Chapitre-4- : La famille de Mélusine
La famille de Mélusine
Retour au sommaire J’ai épousé Mélusine, la "fée Mélusine".
Abusé par les agréables mâchoires, de la "fée Lation"
qui l'habitait, j'étais à cent lieues de penser que derrière cette illusion du bonheur se cachait une
troisième fée, une fée bien
plus sournoise encore, la "fée
Carabosse". Celle-ci, telle
une pieuvre avec ses tentacules chargées de
ventouses, suça tout ce qui était à sa portée,
tout en m'apportant une cohorte d'emmerdements.
Mélusine était descendante de la famille S, une
famille qui habitait le ranch S, un ranch perché en
haut d’un piton, dominant la vallée et la ville de
Fuzy qu'on aperçoit au loin.
Les ancêtres de Mélusine
Au début des années 1900, le grand père S,
basse-courrier de son état acheta une des plus belles
fermes de la région de Fuzy, la paya cash, aucun de
ses descendants ne put savoir comment cet achat fut
financé. Grand père S que j’appelle GP-S, (ne pas
confondre avec le guidage par satellite !) n’avait pas
d’argent, soudainement il acheta une des plus grandes
fermes de la région, avec pour logement, un petit
château, les dépendances, avec plus de 100 hectares au
tour, un global que j’appelle pour la circonstance, le
Ranch S. Comment cet achat put-il se faire ? GP-S
avait-il été un Arsène Lupin ou un docteur Petiot ?
Personne ne le sut jamais, c'était le secret de GP-S,
il l'emmena avec lui dans sa tombe, le silence règne
depuis toujours sur ce financement le rend encore plus
suspect.
GP-S eut 4 enfants, une fille qui maria Ve, un commis
du Ranch S. Chez les S, dans leur milieu, comme dans
les grandes familles, une telle alliance ne se fait
pas ! Au moment du partage du ranch, elle fut chassée
par GP-S avec Ve qu’elle venait d’épouser, un peu
d’argent lui fut donné pour donner un semblant de
légalité, mais chassée, bannie. Quelque part il doit y
avoir une justice, car cet ancien ouvrier agricole et
sa jeune épouse s’installèrent en banlieue parisienne,
Ve entra chez IBM à une époque où cette société se
développait. Il y passa toute sa vie professionnelle,
avec une situation honorable. Son fils né de cette
union maudite, devenu ingénieur informaticien, y fit
également carrière. J’eus l’occasion de rencontrer
cette famille chez eux dans l’Essonne et aussi lors
des quelques passages qu'ils faisaient au Ranch pour
venir saluer la famille qui les avait rejetés...
Les trois fils de GP-S, An-S, Pi-S, et Je-S, restèrent
pour exploiter le ranch, un ranch devenu par ses trois
co-occupants, le "Ranch triple S" (Ranch 3S)
Puis,
• An-S et son épousa
Marg, ils eurent deux fils, Fe-S et Ma-S,
• Je-S et son épouse Farinette,
(nous le verrons plus tard, Farinette est habitée du
Syndrome Incluso Démolitif Actif (SIDA)
qui contamina sa descendance), ils eurent deux fils,
And-S et Ro-S qui devint plus tard mon beau-père.
• Pi-S n’eut qu’un fils,
son épouse Ma voulut l’appeler Ro alors qu’à la
même adresse était né un an plus tôt un autre Ro, fils
de Je-S et de Farinette.
Un problème est apparu quelques années après avec ces
prénoms de baptême des deux cousins, Ro-S, et Ro-S,
ceux-ci habitant à la même adresse, même nom, même
prénom, mais pas la même famille du tout, qui
plus est en guéguerre permanente. Bon nombre de soucis
survinrent avec le courrier notamment, et les
factures. Il fallait trouver une solution. Entre
temps,
- Ro-S le fils de Je-S avait épousé Ja-Lavalise qui devint ma très respectable belle-mère.
- Le second Ro-S, fils de Pi-S avait épousé Gl-Charlot.
La solution fut de rajouter le nom de jeune
fille de l’épouse au nom de chacun des deux Ro-S, ce
qui donna officiellement :
• Ro-S/Lavalise d’un
côté (mon beau-père)
• Et Ro-S/Charlot
de l’autre. (le voisin)
C’était très bien pensé ainsi, ça rallongeait le nom,
et surtout, ça ressemblait à une alliance façon «
noble » ! Vu de l’extérieur, on sentait déjà
l’orgueil qui régnait chez eux.
Bien des années avant ma rencontre avec Mélusine,
survint le décès de Gp-S, le patriarche, la
ferme fut partagée en 3. Le Ranch n’était pas assez
grand pour permettre à tous les enfants de Gp-S
d’habiter le Ranch avec leurs enfants respectifs entre
temps devenus adultes, la surface était
insuffisante pour faire vivre tant de ménages.
Certains devaient partir ailleurs, chercher une ferme
avec des surfaces suffisantes, mais qui ? Il s’en
suivit un conflit entre les 3 héritiers S, qui
partirait ? Tous voulaient habiter au Ranch, séparer
les bâtiments en deux était possible, mais pas en 3.
Qui aurait droit à la moitié du Ranch, tout en
prenant en compte que les bâtiments agricoles seraient
de toute façon partagés en 3, comme les terres. Devant
l’impossibilité de se mettre d’accord, ils allèrent en
justice.
La justice trancha ce qu’elle pouvait légalement
trancher, autrement dit, rien, elle ne pouvait pas
s’immiscer dans les choix, la seule chose qu’elle put
faire, avec expertises à la clé, c’est faire chiffrer
chacune des parts pour qu’elles soient équitables,
vérifier l’équité et organiser sous bonne veille des
magistrats, un tir au sort des différentes parts et
obligations. Ainsi fut fait.
- La fille a été oubliée dans cette répartition, par quel hasard, sa dot aurait-elle été suffisante pour équilibrer, connaissant cette famille, je me permets d'en douter
- An-S avait la moitié du Ranch + des terres pour rééquilibrer sa part
- Je-S l’autre moitié du Ranch + des terres pour rééquilibrer sa part.
- Pi-S reçut des terres, et une
compensation financière pour le dédommager de
l’absence de logement. Pi-S fit de suite
construire une maison, au
plus près pour pouvoir surveiller les autres pour rester sur le Ranch. Autrement dit,
le feuilleton Dallas 40 ans avant son tournage.
An-S avec ses deux enfants adultes, de leur
côté louèrent une ferme à une cinquantaine de
kilomètres pour y installer les deux enfants,
associés. Ce fut incontestablement la seule décision
intelligente prise dans cette génération. En
cette ferme nouvellement louée, Fe-S et Ma-S, les deux
enfants de An-S, loin des chicaneries, travaillaient
et réussissaient leurs affaires, ils furent
copieusement jalousés et critiqués par la branche Je-S
et surtout par Farinette et son fils Ro-S/Lavalise,
mon beau-père. Cette forme de jalousie était
systémique de la part Ro-S/Lavalise, envers et à
l’encontre de tous ceux qui réussissaient.
Au final, restèrent au Ranch
-An-S seul avec son épouse.
-Je-S avec ses deux fils Ro-S/Lavalise et And-S encore
jeune, chouchouté par Farinette, sa mère.
-Pi- S avec son unique fils Ro-S, habitaient la maison
qu'ils avaient fait construire, pour s'étendre ils
achetèrent une fermette toute proche et récupérer les quelques
hectares supplémentaires, attenants à cette fermette.
Le Ranche 3S fonctionna ainsi quelques années, puis
And-S épousa une fille que sa mère Farinette lui avait
choisie, un choix déterminé par la surface de
terre qu’elle apporterait en dot. And-S épousa la
ferme, la femme n’était vraisemblablement
qu’accessoire, taillable et corvéable à merci, en
parfait goujat il ne s’en priva point, j'en fus témoin
!
Suite à cette union, And-S prit donc possession d’une
ferme à Verneil, en région de Cerné La Tour, de cette
union est né un garçon, Je-S.
Les années passèrent, Ro-S/Lavalise et son épouse
Jac.., eurent deux enfants, Mélusine ma
future épouse et Fanfan la magouille son frère.
De son côté Ro-S/Charlot eut une fille Ma et 2
jumeaux, Jp et Jc avec qui je fus bien copain, un
copinage qui n’était pas spécialement bien vu par les
ancêtres qui se chicanaient en toute occasion, les
parents et grand parents étant fâchés, il était
impensable que les petits enfants ne se fassent
pas la gueule, pire, prendre l’apéro ensemble. En
réalité cette « fréquentation » se limita à la chasse,
un agacement des patriarches pour lequel nous ne
faisions rien pour l’éviter, nous en amusant sous
cape.
Mélusine
Je connus Mélusine un soir dans un
bal de village, à Afaux. Alors que je pénétrais sous
le bal parquet, franchissant la porte, dans la
pénombre, je ne vis pas arriver la paire
d’air-bags qui vinrent percuter ma poitrine, deux bras
entourèrent aussitôt mon du cou, une nana me dit
« Jouez le jeu », et direct m’embrassa. Cette nana
était visiblement éméchée. Surpris je m amusai de la
situation, et d’emblée je l’invitai à danser, il faut
toujours battre le fer quand il est chaud ! Je sus
quelques instants plus tard qu’elle m’avait sauté au
cou pour échapper à son jules qui l’agaçait. Juste
avant de me percuter, elle avait dit à sa cousine « XX
me fait chier, le premier qui entre, qu’il soit tordu,
bossu, je lui saute au cou ». Cette manœuvre a
parfaitement réussi, plus tard dans la soirée, après
de sérieuses frictions de nombril, on se donna
rendez-vous le samedi suivant sur un autre bal.
Néanmoins j’ai toujours pensé que son ex replantait
parfois le drapeau en semaine. Puis elle me sembla
toute acquise, et, fatalement, les sièges de ma 4L
firent la différence !
J’appris beaucoup de choses sur sa famille, son père
Ro-S/Lavalise, qu'elle me présenta quelques mois plus
tard avait des allures et expressions de curé, à
contrario cet homme se comportait en petit furher, son
épouse Jac le servait comme un prince, sa fille ne
devait pas aller au bal sans son chaperon Fanfan la
débrouille qui avait deux ans de moins qu'elle. Une
fois au bal Fanfan la magouille s’intéressait plus aux
minettes qu’à ce que faisait sa sœur, c'était déjà ça
! Mais c’était ainsi, Ro-S/Lavalise avait parlé. Pire,
lorsque Fanfan la magouille était indisponible pour
des petites affaires en cours, Jac.. la mère de
Mélusine était désignée pour faire le poireau au
bal, parfois Dédé me disait : « Si tu veux que
j’invite sa mère à danser, tu seras tranquille ». Je
ne cédais pas à cette tentation par respect de cette
gentille dame, car elle était franchement gentille,
elle faisait semblant de ne rien voir lorsque nous
allions faire un tour de 4L. Ah si Ro-S/
Lavalise avait su…. Respect pour cette
courageuse dame décédée depuis peu et qui ne voulut
pas être enterrée avec son bourreau, son mari.
Petit à petit j’appris le dictat qui régnait au Ranch
où je n’avais pas encore mis les pieds. Un exemple,
Mélusine en achetant un soutient gorge, gagna une
voiture à la quinzaine commerciale, une Ford Taunus,
une grosse voiture pour l’époque (1969). Hé bien,
d’autorité Ro-S/ Lavalise vendit la voiture, garda le
fric en disant à sa fille, "cette voiture n’est pas à
toi, l’argent avec lequel tu as acheté ton soutient
gorge t’avait été donné par ta mère" (une drôle de
conception du don). CQFD, il acheta une presse moyenne
densité avec le produit du soutient gorge de sa fille,
j’en avais conclu qu'un maquereau n’eut fait mieux,
que sa fille devait valoir très cher puisque son
simple soutif valait le prix d’une presse moyenne
densité. J’étais à cent lieues de penser que Mélusine
avait hérité des chromosomes de la magouille de son
père, chromosomes que lui-même tenait de Farinette, ce
fameux "Syndrome
Incluso-démolitif Actif".
Mélusine travaillait à mi temps, à la
poste où elle était très amie avec la receveuse. Plus
tard, avec le mari de cette receveuse, je fus un des
initiateurs d’un club de tir que nous avions créé avec
quelques tireurs trouvés sur le tas. Ce stand existe
encore, petit à petit il s’est développé, 50 ans plus
tard, je l’aperçois en passant en voiture, avec un
petit chaud au cœur en le voyant se développer, au
moins nous n’avions pas perdu notre temps.
Mélusine travaillait aussi comme
secrétaire à la clinique, je pouvais la joindre au
téléphone en ces deux lieux mais je préférais
l’appeler à la poste, sur la ligne du télégraphe, un
système disparu aujourd’hui, cette ligne était
prioritaire, réservée au receveur, après avoir obtenu
le télégraphe à Fuzy, je demandais Mélusine au
receveur, j’ai souvenance des cris poussés au travers
les locaux de la poste « Mélusine, c’est Jules ! » Des
cris qui me parvenaient dans le téléphone, tout comme
l’entendaient les clients de la poste qui partageaient
la rigolade avec le personnel. J’étais "Jules" !
Mélusine commençait à en avoir marre de la
4L et de sa barre au milieu du siège ! Elle bouscula
un peu ses parents, et, un jour, Mélusine
fut « invitée » à me présenter à ses parents.
Sur la défensive, je me pointai à l’heure prévue au
ranch, pour être accueilli par Jac, toute souriante,
par Je-S le grand père de Mélusine, Farinette la
grand-mère arborait déjà un sourire qui sonnait
faux, la première impression est souvent la bonne. Une
fausseté qui se confirma quelques mois après notre
mariage. Au bout d’un moment je vis arriver celui qui
devait devenir mon beau père, Ro-S/Lavalise, froid,
hautain malgré son sourire pas clair, un chapeau vissé
sur la tête, coincé entre des allures de curé et de
noble, autant d’allures et de paroles qui sonnaient
faux, pour lui aussi, l’expérience ne fit que
confirmer mon premier sentiment. Bref le repas se
passa sans problèmes ni allusions, ce fut plutôt une
avalanche de questions de la part Ro-S/Lavalise, il
voulait tout savoir sur moi, je compris rapidement
qu’il ne se souciait plus de son pognon que du cul de sa fille, mais aussi et surtout du
qu’en dira-t-on. Bref, c’est sa fille qui
m’intéressait, pas lui, toutefois j’étais sur la
défensive, au tarif du soutif de Mélusine,
qu’allait-il me faire payer pour celle qui le portait
?
Puis les mois passèrent, j’avais présenté
Mélusine à ma famille, de ce côté le
courant passait bien, sauf avec Françoise la femme de
mon frère Robert chez qui je sentais une
réticence envers elle, bref, personne ne peut plaire à
tout le monde, certes, mais avec le recul du
temps et au vu des magouilles que me fit subir
Méluisne, peut-être que Françoise avait eu le nez fin
... ?
Le mariage approchait, j’avais peu d’argent, je
remboursais ma voiture chaque mois, et puis les
sorties ont toujours coûté... Mélusine avait un peu
d’argent sur un livret, la noce fut sans exploits
spéciaux, tout le monde resta raisonnable, les frais
furent partagés.
Quelques temps avant le mariage, je m’était mis en
quête d’un logement pour abandonner le 43 rue de
Nièvre. J’en parlai à mes collègues de travail. Un
jour Jean Guy M, vint me dit « J’ai peut-être quelque
chose pour toi, à Sainte Balise de Castrel , où
j’habite, un petit logement à l’étage, un vieux truc,
mais en attendant mieux, ça pourrait te dépanner. Le
soir même je le suivis en voiture pour visiter ce
logement à 100m de chez lui, un premier étage mis en
location par un couple de postiers retraités qui
habitaient le rez de chaussée. Nous avions une cave
commune, avec chacun sa citerne à fuel pour le
chauffage, la maison donnait sur une petite place où
je pouvais garer ma voiture, 3 pièces au premier
étage, Wc. Tout était à refaire, mais d’emblée je
donnai mon accord, j'annonçai la nouvelle à Mélusine,
et j'entrepris de suite les travaux de tapisserie qui
s'imposaient, le soir, avec l'accord du propriétaire
qui nous fit cadeau d'un mois de location.
Je m’étais fabriqué quelques meubles, Mélusine me dit,
je vais payer le frigo et d’autres choses
indispensables, quelques jours plus tard je demandai à
Jean-Guy son estafette pour rassembler tout ça dans ce
logement.
Arriva le jour de la noce, déjà la veille du mariage,
le marié ne devait pas coucher sous le même toit que
la mariée, s’il a couché sous ce toit avant, ça
comptait pas, cherchez l’erreur, du coup, la
grand-mère côté Lavalise m’hébergea gentiment,
ça me fit une occasion de bien rigoler avec le grand
père Lavalise, un bon vivant pourtant tant critiqué
par son gendre, mon beau-père RoS/Lavalise, au
motif que le grand père Lavalise avait été
basse-courier toute sa vie, et non pas fermier…. . A
croire que Ro-S/Lavalise sortait de la cuisse de
Jupiter!
Le lendemain eut lieu le mariage traditionnel, à un
moment donné, alors que nous sommes devant l’autel,
Mélusine me donne un coup de coude, me montrant le
curé, et me glisse à l’oreille « t’as vu ses baskets »
En effet, les baskets blanches du curé apparaissaient
quand il se penchait en avant. Le fou rire éclata, il
dura jusqu’au moment de la remise des anneaux, devant le cocasse de la situation, les deux témoins
étaient prêts à exploser de rire à
leur tour, le simple fait de
tourner la tête vers Ro-S/Lavalise le beau-père depuis
peu, nous incita à cesser ce cirque. Ouf, on a pu
s’arrêter. Je crois qu’à cet instant, mon cul béni de
beau-père a du regretter de m’avoir accordé la main de
sa fille. S’en suivit le traditionnel repas, vers la
fin duquel nous nous sommes éclipsés pour aller nous
coucher …. A l’Hôtel ! Je ne voulais pas me voir
sortir du lit par des foireurs parmi lesquels mon
frère Robert avait pris une bonne place. Or personne
ne savait où nous couchions, la femme de Robert s’est
pris le choux avec la demoiselle d’honneur,
l’engueulant en lui disant "quand on est demoiselle
d’honneur on sait où les mariés couchent." Même
si elle l’avait su, Roseline n’aurait pas vendu la
mèche.
Le jour même, après une petite bouffe le midi au
ranch, au cours de laquelle Ro-S/Lavalise ne desserra
pas les dents, nous rejoignîmes notre appartement,
enfin seuls, on s'empressa de tester notre matelas
tout neuf.
Lorsque le WE arrivait, nous prenions la voiture pour
nous rendre soit chez ses parents, soit chez les
miens. Mon père allait de maladie en maladie,
opérations à répétition, deux cataractes avec un mois
dans le noir à chaque fois, l’estomac avec une
perforation, une période dure pour ma mère que nous
devions aider pour le bois de chauffage, et autres
travaux du jardin que mon père ne pouvait plus
assumer. Mes deux frères et ma sœur étaient bien loin
pour pouvoir répondre présent rapidement, c’était
naturel que nous soyons présents pour eux.
L’été j’étais attendu au ranch, et de pied ferme, avec
les remorques de foin à charger, le beau-père faisait
en sorte que le WE, des travaux soient prêt pour celui
qui avait osé se taper sa fille. Ainsi, j’eus droit le
samedi, à des remorques complètes en botte moyenne
densité, à charger à la fourche, le lendemain matin,
de bonne heure et de bonne humeur, je devais les
empiler dans les greniers à foin, dans les charpentes
des anciens bâtiments, empiler à la cadence
alimenté par mon cher beau-père,
moi dans la poussière, avec pour seule aération les
tuiles que je retirais au grand désarroi du furher,
qui avait soi-disant peur des fuites, c’était plutôt
pour m’emmerder, faite tirer la langue au « non
agriculteur », alors que lui, bien à l'air sur la
remorque envoyait les bottes à tout va. Pas de chance, j’étais rompu à ce genre de
travail, à l'âge de 10 ou 11 ans, je tassais le foin
en vrac dans nos greniers et dans ceux du père
Sauterelle, je conduisais son vieux tracteur, un
Fiat qui démarrait à l’essence, puis on basculait sur
le pétrole. Cet homme, malgré mon jeune âge, me
payait, comme il payait les autres ouvriers. Quel
brave homme, aussi sa brave femme, Emma, une
alsacienne ramenée à son retour de prisonnier de
guerre, 30 ans après la guerre, elle ne
parlait pas encore français couramment, vendant
invariablement chaque semaine, son fromage sur
Glandvert, au volant de sa Juva 4 jaune, de
braves gens qui n'avaient rien de comparable avec ce
vieux con dont j'épousai la fille.
Au travers des travaux quotidiens, il y existait un
certain nombre de choses idiotes, complètement
dépassées. Pour agacer le beau père, et peut-être lui
montrer que je n’étais pas plus con qu’un agriculteur,
je me mis en tête de modifier pas mal de choses. J’ai
facilement convaincu Fanfan la magouille de construite
un ramasse bottes, j'avais récupéré un essieu à la
casse pour construire une remorque avec le plancher en
pente. Cette remorque s’accrochait à l’arrière de la
presse permettant de regrouper les bottes de foin au
lieu de les égrener dans les prés. J’ai rallongé la
sortie de la presse afin qu’elle arrive au dessus de
ramasse bottes. Un corde commandait l’ouverture de la
porte arrière du ramasse bottes. Lorsque celui-ci
était plein, il suffisait de tirer la corde fixée à portée de main du conducteur du tracteur qui
reliait le déclenchement d’ouverture, les bottes se retrouvaient regroupées par
petits paquets de 10 ou 15, facilitant ainsi le
chargement en diminuant le nombre d'arrêts du
tracteur. Quelle belle aubaine, moins d’arrêt
pour charger, gain de temps, seule récompense, le
droit de gigoter un peu plus longtemps au lit le dimanche
matin avec Mélusine, mieux, il ne lui demandait
même plus de venir avec lui à la messe du dimanche
matin comme il faisait précédemment histoire de casser
l’étreinte du matin. Une victoire, une !
D’autres WE, il me fallait passer les betteraves à la
sarcleuse tirée par la vieille bourrique. La pauvre
bête n’en pouvait plus au moins 50 ans d’âge, elle ne
se bonifiait pas comme le bon vin, alors Fanfan la
magouille prenait les brancards de la sarcleuse,
pendant que moi je guidais la bourrique pour
qu’elle aille droit, tout en tirant autant qu’elle.
Il y eut aussi l’installation de chaînes de curage
dans les écuries, casser le vieux béton à la masse,
tourner le béton à la pelle, pour des dizaines de
mètres carré, ce fut pour ma gueule, et comme
récompense, droit au fromage blanc à la crème,
qui je l’avoue était excellent. Merci la belle-mère.
En famille rapportée à cette famille S, elle
comprenait très bien les coups tordus de son
bonhomme et son foutage de gueule à mon encontre, pour
en avoir subi sa part avant d’être elle-même acceptée
dans la famille S.
Il y eut également l'épisode de la pompe à eau. Le
ranch, situé trop haut en altitude n’était pas relié
au réseau d’eau potable. Une fontaine fournissait
l’eau pour la consommation alimentaire, avec les
vérifications sanitaires régulières qui s’imposaient.
Il fallait aller la puiser au seau, c’était le travail
des femmes…. En hiver cette fontaine fournissait
également l’eau des vaches, pompée par un groupe
surpresseur vers un réservoir pressurisé. Or en
période chaude, l’eau de cette fontaine ne suffisait
plus, la fontaine tarissait, il fallait réserver l'eau
de cette fontaine pour l’alimentaire, le surpresseur
devait alors puiser dans une citerne partiellement
alimentée par les eaux de pluie, une vanne trois voies
permettait de basculer le pompage sur une citerne.
Souvent les pluies ne suffisaient pas, et lorsque
l’eau manquait pour abreuver un cheptel d'au moins 100
bêtes, plusieurs fois par semaine il fallait remplir
la citerne avec la tonne à eau, remplir cette satanée
tonne au seau en puisant au seau dans une fontaine
située dans un pré, à deux personnes, l’un au sol
remplissait le seau, le second perché sur l’attelage,
vidait les seaux dans la tonne à eau. Il fallait 3
tonnes de 600 litres pour remplir cette foutue
citerne, cela, plusieurs fois par semaine, ça faisait
pas mal de seaux à manoeuvrer.... Encore une corvée de
plus qui était planifiée pour mon arrivée le WE. Cette
comédie des seaux m’incita à trouver une méthode un
peu plus efficace, monter une pompe commandée par la
prise de force du tracteur.
Mon père avait récupéré par un vieux copain, des
moteurs électriques, et des pompes venant d’une
fabrique de moutarde dijonnaise. Dans le lot, il y
avait une pompe auto-amorçante avec pales caoutchouc,
pour un diamètre de tuyau d’environ 40 mm. Je la
ramenai à l’atelier, je fabriquai
un petit châssis en cornière
su lequel je boulonnai cette pompe, je fixai deux
paliers, avec sur leur arbre et une grosse poulie
trapézoïdale, 30 cm de diamètre pour le moins, une
courroie commandait la poulie
de 5cm de diamètre en bout de la pompe. Il ne restait plus qu’à souder une embase
pour cardan à l’autre extrémité de l’arbre, et le tour
était joué. Le samedi suivant, je boulonnai ce montage
sous l’attelage de la tonne à eau, de son côté Fanfan
la magouille avait récupéré une embase cannelée de
cardan. Le cardan de l’épandeur à fumier qui ne
servait qu’en hiver allait très bien convenir pour les
remplissages de la tonne à eau en été. Fanfan la
magouille et moi fîmes les essais un début d’AM, en 10
mn, la première rotation d’eau était faite. Moteur du
tracteur ralenti, en 5 mn, la tonne était pleine. Le
beau-père était aux anges, j’eus droit à sa
bénédiction à la messe suivante ! Enfin s’il y a
pensé… Certainement qu'il aurait fallu que j'aille
gober une hostie.
Les tribulations de Fanfan la magouille au Ranch
triple-S.
Fanfan la magouille fut d’abord une victime, victime
de l’orgueil de son père Ro-S/Lavalise.
Fanfan la magouille a commencé le travail à la
ferme dès le plus jeune âge, 11 ou 12 ans, hors
scolarité il était soit sur un tracteur, soit en train
de curer les vaches, ou les traire. Il est courageux,
aucun doute possible. Néanmoins il a souffert de
beaucoup de privations de temps libre, il ne prit
jamais de repos, les seules sorties étant des sorties
familiales. Lorsque j’épousai Mélusine il n'avait que
16 ans, ce fut pour lui un bol d’oxygène, il avait un
interlocuteur plus jeune pour rigoler, parler de
choses qu’il ne pouvait aborder avec son père par
exemple. Son grand père Jean était beaucoup plus
intéressant, blagueur, facile à vivre, mais il était
déjà sur le déclin, nous avions de bien meilleurs
contacts avec lui qu’avec son fils Ro-S/Lavalise, mon
beau père aux airs de curé.
Puis, pour Fanfan la Magouille, vint l’âge du service
militaire, aucune raison pour qu’il ne l’effectue pas,
mon avis personnel était que ça lui aurait fait le
plus grand bien du monde, en lui montrant que bien
d’autres personnes vivaient bien plus mal que lui, et
aussi apprendre l’humilité. Comme son père
Ro-S/Lavalise, Fanfan la magouille, était imbu de sa
personne, et bourré d’orgueil, il avait été élevé
selon "l'ordre familial", l'un comme l'autre
étaient habités par le Syndrome Incluso
Démolitif Actif (SIDA) hérité de Farinette.
Malheureusement pour tous, il fut reconnu comme
soutient de famille et exempté de service militaire,
seul profiteur : le furher Ro-S/Lavalise, sa main
d'oeuvre lui était allouée gratuitement encore
un an.
Pourtant, quel beau bleu j’aurais pu recadrer dans les
paras ! Néanmoins il travaillait, un travail plus qu’à
part entière, avec pour rémunération le logé et
blanchi, et un peu d’argent de poche, comme on
donnerait à un gamin du collège. Fanfan la
magouille était un peu chaud lapin, lors des
sorties au bal, on l’a souvent surpris près d’un bal parquet,
dans un coin noir, remontant rapidement son pantalon pendant
qu'une gamine se cachait. Et comme la nature le veut,
il fréquenta sérieusement, puis épousa Eve. Eve était
fille de cheminot, conclusion direct du furher-curé
Ro-S/Lavalise : c’était un communiste, donc sa fille
n'était même pas bonne à jeter aux chiens, malgré les
risettes faux cul de son beau père, elle fut d'office
traitée comme tel. Pire, la mère d'Eve se trouvait
être une ancienne conquête d' And-SL, le frère de
Ro-S/Lavalise, cette fille qui l’avait plaqué à la vue
de l’ambiance qui régnait au Ranch triple-S. Version
officielle Ro-S/Lavalise, c’était une garce, donc la
fille ne valait pas mieux. C’est au beau milieu de
cette ambiance qu’Eve épousa Fanfan la magouille, pour
venir habiter au Ranch triple-S, dans les pattes du
furher. Les jeunes mariés n’avaient pas de logement,
les repas devaient être pris en commun, une simple
chambre leur permettait un semblant de « chez soi ».
Leur "intimité" dans ce 3m sur 3m était interrompue
chaque matin à 4 ou 5 heurs par le maître des lieux
Ro-S/Lavalise, il fallait aller faire le pansage des
vaches. Malgré cet emploi de fait, Fanfan la
magouille n’avait toujours pas de salaire, le
salaire d’Eve était le seul revenu pour ce jeune
couple, avec simplement quelques billets que Jac
glissait en douce à son fils.
Un jour cela a éclaté, pour clouer le bec de Fanfan la
magouille, Ro-S/Lavalise lui acheta une Renault 5
comme rémunération pour près de 10 années de travail…
C’était se foutre de la gueule du monde ! Je
partageais cet avis, Mélusine également. Mais furher
oblige, il fallait s’écraser, et puis ce n’était pas
nos affaires.
Fanfan la magouille désireux de changer d'air,
passa son permis poids lourd et chercha un employeur,
il trouva des roulages de bestiaux pour les foires,
son salaire en devait pas être mirobolant, mais il
avait au moins cet argent pour lui. Puis il déménagea,
pour prendre un logement à Fuzy, il pouvait enfin
avoir une vie de famille à peu près normale, tout en
venant assurer le travail au ranch, et se faire
enguirlander s'il avait 5 minutes de retard.
Puis un jour il décida de construire un pavillon, au
Ranch, un peu à l’écart du château. Quel cirque ce fut
pour obtenir un lopin de terre quand on a à faire au
furher. Selon lui, il fallait que sa sœur ait la même
part, diviser pour régner, encore ce Syndrome
Incluso Démolitif Actif (SIDA) hérité
de Farinette. Quelle salade, elle s'est soldée par
un acte notarié attribuant à sa sœur Mélusine,
un lopin de terre enclavé dans un coin de friche dont
celle-ci n'avait strictement rien à cirer, un enclave
dans la future propriété de son frère, une parfaite
élucubration du semeur d'embrouilles qu’était
Ro-S/Lavalise. Par un ami, je fis faire les plans de
la maison de Fanfan la Magouille, qui put déposer son
permis de construire, et commencer les travaux.
Survint l’été 1976 et la sécheresse catastrophique
pour les agriculteurs du centre. Plus rien à manger
pour les bovins, il fallait aller en foret pour couper
des branches et les donner à manger aux vaches, telles
étaient les solutions restantes aux agriculteurs. Des
achats de paille furent effectués sur pied dans le
département de l’Aube, dans les régions du centre Val
de Loire, des convois de tracteurs partirent presser
de la paille, une paille habituellement brûlée sur
place, des wagons furent affrétés pour le transports,
des Florettettes de camions prirent la route,
Ro-S/Lavalise et Fanfan la magouille prirent la
route avec un tracteur et une presse pour aller
presser en bottes de la paille dans les champs du
département de l’Aube. Ainsi, Fanfan la magouille,
avec son permis poids lourds, se retrouva à
transporter de la paille pour un transporteur local,
au grand désarrois de son père qui perdait un employé
gratuit.
Un marché de la paille s’était ouvert entre les
grandes régions de céréales et les régions d’élevages,
toujours demandeuses actuellement. Fanfan la Magouille
acheta un camion, puis un semi remorque, puis d'autres
remorques, il se retrouva en quelques années à
la tête d’une Florettette de 7 ou 8 semi-remorques.
Bien évidemment il se prit la grosse tête, ça faisait
partie de sa nature, il avait embauché un mécano à
temps complet, il mettait une pression infernale sur
ses chauffeurs, tout en refusant de leur payer les PV
pour les horaires de conduite non respectés, même
lorsqu'il les forçait à effectuer ces dépassements de
temps de conduite, son Syndrome Incluso Démolitif
Actif (SIDA) s'amplifiait de jour en jour, le
parfait aspect du patron-tiran, tout ce que j'exècre pour
l'avoir toujours combattu.
Puis survint un accident qui a perturbé sa vie, celle
de son couple, son fils unique se tua en voiture. Le
couple s’aigrit, nous pouvons le comprendre.
Néanmoins, cela n’autorisait pas pour autant Fanfan
frauder pour récupérer les vaches de son père lors de
son départ en retraite, les prés, le matériel, tout ça
à la barbe de sa sœur, ou de placer un arroseur sur
les remorques de paille toute une nuit pour gagner
deux ou trois tonnes supplémentaires à la pesée
de la paille, toujours guidé par ce Syndrome
Incluso Démolitif Actif (SIDA) .
Depuis quelques années, pour tenter de récupérer
sa part d'héritage, la fée
Carabosse est maintenant
confrontée à son frère Fanfan la magouille qui alla
jusqu'à faire des faux en écriture. Laissons les
opposer leurs chromosomes respectifs du Syndrome
Incluso Démolitif Actif (SIDA).
Toutes ces malhonnêtetés, ces magouilles n’empêchèrent
pas Fanfan la Magouille de déposer son bilan et à
revoir à la baisse son activité. Souvent j’ai repensé
à un coup de gueule que nous avions eu 20 ans plus
tôt, alors qu’il se prenait la grosse tête, une
chicanerie au cours de laquelle il m’avait reproché
d’avoir déposé de bilan au moment du premier choc
pétrolier. J’avais coupé court à ses propos imbéciles
en ces termes : « Fanfan la magouille, n’oublie pas
que le chien qui m’a mordu possède encore toutes ses
dents ! »
Y aurai-il une justice ? Toujours est-il que le chien
l'avait bel et bien mordu, et à pleines dents ! Fanfan
la magouille s’est encore plus affirmé dans les
magouilles d’héritage au détriment de sa sœur, allant
jusqu'à faire des faux en écriture. Etant divorcé,
maintenant ce n’est plus mon affaire.
Des années après avoir récupéré le cheptel et le
matériel de son père, comme par hasard, il ne s’occupa
plus de ses parents qui avaient plus de 90 ans,
invalides, et de qui il ne pouvait plus rien tirer.
Alors que Fanfan la Magouille habitait à 100
mètres de ses parents, Mélusine dut faire 180 kms
aller retour pour s’en occuper deux fois par semaine
jusqu'à son décès, puis ensuite pour s'occuper de sa
mère qui continuait de vivre
seule dans sa maison, cela jusqu'en
début 2025. Alors que sa mère, délaissée, se plaignait
du peu d'intérêt que Fanfan la magouille lui portait,
celui-ci poussa
la plaisanterie jusqu'à dire à sa mère "tu
n'es pas une « S », donc tu n’a pas droit à la
parole", parfaite concrétisation de ce Syndrome
Incluso Démolitif Actif (SIDA) exprimé dans
la pire de ses formes. Jacqueline,
rejetée par sa belle famille, sur ses vieux jours, se
vit rejetée par son propre fils sous prétexte qu'elle
n'était pas de lignée historique du ranche 3S.
Quelle famille ! En faisant découvrir à Mélusine les vertus des sièges de ma 4L, je ne savais vraiment pas où je mettais les pieds.
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