procureur de la république, motif allégué : association de malfaiteurs, j'accusais le comptable d’être le fournisseur d’entreprises en difficulté pour le syndic, Me Bandit : plainte classée sans suite par le procureur. Qui aurait le culot de porter plainte contre un magistrat, mettant de fait en doute les décisions d’un tribunal de commerce ? Quel magistrat aurait eu suffisamment de couilles pour engager une procédure contre un autre magistrat, c’était rêver.
Pas content du tout, je fis un nouveau dossier, reformulai une plainte encore plus large, mettant en cause deux magistrats cette fois, accusant par la même occasion, le procureur de république de "couvrir Me Bandit dans ses débordements de pouvoir", et l’envoyai à l’Elysée, directement au président VGE. J’eus confirmation de réception et de l’ouverture d’une enquête. Malheureusement cette plainte n’aboutit que plus d’un an plus tard, Bandit fut inquiété par une enquête diligentée par le ministère, puis Bandit apparut en outre impliqué dans diverses affaires, il eut même droit à coucher en tôle le soir tout en finissant de gérer de jour les dossiers en cours, notamment ceux des concordats en cours, pour ma part, il me restait des chantiers qu’aucun confrère ne voulait reprendre. Une amère victoire qui ne me rapporta strictement rien, si ce n’est qu’une rencontre à Ajaccio d’un des responsable du SAC (association dissoute pour les faits qui ont défrayé la chronique quelques années plus tard).
Ce contact, commissaire à Ajaccio, membre de ce service fantôme depuis le décès de De Gaulle avait été chargé par les autorités chiraquiennes, de me faire mordre la poussière. Par chance, cet honorable commissaire de police, n’exécuta pas les ordres reçu des barbouzes du RPR, il fit son métier, il se renseigna d'abord sur l’affaire, sur les motivations. Après avoir pris connaissance de mon "dossier", écœuré par de telles décisions parisiennes, il décida de m'entendre à Ajaccio,. Lors de notre rencontre il me tranquillisa, m’informa avoir fait un rapport sur le non fondé de la demande jupitérienne, se refusant à exercer la répression réclamée par la mafia RPR à laquelle appartenait ce syndic, maître Bandit (J’en reparlerai plus loin dans mon passage en Corse.)
Pendant ce temps, je me débattais toujours avec l’entreprise, Bandit absorbait les rentrées d’argent, n’autorisant que le versement des salaires, il devait également régler les charges, ce qu'il ne le fit jamais, préférant les investir dans les pétroles. (faits vérifiés l’année suivante). Voyant la pieuvre Bandit tout avaler, je décidai de passer pas mal de choses au noir, et dans la prévision de la liquidation, je déménageai des machines, plus de 10 tonnes, correctement planquées, puis le GMC, correctement chargé de matériel, je vendis quatre véhicules, payés en espèces.
Aussi savoir que du jour où une entreprise dépose le bilan, tout le courrier nominatif destiné au du patron comme celui de l'entreprise, est réexpédié au syndic pour ouverture, donc lecture. Tout le monde ignore qu'on considéré comme pire qu'un renégat, plus mal considéré que les tôlards qui eux, bénéficient d’un discrétion sur le courrier personnel.
Anecdote sur le courrier
Quand on a affaire à un pourri, le téléphone " peut" être coupé dès le premier jour de redressement judiciaire, le courrier saisi à la poste, ce n'est pas une obligation, le syndic en décide. Devinez, avec Bandit, ce fut mon cas, tout piquer, tel était son principe, la justice n'existait plus. Ainsi arrive à la poste une lettre de ma mère, dans laquelle elle m’écrit qu’elle a encore de la place (sous entendu pour planquer des machines), et que s’il le fallait, que mon parrain (Louis), avait de la place également. Cerise sur le gâteau, en bas de lettre, ma mère rajouta en bas de page « Au feu la lettre ! » Pas folle la guêpe, mais elle ne savait pas que mon courrier serait transféré à Bandit avant de me parvenir. J’appris l’affaire lorsque Mélusine passant à l’étude du syndic, vit ce dernier lui glisser sous le nez cette lettre. Mélusine tombait des nues, et pour cause… Ce fut le début d’une grande bagarre et de mesures d’intimidation de la part de Bandit, ses menaces me confortèrent dans mes accusations, pas content, je remis ça : plainte au procureur de la république contre Bandit, cette fois pour vol de correspondance privée. Plainte bien sur, classée sans suite au motif que c’est le receveur qui fait la réexpédition et que le syndic ne fait que recevoir le courrier…. Mon argumentation en réponse : ce n’était même pas un format d’enveloppe professionnelle, l’écriture manuscrite, avec au dos l’adresse de mes parents « Mme ……. ». Rien n’y fit, les rats ne se mangent pas entre eux !
Les véhicules
Après avoir donné un coup de main au montage des serres de Michel, (mon ex colocataire du 43 rue de Nièvre,) qui s’installait comme pépiniériste / horticulteur, j’ai vendu quatre véhicules, dans le dos de Bandit, qui, trop sur de lui, avait négligé de les gager, trois 404 diesel plateau, et ma 504 diesel personnelle, puis j’ai planqué dans la belle famille le GMC, bien chargé de matériel pour le vendre plus tard.
Un jour Bandit envoya un soit disant expert pour expertiser les véhicules. Surprise du gars lorsque je lui appris que je n’avais plus de véhicules. Le gars est reparti immédiatement voir Bandit qui ne pouvait même plus me téléphoner puisqu’il m’avait résilié la ligne. Bref, le lendemain je reçus une convocation dans ses bureaux. Bandit devait avoir le feu aux fesses, il me reçut immédiatement, m’accusant d’avoir détourné de l’actif de l’entreprise, que c’était passible de prison, etc, etc, autant de choses que je savais aussi bien que lui. Du tac au tac je lui répondis « Ecoutez maître Bandit, je vous rappelle que contre toute obligation légale, vous n'avez pas gagé les véhicules, rappelez vous aussi m’avoir même dit de les vendre moi-même, pour me dédommager de toute la période de fonctionnement lors de laquelle mon épouse et moi n’avons pas touché un sou » . Je crus qu’il allait me taper sur la tronche, il ne s’y est pas aventuré, croyez moi, sur ce terrain nous aurions certainement été deux … Bref, il s’est calmé, puis il m’a congédié comme si rien ne s’était passé. Convoqué dans les jours suivants devant le juge commissaire pour répondre de cette affaire, je tins le même langage. Ce juge, gardien lui aussi de l’actif de l’entreprise en règlement judiciaire était tout aussi emmerdé que Bandit, en tout état de cause nous étions en présence d’une négligence de Bandit, plus la même négligence de la part du juge commissaire qui l'a validée tacitement : Bandit devait gager tous les véhicules à titre préventif, il ne l’avait pas fait. POINT. Quant à son accord pour que je les vende et pour mon propre compte, c’était sa parole contre la mienne. Le sujet fut complètement écarté, j’ignore même si le tribunal en a été informé. Entre temps, j’avais acheté une R5 au nom de mon père, il fallait bien se mouvoir. Bien que m’ayant menacé de fouiner dans les comptes de mon père, Bandit prit bien soin de ne pas aller agacer mon père, qui n'était pas plus facile à tortiller que moi…
Par ailleurs, harassé des derniers travaux sur des charpentes pendant la canicule de l’été 1976, je cessai toute activité en juin 76 pour me consacrer à la recherche d’un emploi, je répondis à quelques annonces sur le journal Moniteur du bâtiment, puis je téléphonai à Roger l’ancien stagiaire de mon père. Pendant mon service militaire à Pau, Roger m’avait hébergé les dimanches lors des courtes permissions. Il avait obtenu depuis quelques années sa mutation, dans sa région de cœur, l’Ariège où il avait fait construire à saint Jean du Falga, près de Pamiers. Je lui téléphonai lui expliquai la situation et mon besoin de repos, je lui dis : « Trouve moi un coin tranquille dans la montagne, où je pourrai poser ma tente, et rester tranquille deux ou trois semaines avec Mélusine et Nic mon fils de 4 ans. » Quelques jours plus tard, après avoir fait au passage un coucou à Robert et sa famille en vacances dans le Gard, je continuai ma route vers St Jean du Falga. C’est avec grand plaisir que Roger et moi nous sommes retrouvés. Le lendemain, celui-ci nous conduisit dans le Vic d’Essos, au dessus du village de Vic d’Essos, en pleine montagne, une région où aujourd’hui on ne pourrait plus poser une tante, tout étant monopolisé par les escrolos "amasse pognon", cette région à l'époque sauvage, est maintenant accaparée par les bobos et les bases de loisirs. Finie la nature d’autrefois !
Nous nous installâmes. Mis à part la présence de vipères au bord du torrent, dont j’ai caché la présence à Mélusine sinon il aurait fallu déménager de suite, à signaler également pendant notre camping, une surprenante visite nocturne. Au beau milieu d’une nuit, j’entendis un bruit de gamelles dans la partie cuisine de la tente. Surpris, je saisis le pétard de tir qui me suivait pour me défouler où c’était possible, je me levai sans bruit, arme au poing, lampe de l’autre, je poussai vivement le panneau de toile qui séparait les deux volumes tout en éclairant le local, que vois-je ? : Un âne qui avait poussé le panneau de la fenêtre en toile, il s’était introduit dans la cuisine jusqu’au garrot pour faire tranquillement les gamelles ! Comme me dit plus tard Mélusine, « c’est bien un bourricot, il n’a même pas fait la vaisselle !» Sinon, sur un fond de balade en montagne tout se déroula tranquillement. Au bout de quatre jours, je vis arriver Roger.
J’appris que mon père l’avait appelé au téléphone, lui-même appelé par un employeur potentiel pour moi. En effet, j'avais postulé pour plusieurs offres d’emploi de métreur, dont une dans une entreprise ajaccienne. Pour pouvoir être joint rapidement, j’avais fourni le numéro de téléphone de mon père sur mon CV. Colon, le patron de cette entreprise demandait que je le rappelle, ma candidature l’intéressait. Dans la foulée je descendis à la poste la plus proche pour téléphoner à celui qui devait devenir mon patron près de deux ans.
Après avoir commenté mes qualifications et expériences, expliqué où j’étais, celui-ci me dit « Si vous voulez, vous passez en Corse par bateau, je vous paie la traversée et le retour » Il me donne des précisons, l’adresse précise, on convint que je l’appellerai depuis le bateau pour fixer rendez-vous et nous rencontrer. Le temps de plier la tente, passer dire au revoir et merci à Roger, une bise à Palmyre, ensuite nous avons pris la direction de Marseille. Arrivé en avance par rapport à l’heure d’embarquement des véhicules qui était prévue au soir, voyage de nuit, j’attendis tranquillement près de l’embarcadère et fus dans les premiers embarqués.
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