Chapitre 2 - La période militaire
Un jour de mars1966, arriva ma feuille de route pour le service militaire, d' une durée 16 mois, j'étais convoqué le 5 mai 1966 à l’ETAP, (Ecole des Troupes Aéroportées à Pau).
Cette nouvelle entraîna l’hilarité de Robert qui me dit
« Les para ! Tu ne voulais pas croire que je t’avais
pistonné avant de partir ! ». Cela ne m’inquiétait pas
plus que ça, je savais que la coupe TAP m’attendait, ça
ne me gênait pas du tout, même si c'était l'époque des
yéyé, je n'ai jamais porté de cheveux longs, point
barre, le reste on verra bien en temps et heure.
Service militaire à Pau, à l’ETAP, 1966 et 1967
Un peu inquiet je pris le train pour Pau, le calcul le plus court prévu par l’administration me faisait traverser le Massif Central plutôt qu’emprunter les lignes plus rapides. Dans le compartiment je voyageais avec un autre jeune, pas plus joyeux que moi, flairant qu’il se trouvait dans le même cas que moi, je lui demandai où il allait.
-Je vais à l’Armée, à Pau
-Moi aussi….
On compara nos feuilles de route : même affectation, la conversation s’engage, j’appris qu’il habitait Pulcheux à 4 kms d’Aubertin, ce fut le début d’une petite complicité à la compagnie d’instruction entre Emile (surnommé Milou), et moi. Il fit ses classes, passa son brevet parachutiste, puis fut muté au service auto, où il devint le parfait bidasse du service auto. Milou fit parler de lui d’une façon un peu particulière, une aventure qui lui coûta la prison et du rabe.
ETAP
Un jour il dragua une fille quelque part dans Pau. L’idée lui vint de la ramener à la chambre. Promettant à la fille de passer une nuit sympa dans une piaule discrète, en fin d'après midi, il l’embarqua dans son camion Simca, il lui fit passer le poste de police en se baissant sous le tableau de bord. Arrivé devant sa chambrée Milou débarqua discrètement la donzelle, la conduisit à sa piaule, une piaule de 20 lits où tous étaient absents, j’imagine que la fille a quand même du être surprise, super la discrétion ! Peut-être même a-t-elle eu envie de se sauver, mais une gamine au milieu d’un camp militaire, en plein après midi, et quelle direction prendre dans le labyrinthe de l'ETAP ? Elle resta avec son julot d’un soir. Or une demie heure plus tard, d’autres chauffeurs arrivèrent, la nénette en pleine action se blottit sous les couvertures, combien de temps passa-t-elle inaperçue, on n’en sut jamais plus, pas plus qu’on ne sut ce qui s’était passé au cours de la nuit, dans un pieu avec aux alentours une vingtaine de soudards en manque pour la plupart. Rares étaient les appels du soir dans les piaules du service auto, quant aux appels de Diane, ils ne savaient déjà plus que ça existait, la fluctuation des camions en toutes heures rendait ces appels invérifiables dans les piaules des chauffeurs. L’affaire fut découverte le lendemain matin. Juste en face la porte de la chambre, à une bonne cinquantaine de mètres se trouvait le bureau du lieutenant Wahl, responsable de la CDO, connu comme une belle peau de vache, d’ailleurs son nom lui valait le surnom de « boche ». Pas de chance, Wahl était le nez à la fenêtre juste au moment où Milou fit monter la donzelle dans le Simca. Wahl sauta sur son téléphone pour faire bloquer le camion au poste de police. On ne connut pas le sort de la nana, mais Milou se prit 30 jours de tôle dont 15 de forteresse à la citadelle de Bayonne ! Rien que ça , un scoop au travers de l’ETAP ! Quand je le rencontrai plus tard, je lui demandai en riant.
-Ça fait quand même cher pour tirer un coup, si c’était à refaire, tu le referais ?
-Oh oui, mais ils ne me coinceraient pas.
On n’en sut pas plus, il ne vendit jamais la mèche, ses copains de chambre non plus. Nous nous sommes revus après nos libérations, il était toujours aussi fier de son « coup » !
Service militaire à Pau, à l’ETAP, 1966 et 1967
Un peu inquiet je pris le train pour Pau, le calcul le plus court prévu par l’administration me faisait traverser le Massif Central plutôt qu’emprunter les lignes plus rapides. Dans le compartiment je voyageais avec un autre jeune, pas plus joyeux que moi, flairant qu’il se trouvait dans le même cas que moi, je lui demandai où il allait.
-Je vais à l’Armée, à Pau
-Moi aussi….
On compara nos feuilles de route : même affectation, la conversation s’engage, j’appris qu’il habitait Pulcheux à 4 kms d’Aubertin, ce fut le début d’une petite complicité à la compagnie d’instruction entre Emile (surnommé Milou), et moi. Il fit ses classes, passa son brevet parachutiste, puis fut muté au service auto, où il devint le parfait bidasse du service auto. Milou fit parler de lui d’une façon un peu particulière, une aventure qui lui coûta la prison et du rabe.
ETAP
Un jour il dragua une fille quelque part dans Pau. L’idée lui vint de la ramener à la chambre. Promettant à la fille de passer une nuit sympa dans une piaule discrète, en fin d'après midi, il l’embarqua dans son camion Simca, il lui fit passer le poste de police en se baissant sous le tableau de bord. Arrivé devant sa chambrée Milou débarqua discrètement la donzelle, la conduisit à sa piaule, une piaule de 20 lits où tous étaient absents, j’imagine que la fille a quand même du être surprise, super la discrétion ! Peut-être même a-t-elle eu envie de se sauver, mais une gamine au milieu d’un camp militaire, en plein après midi, et quelle direction prendre dans le labyrinthe de l'ETAP ? Elle resta avec son julot d’un soir. Or une demie heure plus tard, d’autres chauffeurs arrivèrent, la nénette en pleine action se blottit sous les couvertures, combien de temps passa-t-elle inaperçue, on n’en sut jamais plus, pas plus qu’on ne sut ce qui s’était passé au cours de la nuit, dans un pieu avec aux alentours une vingtaine de soudards en manque pour la plupart. Rares étaient les appels du soir dans les piaules du service auto, quant aux appels de Diane, ils ne savaient déjà plus que ça existait, la fluctuation des camions en toutes heures rendait ces appels invérifiables dans les piaules des chauffeurs. L’affaire fut découverte le lendemain matin. Juste en face la porte de la chambre, à une bonne cinquantaine de mètres se trouvait le bureau du lieutenant Wahl, responsable de la CDO, connu comme une belle peau de vache, d’ailleurs son nom lui valait le surnom de « boche ». Pas de chance, Wahl était le nez à la fenêtre juste au moment où Milou fit monter la donzelle dans le Simca. Wahl sauta sur son téléphone pour faire bloquer le camion au poste de police. On ne connut pas le sort de la nana, mais Milou se prit 30 jours de tôle dont 15 de forteresse à la citadelle de Bayonne ! Rien que ça , un scoop au travers de l’ETAP ! Quand je le rencontrai plus tard, je lui demandai en riant.
-Ça fait quand même cher pour tirer un coup, si c’était à refaire, tu le referais ?
-Oh oui, mais ils ne me coinceraient pas.
On n’en sut pas plus, il ne vendit jamais la mèche, ses copains de chambre non plus. Nous nous sommes revus après nos libérations, il était toujours aussi fier de son « coup » !
Mon service militaire
Affecté à la première
section, je fis mes classes, ma formation para, je
passai le brevet sans souci. D’office le chef de
section, l’adjudant chef E. me dirigea vers le PEG, un
PEG qui entre temps lui avait été confié.
Le WE, lorsque j’avais une permission de 48 heures, remonter au Vert Pays des Eaux Vives, prenait les ¾ de la durée de la permission, je préférais pendre la ligne de Canfran Estacion (supprimée aujourd’hui), pour me rendre à Castet, chez Roger Florette, un forestier affecté à la brigade voisine de celle de mon père, mais qui fait son stage de formation chez mon père, avec qui nous avions particulièrement bien sympathisé..
A Castet, je finis par faire partie du paysage local, en tenue, je ne passais pas inaperçu lorsque j’arrivais par le train à Louvie-Juzon pour faire les derniers kilomètres à pied. J’étais vraisemblablement le seul béret rouge à se balader dans ce village, rapidement connu, fréquemment un villageois se proposait conduire jusque chez Roger, même pas besoin de faire du stop. Castet avait son bistro, juste en face se trouvait grand abreuvoir à bestiaux que j’ai montré à Kiki 50 ans plus tard. Très souvent, à la fermeture du soir, certains piliers de comptoir y finissaient, parfois tête première. Que de rigolades le samedi soir, lorsque Roger et moi assistions à ces vidages depuis sa fenêtre située à moins de 50 m de l’abreuvoir.
Après le stage de saut, mon PEG fut le début d’une multitude d’aventures de situations intrépides dont l’adj/c E avait le secret. Cet adj/c, engagé volontaire en Indochine, avait été blessé, puis en Algérie, tous les galons obtenus sur faits d’arme, c’était une bête physique, un gradé intéressant, sympathique, subtil, très exigeant d’une part et très humain de l’autre, il aimait se faire remarquer, surtout en découdre avec les gradés d’opérette… Trois élèves gradés nous avaient rejoint, venant du 1er RPIMA de Bayonne. Connaissant cette unité au travers leurs stages de saut qu’ils effectuaient chez nous, compte tenu de leur côté risque tout et leurs beuveries au foyer, nous nous en méfions en permanence. Je connaissais de nom l’un d’eux, V…, qui avec sa "bande", avait défrayé la chronique glandverdoise pour des agressions d’homos dans le parc Roger Salengro à Glandvert. En effet, avant d'être contraints à s'enrôler, un des copains de la petite bande glandverdoise se laissait aborder dans ce parc par un des homos qui racolait en voiture. Lorsque l’affaire s’engageait, les autres survenaient, extirpaient le gars de la voiture, piquaient son pognon, montre, etc, ensuite ils mettaient le gars à poil pour partir avec sa voiture, rouler toute la nuit dans Glandvert et ses environs, et finir par abandonner la voiture au petit matin ou lorsque le réservoir était vide. Les policiers avaient reçu plusieurs plaintes, ils mirent en place une souricière et coffrèrent toute la bande. Ils furent tous condamnés à des peines différentes, le chef de la bande, V. se retrouva contraint à un engagement de 5 ans au 1er RPIMA. Considéré comme un bon élément il se retrouva à l'ETAP pour passer son PEG, nous devinions facilement ce que pouvait être la vie sous l'uniforme, de ceux qui n’étaient pas considérés comme bons éléments …. Il était accompagné de Pierrot que j’ai retrouvé en, 2014, qui après avoir passé 15 ans comme chuteur opérationnel à la BOMAP, était revenu à la vie civile et tenait un restaurant dans le 64, « le restaurant du chef ». Le troisième était alsacien, il fit également carrière mais fut perdu de vue par tout le monde. Le PEG se déroula sans trop de souci, l’adj/c E et son adjoint s/c M veillaient au grain…
Le sgt/c chuteur opérationnel Tachoires retraité, et son resto à Tartas, (2014)
L'un de nous l'a retrouvé grâce à son passage à la télé lors de l'inondation de Tartas, il avait 1m d'eau dans son resto
Nos galons de cabot accrochés, il fut
décidé de les arroser, le restaurant de Pont Long fut
choisi, retenu. Un soir en semaine, pour les trajets,
deux GMC retenu auprès du service auto, le PEG au grand
complet débarqua sur la station service de ce
restaurant, les deux camions devaient nous reprendre
vers 1 heure du matin. Tout se passa assez vite, à
l’apéro pris au comptoir, nous étions déjà échauffés,
après l’entrée, pas moins de 40 bouteilles de Jurançon
rosé avaient été dégringolées pour 30 pékins, l’ambiance
commençait à monter sérieusement. Ce bourrin de
restaurateur, sentant venir la catastrophe, au lieu
d'activer le service pour qu'on parte, traînait pour
servir, pire, discrètement appela les gendarmes. Ce
contretemps nous agaçant un peu, quelques uns de
nous sommes sortis de table pour prendre le frais. A ce
moment une 2 CV noire avec un bleu, blanc, rouge
sans la plaque d'immatriculation se gara sur la piste de
la station, deux gendarmes en descendirent et entrèrent
dans le bar. Saisis par l’ambiance et le nombre de paras
en tenue, il s’accoudèrent au bar comme si de rien
n’était, pour recueillir discrètement les propos du
barman. Soudain V. les aperçut, il se précipita à une
table, saisit un couteau, se rua en direction des
gendarmes en hurlant, « Ah bande de vaches, je
vais vous saigner » !
Heureusement que les gendarmes ont fait le dos rond et n’ont pas sorti d’arme sinon la suite aurait pu se passer différemment. Me trouvant avec quelques autres à proximité de la trajectoire de V. qui fonçait sur les gendarmes, on le stoppa, plaqué au sol dans le même mouvement. Ces bourrins de gendarmes se mirent à crier, voulant l’embarquer, nous pas du tout d’accord pour leur remettre V. Le juteux alerté par les cris déboula dans la partie bar pour calmer tout ce petit monde, d’emblée il envoya nos trois engagés prendre le frais dehors, ensuite, il s’adressa aux gendarmes s’excusant de l’incident pour faire retomber la pression, au bout d'un moment, l’ambiance revint normale, le juteux discutait le bout de gras avec les deux gendarmes.
A un moment donné, mon collègue Bernard et moi, sortîmes prendre le frais. Que voit-on ? Nos trois engagés vers la 2 CV, une portière avant baillait, tordue, Vivet et Pierrot. pissant en choeur sur les sièges ! Nous rentrons pour en informer le s/c M. qui nous répond, « Rentrez, de toute façon, le mal est fait, leur vessie va bien finir par être vidée, seuls, ils vont se calmer». Effectivement nos trois oiseaux, tout sourires, satisfaits de leur forfaits rentrèrent peu de temps après dans le restau pour rejoindre leur place dans la salle de restaurant. Sur les conseils de l’adjudant chef, les gendarmes partirent, peut-être avait-il pris l’engagement de régler cette affaire le lendemain, ils sortirent rassurés. La vue de la portière et la dégringolade sur les sièges ont du être dures…. Comment ont-ils fermé la porte de la deuche ? Ont-ils apprécié d’avoir les fesses au frais ? Toujours est-il que le lendemain, 8h30, une estafette noire débarquait à la compagnie. L’adj/c E. fut demandé par le Cdt de compagnie. Nous sûmes par le sergent de semaine qu’E. avait fait un chèque pour les bonnes œuvres de la gendarmerie…. Jamais E. n’en reparla, et nous évitions bien de lui poser des questions sur ce sujet.
L’adj/c E m’appréciant certainement, lors de l’incorporation suivante, je fis partie de l’encadrement de la CI. Avec deux autres collègues nouvellement promus, j’intégrai sa section. Tout se passa pour le mieux, on conduisit tout notre petit monde au stage de saut où je suivis la première partie d’une formation d’aide moniteur. Puis je continuai avec un contingent suivant sous les ordres du Sgt/c B., une grande perche avec des jambes qui décourageait de courir ou marcher à ses côtés. Tout se passa bien avec cette classe tout comme le stage qui suivit où je revins sous les ordres de l’adj/c E.
Le sac à dos de Royer
Royer était un de mes collègues lors de mon PEG, de grande carrure, imposant, il n'était pas capable faire du mal à une mouche. Il mangeait comme quatre, ne grossissant pas pour autant. Lorsque nous partions en mission, quelle qu'en soit la durée, il partait avec un vrai déménagement, de la bouffe pour combler son appétit, les rations ne représentaient pas grand chose pour lui, un vrai "commando-gamelle". Un jour nous sommes partis pour sauter sur Buzy en Béarn, sur une zone un peu difficile, garnie d'immenses fougères, on ne se voyait pas les uns des autres. Sortie normale, Royer, en raison de son sac immense, était généralement refoulé en fin de zinc, à l'avant, sortant dans les derniers. Nous étions presque tous en l'air lorsque certains virent descendre une masse indéfinissable en raison de sa vitesse de chute. Ceux qui l'ont vu passer se sont dit : Merde, un gars a fait tapis ... On arrive en bas, inquiets, on se regroupe difficilement en raison des fougères, Royer arriva, nous disant, j'ai perdu mon sac à dos. Éclats de rire global, on avait compris quel était cet objet chutant non identifié ! Décision fut prise de ratisser les fougères pour retrouver la musette de Royer. Il nous fallut une heure mais on la trouva, Le sac était tellement lourd que les bretelles avaient pété au freinage lors de l'ouverture du pépin, décousues au niveau de la fixation du haut. Hilarité générale. On revint au point de regroupement, Royer décida de faire l'inventaire de son sac, entre saucissons, fromages difformes, apparut un kilo de sucre, rien que ça pour 8 jours ! il soulève le couvercle, le sucre en morceaux était passé à l'état de sucre en poudre, nouvelle crise de rire, il gratte dans le sucre et sort une topette de gnôle, la topette habituelle des rations : INTACTE, protégée par l'écrasement du sucre. Nouvelle explosion de rire, puis il continua son déballage. Il arriva à son appareil photo, oh, un bel appareil à soufflet dit rétro aujourd'hui, étui en cuir brun bien brillant et qui devait couter cher à cette époque, tout semblait normale. Il ouvre l'étui, il s'en suit une avalanche de petits morceaux, nouvelle crise de rire. Il finit par remballer tout son bazar, et l'adj/C E. annonça la suite : "C'est bien beau de rigoler, mais on a une heure dans le lac qu'il faudra rattraper avant de s'arrêter ce soir, on doit coucher au col XXX ce soir," le silence se fit, chacun ramassa arme et sacs, entre temps le 4X4 des transmissions avait récupéré les pépins : on était parti pour une semaine, Royer avec des morceaux de suspente en guise de bretelles, ça devait certainement couper les épaules, mais rien ne l'arrêtait, sans jamais se plaindre, c'était une vraie force silencieuse de la nature.
Péripéties personnelles
Alors que je faisais partie de l'encadrement d'un stage de saut, je me trouvai ce jour là au bas de la tour d'arrivée, une tour qui sert à entraîner les stagiaires à prendre les bonnes positions d'atterrissage, essentielles pour éviter la casse à l'arrivée. La tour comportait 4 portes identiques à environ 12 mètres du sol, chacune équipée d'un portique et d'une poulie qui laissait descendre un cadre reproduisant la position des élévateurs du parachute, des mousquetons permettaient d'accrocher les harnais dont étaient équipés les élèves, mais sans parachute, la tour et son mécanisme freinait tout en donnant une vitesse de descente sensiblement normale et constante à celle d'un parachute en conditions normales. A chaque poste de largage se trouvait un "freineur", chargé de vérifier les accrochages, puis de réguler cette descente. Tout en bas, au sol, un tapis de sable amortissait et évitait les casses en cas d'arrivée désordonnées, notamment du genre "refus du sol" (relever les pieds inconsciemment comme si on était au contact, avec pour effet un choc coccyx, voir des soucis de vertèbres) ou inversement de "la recherche du contact au sol" (dans ce cas, l'homme tend les pieds vers le sol pour prendre contact, redressant les jambes, verrouillant les genoux, sur sol dur, c'est la fracture assurée). Parfois, face à un abruti, voulant lui raviver les esprits, depuis le bas nous faisions signe au freineur de laisser glisser, ils connaissaient la gestuelle, et augmentaient la vitesse, une bonne gamelle s'en suivait, punition gratuite du récalcitrant ou un réveil de "l'aouèche planeur". L'aide moniteur qui se trouvait en bas devait commenter l'arrivée, position, etc. Ensuite il rectifiait au râteau la surface de sable pour le suivant, et si nécessaire, il renvoyait certains guignols pour un tour supplémentaire. Un jour, je vois arriver un gars, battant des jambes pendant la descente, il se plante un genoux dans le sable, l'autre jambe en avant. Du n'importe quoi, le gars a paniqué certes, direct je lui abattis mon râteau sur le casque lourd, juste histoire de le ramener sur terre. Il se relève, un coloré ! Puis, que vois-je apparaître sous le harnais, ses galons de combat sur la poitrine, cinq galons, rien que ça ! Il s'exclame : "Ouyouyouille, ça fait dwolement mal ! ". Mes excuses furent sans effet sur le colon qui semblait plus vexé dans son amour propre en raison de son lamentable atterrissage, que par le manque de respect dont j'avais fait preuve à son encontre. Gentiment je lui ai fait comprendre qu'il avait gagné un tour gratuit, et il est remonté. Je n'ai jamais su si c'était la gamelle ou le coup de râteau qui lui avait fait mal... Si son casque lourd était bien brellé, normalement il ne devait pas sentir grand chose. Ce n'était pas passé inaperçu du chef de stick, celui-ci me coinça en douce pour me dire "Une autre fois, fais attention aux "colorés", généralement ce sont des officiers venant de l’Afrique noire pour un stage rapide.... Autrement dit les fameux brevets "en chocolat" attribués sans saut de nuit, et sans entrainement pour milieu aquatique. Ce type de brevet a été supprimé dans les années 80 ou 90.
Mon accident
Chaque mercredi, avaient lieu des sauts d’entretien, normalement destinés aux personnels brevetés, placés dans les services pour les faire fonctionner. De passage à la semaine, je consulte la liste, liste pleine. Je vois dans les inscrits le nom du Sgt Chataigne, libérable le lendemain, nous avions déjà arrosé son départ. Je pris un stylo, barrai son nom, et mis le mien à la place, puis je me mis en quête de Chataigne. Je lui dis : « Je te remplace pour le saut de ce soir, imagine que tu te bousille une patte, tu serais bon pour faire du rabe sanitaire ». Après son coup de gueule, il se calma, et abandonna l’idée de sauter le soir même.
Nous voici embarqués dans l’avion, en « touristes », c'est-à-dire sans armes ni quoi que ce soit seulement les 2 pépins sur le dos. Comme d’habitude, avec quelques collègues, on décide de pousser à tout va depuis le fond du zinc. Pour ce type de saut, normalement les 40 bonshommes sortent à la cadence maximum d’un par seconde par porte pour éviter les accrochages, soit environ 20 à 30 secondes pour vider le zinc. Notre record était de 6 secondes pour vider un Noratlas…. Nous étions quand même sérieusement proches les uns les autres lors de la descente…
Une fois en l’air, procédure habituelle, je fais les vérifications suivant la procédure, je vérifie ma voilure, j’effectue un tour d’horizon, RAS, personne trop près, je prends mes repères, je jauge la vitesse et direction du vent : euh, ça soufflait pas mal,je me dis : il va falloir serrer des canes… Dans ce cas de figure la procédure était la suivante : traction à mort contre le vent, tout lâcher à la seconde précédent le toucher. Ainsi prêt, j’arrivai dans les 25/30 m du sol, position d’atterrissage groupée, lorsque j’entendis un boum au dessus de ma tête. Aussitôt, je vois un zig qui avait du prendre une traction dans le mauvais sens, dans le vent, il glissa le long de ma coupole, son pépin passa sous mon nez, de suite il fut en dessous de moi. Sans avoir le temps matériel de réagir, je partis à mon tour en chute vers le bas, aspiré par la dépression créée par son pépin, je décrochai sous lui juste au moment du contact avec le sol, à une vitesse du double de la normale. Heureusement, vu le vent, ma position d’atterrissage étant déjà prise, bien tenue, genoux déverrouillés et pieds serrés. Un bon « flac » s’en suivit sur une route de traverse que j’avais justement visée pour atterrir en lieu propre et plat plutôt que risquer une cheville dans la friche environnante garnie de touffes à bascule. Douleur immédiate dans le dos, basculé sur le dos tiré par le vent, impossible de faire quoi que ce soit, le vent tirait sur mon pépin, j’avais mal dans les secousses, j’étais vraiment pas bien du tout, sonné mais très lucide, je me rappelle d’avoir gueulé au choc. Des collègues arrivèrent en courant, plaquèrent ma voile au sol, l’un d’eux dégrafa ma barrette de poitrine pendant qu’un autre agitait la voile, signal connu pour appeler les secours. Un Dodge ambulance arriva au travers de la lande, les deux infirmiers voulurent me placer sur la civière, problème, j’avais mal, très mal, je m’agitais un peu trop au goût des infirmiers qui tentèrent de m’immobiliser le temps que je me calme. Puis subitement tout s’est débloqué, je fus chargé dans le Dodge pour l’hôpital de Pau.
Déjà à l’époque on poireautait dans le couloir en attente de soins. A côté de moi attendait entre autres, un motard de la gendarmerie, bien que shooté, celui-ci râlait quand même, atrocement, une fracture ouverte du fémur, l'os dépassait du pantalon, un peu angoissant quand même, à 20 ans je n’avais jamais connu l’hôpital, cette image ne m'a jamais quitté. Je sus après que le gendarme avait été coincé contre un parapet de pont par un chauffard qu’il poursuivait (ça existait déjà à l’époque …). Peut-être deux heures plus tard, ce fut pour moi, les séances radio, puis le diagnostic tomba : L1 et D12 fracturées. La sanction tomba comme un couperet : Un mois allongé une planche sous un matelas qui faisait pas plus de 10 cm d’épaisseur. A l’époque on n’opérait pas les vertèbres ni les disques, si ça ne se réparait pas tout seul c’était le handicap à vie, selon le radiologue, les radios étaient encourageantes, je me suis tenu à carreau, de toute façon je n’en menais pas large. On se fait à la planche, même pas le droit de se lever pour les WC… Pas d’infirmières, des infirmiers, cons et antimilitaristes de surcroît, l’un d’eux homo, on imagine aisément l’ambiance dans une chambre d’une douzaine de paras…
Au premier passage du toubib, ce fut cadrage direct, on ne bouge pas, sinon vous ne remarchez plus, vous avez un exemple à côté de vous… J’avoue que ça refroidit. Je fis connaissance avec les 8 ou 10 compagnons d’infortune du moment, certains avec des poids de traction sur le talon, tibia cassé avec croisement des os, mon voisin paraplégique à la suite à un saut de nuit sur une DZ incendiée, toute noire, croyant le sol encore loin, malgré les consignes il n'avait pas encore pris sa position d’atterrissage, il avait tapé en vrac, avec pour sanction la moelle épinière atteinte. Surpris j’appris qu’il était de la région de Gueugnon (71), soit environ 100 kms de chez moi, ses parents agriculteurs. Je le revis quelques années plus tard, dans sa région, un soir de fête de village, toute sa vie s’était organisée au tour du fauteuil roulant, mélange de tristesse et de joie de revoir un compagnon d’un mois.
Le lendemain de mon accident, je reçus la visite de mon chef de section qui s’inquiétait de mon sort, puis celle du sgt Chataigne à qui j’avais volé la place dans l'avion, et qui partait prendre le train pour rentrer chez lui, en Alsace, libéré. Je lui dis « Tu vois que j’avais raison, ta place était vraiment pourrie, si je ne l’avais pas prise, tu serais ici, à ma place, et tu ferais du rabe », réponse : « oui, mais moi j’aurais vu arriver le connard ». Facile à dire, mais au vu de la vitesse où ça s'est produit…
J’annonçai mon hospitalisation par lettre, à Roger Florette, lui expliquant que je ne pourrai pas me rendre à Castet de si tôt. Il vint me voir le jour même de la réception du courrier, me demandant si j’avais prévenu mes parents. Comme je ne l’avais pas fait, il me dit « je m’en charge, j’appelle tes parents ».
Ainsi je rongeai mon frein 35 jours avant de réintégrer ma piaule, suivit environ une semaine de surveillance sous la vigilance de « Zorro » surnom du Cne Ravallec, médecin chef de l’ETAP, ensuite je pus partir en convalescence 15 jours à la maison.
De retour à l’ETAP, dans l’attente du contingent à venir, j’avais été affecté à la commandement, avec prise en charge de l’AMCI, un local qui stockait certains approvisionnements hors logistique pour les opérations, vivres, boisson, et aussi la tenue de ce petit stock de munitions d’entraînement. Mais interdit de saut.
De nouveau, je repris mon entraînement à la courses à pied, j'avais promis à Zorro d'y aller mollo, 10 minutes maxi au début, puis je passai tranquillement outre, je n'avais pas de séquelle au dos, deux fois par semaine, la jeep me descendait à l’hôpital de Pau, voir le kiné qui m'avait suivi. Je fis ainsi près d'un mois, j'avais droit aux massages et à la rééducation, pas moins d'une heure chaque fois. Ce kiné, aveugle, était affecté à l’Hôpital, il ne venait dans l'aile militaire que pour voir les accidentés. J'allais le voir à son cabinet, c'est là que je fis connaissance de sa petite collaboratrice, Nicole une jeune infirmière de 21 ans. Etant, aveugle, tout se passait sous ses doigts, au toucher, mais il lui fallait un minimum d'aide pour ses documents, et aussi se piloter dans les couloirs , c'était le rôle de Nicole mais uniquement dans la partie civile, arrivé dans l'aile réservée aux militaires, il marchait en se guidant aux barres des couloirs puis nous appelait lorsqu'il arrivait à la porte de la chambre pour se diriger au son de la voix, imaginez le chahut si une fille était venue zizaguer entre les lits.
Néanmoins, Nicole était très mignonne, je la rencontrai plus tard, après ma sortie d’hôpital, lors de mes visites au kiné. En discutant avec elle, j'appris qu'elle était de Louvie Juzon, juste à côté de Castet où résidait mon ami Roger. Quelle aubaine, je finis pas la convaincre de se rencontrer au café de Louvie Juzon, un samedi soir. Ce fut le début d'une amourette qui dura jusqu'à ma libération. J'avais même pris mes repères dans sa chambre mansardée d'un immeuble de Pau. Pourquoi n'ai-je pas rempilé ? Quel con j'ai été ! Rendez-vous compte, je n'aurais pas eu à subir les turpitude des 3 fées. Avec le recul du temps, mon retour la vie civile fut franchement un mauvais choix, qu'est devenue cette petite brunette ? Curieux de savoir, j'en ai parlé à Roger 20 ans plus tard, mais comme il avait quitté la vallée d'Ossau depuis des années il n'a pas pu me répondre.
De retour au service semi actif, c’est à dire exempt de sauts, j'ai intensifié mes entraînement, 15, 18 kms le matin dans les bois avoisinant l'ETAP, souvent le matin entre 6 et 7 heures 30, short, espadrilles, torse nu, fréquemment je rencontrais le colonel Merglen, le chef de corps, dans le même appareil. Un jour il m'arrêta, et nous discutâmes de tout et de rien, presque chaque matin, sans m'arrêter j'y allais du "Mon Colonel"... Arrive une compétition inter-régimentaire qui se bouclait sur le terrain de sport. Sans l'autorisation de Zorro le médecin chef, je m'y inscrivis, je pris le départ, et arrivai 5 ième, le dos en feu. Arrivé sur la boucle d'arrivée sur le stade, que vois-je juste avant l'arrivée : Zorro. Lui aussi m'avait vu, il sauta la balustrade, et me rattrapa direct, c'est en me gueulant dessus que nous avons franchi la ligne d'arrivée. "Demain 8 heures dans mon bureau, on va régler ça"! Il arrêta là ses engueulades, à l'arrivée se trouvait le colonel, et une bonne partie des états major des 3 régiments engagés, discrétion oblige. Le lendemain, prudent, connaissant le bien nommé Zorro, j'étais plutôt en avance à sa convocation. M'apercevant dès son arrivée, il me dit, suivez-moi ! Au garde à vous dans son bureau, la remontée de bretelles ne dura pas moins d'un quart d'heure, s'écriant qu'il devrait me coller au trou, etc, etc. Je pense que si j'avais répondu d'une façon ou d'une autre, il m'aurait collé son poing sur la figure, son surnom de Zorro n'était pas usurpé... Il était coutumier du fait... Après une auscultation du dos pendant laquelle il ne se priva pas de me faire mal, appuyant très fort où il savait que ça faisait souffrir. Commentaire : vous n’avez plus mal, je ne veux plus vous voir, mais pas de sauts avant un mois. Je crois que ses menaces ont éliminé mes dernières douleurs. Pour le moment du moins. Quant aux sauts, je le roulai dans la farine en allant sauter sur l’eau au lac de Lourdes, point d’entraînement avant les opérations en mer. Donc pas de choc à l’arrivée.
Stage de voile à Hendaye
Décision précédente de Zorro, et pour reprendre le rapport qui avait été transmis à mon chef de section, je devais me tenir tranquille pendant encore un mois, officiellement « dispensé d’efforts physiques violents » . Or, que vois-je au tableau d’affichage, l’annonce pour un stage de voile à Hendaye, pourquoi pas, c’est pas spécialement violent. Direct je postulai, mon chef de section donna le feu vert en me regardant d’un air suspicieux.
Quelques jours plus tard, je partis en camion pour Hendaye, où des tentes modèle 56 nous attendaient, installées sur un terrain militaire en bord de mer, tout près de la base aéronavale, à l’embouchure de la Bidassoa. Nous prenions la suite d’une équipe qui venait de partir, mission, apprendre à manœuvrer la voile, et effectuer les récupérations et des parachutistes largués en mer. Pour ces derniers travaux, nous étions équipés de deux bateaux de débarquement à fond plat, double fonds, prévus pour 12 à 15 hommes, et équipés d’un moteur de 25 CV. Nous avions aussi deux zodiacs de six places, équipés de moteur 9 CV. Rapidement on découvrit que les 25 CV sur les zodiacs faisaient un peu plus d’effet dans les rouleaux de l’embouchure de la Bidassoa. Cela se passait sous le nez des carabiniers espagnols, sur les dents, PM opérationnels, mais c'était plus intéressant que la voile, je passai 6 jours à Hendaye sans jamais avoir mis les pieds sur un voilier …
Chaque soir c’était nouba en ville, la sangria coulait à flot, bref, je respectais à merveille la consigne de Zorro : « pas d’effort physique violent ».
Or un soir, en pleine nuit, couché sur un lit pik-up, mon lit se mit à bouger, pensant qu’il touchait l’ossature de la tente 56, et que les vibrations venaient de la tente d’à côté, je me dis," il y en a un dans la tente à côté qui est en train de bourrer une fille, quelque chose de sérieux, la gars en met un sacré coup !" J'écarte mon lit de camp du montant de la tente, mais ça continue, bref, je me retourne, et décide de dormir.
Oh je n’ai pas dormi longtemps, une demie heure tout au plus, un mataf de la BAN déboule plein pot dans le camp de toile, gueulant à tout va, cherchant un responsable. Pas de bol, les ¾ des gars étaient en ville. Les quelques présents s’approchent pour la raison de ce remue ménage, réponse du mataf :
« un message radio vient de tomber de chez vous, à 8 heures des GMC vous embarquent pour Arette, à 70 kms d’ici il y a eu un tremblement de terre, vous partez tous pour déblayer. Voici comment s’est terminé mon stage de voile.
A Arette, c’était la désolation, tout le monde était dans la rue, aucune maison épargnée. Des hommes sont arrivés d’autres unités, le 1er RCP, un RPIMA, je crois les hussards venus de Tarbes. Au bout de trois jours, je fus ramenés à l’ETAP, comme toute l'équipe du "stage de voile". En effet nous n'étions pas équipé du tout, les treillis nous étaient prêtés par des collègues, etc, une équipe est venue nous relever, je réintégrai ma compagnie.
Je suis repassé à Arette en 2014, j'ai même discuté avec le boucher qui se souvenait très bien de l'intervention des militaires.
Le bleu blanc rouge
Lorsque j’étais en stand bye entre deux promos, avec quelques collègues, chaque fois que c’était possible on profitait des sauts d’entretien. Un jour, je pense que c’est Rom. qui a eu cette idée, il n’en loupait pas une, il me dit :
-si on faisait une sortie (d’avion) en bleu blanc rouge type patrouille de France.
-Tu déconnes, on a du talc à la SEEP (pliage des pépins) mais avoir du bleu et du rouge, ça doit pas être facile.
-Je vais à Pau cet AM, je vais bien trouver une droguerie à Pau pour acheter un kilo de bleu un kilo de rouge à tracer, ça vaut 4 sous…
-Si tu trouves, OK, moi je vais voir…. A la SEEP, je ramènerai du talc.
Ainsi nous avions nos trois couleurs dans nos placards, attendant l’occasion d’un futur saut d’entretien pour tester l’affaire.
La semaine suivante, nous pûmes nous enregistrer, trois copains, Roger, Rom. et moi. Arrivés à l’embarquement, chacun son sac de poudre de couleur dans le treillis, on perçut nos pépins. Puis on s’écarta des autres en direction du « bois du pipi de la peur », comme si on voulait pisser. (En effet ce petit bosquet était nommé ainsi, on allait régulièrement soulager nos vessies avant l’embarquement, c'était plus prudent, parfois l’attente était longue….) Discrètement nous avons ouvert la fermeture du sac à voile, il a fallu casser des ficelles de ruptures, et les remplacer, nous avions préparés les morceaux de ficelle de rupture pour pouvoir refermer correctement nos pépins bien enfarinés de poudre de couleurs. Après avoir rejoint le stick, nous nous sommes équipés, le chef de stick fit sa vérification du stick équipé, puis on monta dans le zinc, tous trois du même côté, deuxième vérification de l’équipement, en bon ordre, moi avec mon blanc placé au milieu de mes deux comparses. "Debout accrochez," troisième vérification des SOA, et hop, tout le monde dehors ! Vérification d’ouverture, coupole impec, je laissais un beau nuage blanc derrière moi, le bleu me précédait, le rouge derrière. Avec le vent de la vitesse de sortie, en quelques secondes ce fut dissipé, mais ça avait quand même donné trois beaux nuages. Atterrissage, pliage sommaire, réintégration des pépins au camion, rassemblement.
Il faut savoir que le DZ d’entraînement est en permanence surveillée par une tour de contrôle, avec de puissants haut-parleurs susceptibles de venir en aide à un débutant en détresse. Nous le savions tous, nous savions que tout avait été vus, observés à la binoculaire. Une fois rassemblés en attente des camions pour le retour au camp, on vit arriver un 3 barrettes vaguement amusé, " Garde à vous ! Colonne par un……. A gauche - gauche !" Puis se plaçant bien en face du stick il dit : « les trois cons qui se prennent pour des républicains, un pas en avant ! » Roger, Rom et moi, fîmes un pas en avant.... S’en suivit, son coup de gueule, gentil quand-même, il lui fallait marquer le coup, lui aussi avait été amusé, néanmoins on a eu droit à un « Si vous n’avez pas d’autres conneries à faire, dites le, on va vous trouver des occupations ! Rompez ! » Un peu plus tard, au moment du rassemblement auprès des camions, le chef de stick nous glissa à l’oreille en se marrant," bande d’abrutis, ça se voyait, un de vos pépins laissaient tomber du bleu en embarquant dans l'avion, on aurait pu vous suivre à la trace, sans oublier les trois vérification des pépins où ça n'avait pas du passer inaperçu…. Mais c’est quand même bien marrant, j’aurais pas voulu louper ça ! »
A l'ETAP nous avions une piscine, située entre l'infirmerie et le mess des officiers qui y avaient droit en permanence, elle était située tout près du poste de police qui surveillaient plus ou moins son fonctionnement. Mis à part certaines opérations "piscine", il était difficile d'en profiter librement. Aussi, fréquemment dans la nuit, pas mal de monde s'y rendaient en douce. Malheureusement certains poussaient la plaisanterie à utiliser le plongeoir, s'en suivait généralement une intervention du poste de police, et une fuite éperdue au travers du camp. En gros, des conneries de bidasse.
Néanmoins, fréquemment, lorsqu'ils pouvaient, nos chefs de section retenaient cette piscine pour le samedi matin, jour où elle était plus ou moins libre, les officiers et sous officiers vaquant pour la plupart à leurs obligations familiales. Un samedi matin, la section de bleus que j'encadrais avait cette piscine attribuée pour la matinée. Vers 9 heures, je rassemble la section pour le départ à la piscine située à environ 800 mètres. Généralement les déplacements se faisaient en chantant des chants militaires. Malheureusement beaucoup de bleus rechignaient à chanter. Pour pallier ce soucis, nous les entraînions avec des chansons dites "à boire", voire plus osées encore. Chanter des chansons militaires ça ne marchait pas, ou mal, mais dès lors que c'était des chansons de cul, ils étaient toujours au top, en attendant, sans s'en douter ils se faisaient la voix. Ainsi donc, ce samedi matin, jour où les officiers étaient majoritairement chez eux, je pars avec la section pour la piscine, torse nul, espadrilles, et short EPM. Notre trajet normal passait devant le PC de l'ETAP, nous passions sous le balcon du colonel. Nous étions samedi, tout était permis, les officiers n'étaient pas là, le colon non plus. Sitôt partis de la compagnie, je clame à l'homme de base, "Pour la rue grosse couille, envoyez le ton !" Et allons-y, les 40 gugus y allèrent à gorge déployée. Approchant du PC, la 403 du Colonel n'étant pas là, je laisse continuer la romance, arrivé à 10m, je vois le colonel Merglen débouler sur le balcon en survêtement bleu, je me dis "merde, c'est le colon ! Il devait certainement entendre la romance depuis plus deux cent mètres. Gesticulant au balcon, il hurla à deux reprise "Halte au chant", "Halte au chant". Comme d'habitude, ça s'arrête en cascade. Au vu des agitations du colon, dignes d'un sémaphore, je stoppe la section. Garde à vous, "revenez ça claque pas... et tout le toutim.... Garde à vous ! A gauche Gauche!" je présente la section au colonel, qui avait très bien reconnu en moi le coureur du matin. S'en suit une remontée de bretelles, du genre "Je sais qu'on est samedi, mais sachez que j'aurais pu être dans mon bureau avec le général !" S'en suivit un départ pour la piscine "queue basse", silencieux, ce jour là, la température de l’eau de la piscine convenait à tout le monde. Dans les jours suivants, je croisai plusieurs fois le colonel Merglen lors des courses à pied matinales, jamais il ne m'en reparla.
Anecdotes avec l'adj/c E :
Un nouveau commandant de compagnie était arrivé, un rougeaud de figure, un vieux capitaine colonial qui ne devait pas sucer que de la glace, con, vicieux, en fin de carrière mais pas doué, mauvais communiquant, une vraie peau de vache, personne ne pouvait l’encaisser et il ne faisait rien pour, vu la brillance de son service, on l’appellera ZZ.
Un jour pour emmerder le monde, ZZ décida d’une opération pour toute la compagnie, rien que ça ! Le PEG n’y participait pas, il se trouvait de garde pour une semaine, à 30 kms, au dépôt de munition de Sedzère tout en continuant la formation des élèves gradés, sous la conduite de l’adj/c E. De toute façon en aucun cas la formation du PEG n’aurait été chamboulée par les désideratas de ce ZZ qui ne fit pas long feu à l’ETAP.
Affecté momentanément à la commandement en attendant d'être à nouveau autorisé à sauter, on m'avait confié la garde du magasin de l’AMCI, situé au sein de la compagnie et qui contenait principalement des munitions à blanc. Je me trouvais de semaine, ça m'arrangeait bien, je ne participais pas au remue ménage déclenché par ZZ. De permanence donc, un soir, vers minuit, j’entends le bruit caractéristique d’une jeep qui traversait le camp, à fond, pour s’arrêter devant les bureaux de la compagnie. Je me dis "c’est pour ma gueule". Arrive l’adj/c E, pas mal excité qui me dit :
-Rabolliot, il me faut des munitions à blanc… (Près de minuit, je me dis c’est quoi ce coup tordu ?)
Il continue, en rajoutant
- « La compagnie est sur le terrain et je vais leur faire un réveil à ma façon »
Il savait que j’avais la garde de l’AMCI et qu' en s’adressant à moi, il savait obtenir des munitions.
Après un peu de réflexion, je me dis, si l’adj/c E. vient de Sedzère soit 30kms pour attaquer la compagnie, pourquoi lui refuser, après tout, on ne tient pas de détails précis des stocks de munitions à blanc, ça peut être marrant… Riant sous cape en pensant à la tronche de ZZ, je lui dis :
-OK, mais je ne vous ai pas vu …
-Très bien, j'allais te le demander !
Je réveille un gars de l’armurerie, qui m’engueule de l'avoir réveillé, je lui demande d’assurer la garde du bureau de la semaine le temps d’aller au local qui servait de soute provisoire. Je donne les munitions à l'adj/c E, tout en lui disant, c’est dommage que je soie de semaine sinon j’aurais bien aimé être du coup de commando.
Le WE, lorsque j’avais une permission de 48 heures, remonter au Vert Pays des Eaux Vives, prenait les ¾ de la durée de la permission, je préférais pendre la ligne de Canfran Estacion (supprimée aujourd’hui), pour me rendre à Castet, chez Roger Florette, un forestier affecté à la brigade voisine de celle de mon père, mais qui fait son stage de formation chez mon père, avec qui nous avions particulièrement bien sympathisé..
A Castet, je finis par faire partie du paysage local, en tenue, je ne passais pas inaperçu lorsque j’arrivais par le train à Louvie-Juzon pour faire les derniers kilomètres à pied. J’étais vraisemblablement le seul béret rouge à se balader dans ce village, rapidement connu, fréquemment un villageois se proposait conduire jusque chez Roger, même pas besoin de faire du stop. Castet avait son bistro, juste en face se trouvait grand abreuvoir à bestiaux que j’ai montré à Kiki 50 ans plus tard. Très souvent, à la fermeture du soir, certains piliers de comptoir y finissaient, parfois tête première. Que de rigolades le samedi soir, lorsque Roger et moi assistions à ces vidages depuis sa fenêtre située à moins de 50 m de l’abreuvoir.
Après le stage de saut, mon PEG fut le début d’une multitude d’aventures de situations intrépides dont l’adj/c E avait le secret. Cet adj/c, engagé volontaire en Indochine, avait été blessé, puis en Algérie, tous les galons obtenus sur faits d’arme, c’était une bête physique, un gradé intéressant, sympathique, subtil, très exigeant d’une part et très humain de l’autre, il aimait se faire remarquer, surtout en découdre avec les gradés d’opérette… Trois élèves gradés nous avaient rejoint, venant du 1er RPIMA de Bayonne. Connaissant cette unité au travers leurs stages de saut qu’ils effectuaient chez nous, compte tenu de leur côté risque tout et leurs beuveries au foyer, nous nous en méfions en permanence. Je connaissais de nom l’un d’eux, V…, qui avec sa "bande", avait défrayé la chronique glandverdoise pour des agressions d’homos dans le parc Roger Salengro à Glandvert. En effet, avant d'être contraints à s'enrôler, un des copains de la petite bande glandverdoise se laissait aborder dans ce parc par un des homos qui racolait en voiture. Lorsque l’affaire s’engageait, les autres survenaient, extirpaient le gars de la voiture, piquaient son pognon, montre, etc, ensuite ils mettaient le gars à poil pour partir avec sa voiture, rouler toute la nuit dans Glandvert et ses environs, et finir par abandonner la voiture au petit matin ou lorsque le réservoir était vide. Les policiers avaient reçu plusieurs plaintes, ils mirent en place une souricière et coffrèrent toute la bande. Ils furent tous condamnés à des peines différentes, le chef de la bande, V. se retrouva contraint à un engagement de 5 ans au 1er RPIMA. Considéré comme un bon élément il se retrouva à l'ETAP pour passer son PEG, nous devinions facilement ce que pouvait être la vie sous l'uniforme, de ceux qui n’étaient pas considérés comme bons éléments …. Il était accompagné de Pierrot que j’ai retrouvé en, 2014, qui après avoir passé 15 ans comme chuteur opérationnel à la BOMAP, était revenu à la vie civile et tenait un restaurant dans le 64, « le restaurant du chef ». Le troisième était alsacien, il fit également carrière mais fut perdu de vue par tout le monde. Le PEG se déroula sans trop de souci, l’adj/c E et son adjoint s/c M veillaient au grain…
Le sgt/c chuteur opérationnel Tachoires retraité, et son resto à Tartas, (2014)
L'un de nous l'a retrouvé grâce à son passage à la télé lors de l'inondation de Tartas, il avait 1m d'eau dans son resto
Le PEG 66-1C en attente de perception des pépins
Heureusement que les gendarmes ont fait le dos rond et n’ont pas sorti d’arme sinon la suite aurait pu se passer différemment. Me trouvant avec quelques autres à proximité de la trajectoire de V. qui fonçait sur les gendarmes, on le stoppa, plaqué au sol dans le même mouvement. Ces bourrins de gendarmes se mirent à crier, voulant l’embarquer, nous pas du tout d’accord pour leur remettre V. Le juteux alerté par les cris déboula dans la partie bar pour calmer tout ce petit monde, d’emblée il envoya nos trois engagés prendre le frais dehors, ensuite, il s’adressa aux gendarmes s’excusant de l’incident pour faire retomber la pression, au bout d'un moment, l’ambiance revint normale, le juteux discutait le bout de gras avec les deux gendarmes.
A un moment donné, mon collègue Bernard et moi, sortîmes prendre le frais. Que voit-on ? Nos trois engagés vers la 2 CV, une portière avant baillait, tordue, Vivet et Pierrot. pissant en choeur sur les sièges ! Nous rentrons pour en informer le s/c M. qui nous répond, « Rentrez, de toute façon, le mal est fait, leur vessie va bien finir par être vidée, seuls, ils vont se calmer». Effectivement nos trois oiseaux, tout sourires, satisfaits de leur forfaits rentrèrent peu de temps après dans le restau pour rejoindre leur place dans la salle de restaurant. Sur les conseils de l’adjudant chef, les gendarmes partirent, peut-être avait-il pris l’engagement de régler cette affaire le lendemain, ils sortirent rassurés. La vue de la portière et la dégringolade sur les sièges ont du être dures…. Comment ont-ils fermé la porte de la deuche ? Ont-ils apprécié d’avoir les fesses au frais ? Toujours est-il que le lendemain, 8h30, une estafette noire débarquait à la compagnie. L’adj/c E. fut demandé par le Cdt de compagnie. Nous sûmes par le sergent de semaine qu’E. avait fait un chèque pour les bonnes œuvres de la gendarmerie…. Jamais E. n’en reparla, et nous évitions bien de lui poser des questions sur ce sujet.
L’adj/c E m’appréciant certainement, lors de l’incorporation suivante, je fis partie de l’encadrement de la CI. Avec deux autres collègues nouvellement promus, j’intégrai sa section. Tout se passa pour le mieux, on conduisit tout notre petit monde au stage de saut où je suivis la première partie d’une formation d’aide moniteur. Puis je continuai avec un contingent suivant sous les ordres du Sgt/c B., une grande perche avec des jambes qui décourageait de courir ou marcher à ses côtés. Tout se passa bien avec cette classe tout comme le stage qui suivit où je revins sous les ordres de l’adj/c E.
Le sac à dos de Royer
Royer était un de mes collègues lors de mon PEG, de grande carrure, imposant, il n'était pas capable faire du mal à une mouche. Il mangeait comme quatre, ne grossissant pas pour autant. Lorsque nous partions en mission, quelle qu'en soit la durée, il partait avec un vrai déménagement, de la bouffe pour combler son appétit, les rations ne représentaient pas grand chose pour lui, un vrai "commando-gamelle". Un jour nous sommes partis pour sauter sur Buzy en Béarn, sur une zone un peu difficile, garnie d'immenses fougères, on ne se voyait pas les uns des autres. Sortie normale, Royer, en raison de son sac immense, était généralement refoulé en fin de zinc, à l'avant, sortant dans les derniers. Nous étions presque tous en l'air lorsque certains virent descendre une masse indéfinissable en raison de sa vitesse de chute. Ceux qui l'ont vu passer se sont dit : Merde, un gars a fait tapis ... On arrive en bas, inquiets, on se regroupe difficilement en raison des fougères, Royer arriva, nous disant, j'ai perdu mon sac à dos. Éclats de rire global, on avait compris quel était cet objet chutant non identifié ! Décision fut prise de ratisser les fougères pour retrouver la musette de Royer. Il nous fallut une heure mais on la trouva, Le sac était tellement lourd que les bretelles avaient pété au freinage lors de l'ouverture du pépin, décousues au niveau de la fixation du haut. Hilarité générale. On revint au point de regroupement, Royer décida de faire l'inventaire de son sac, entre saucissons, fromages difformes, apparut un kilo de sucre, rien que ça pour 8 jours ! il soulève le couvercle, le sucre en morceaux était passé à l'état de sucre en poudre, nouvelle crise de rire, il gratte dans le sucre et sort une topette de gnôle, la topette habituelle des rations : INTACTE, protégée par l'écrasement du sucre. Nouvelle explosion de rire, puis il continua son déballage. Il arriva à son appareil photo, oh, un bel appareil à soufflet dit rétro aujourd'hui, étui en cuir brun bien brillant et qui devait couter cher à cette époque, tout semblait normale. Il ouvre l'étui, il s'en suit une avalanche de petits morceaux, nouvelle crise de rire. Il finit par remballer tout son bazar, et l'adj/C E. annonça la suite : "C'est bien beau de rigoler, mais on a une heure dans le lac qu'il faudra rattraper avant de s'arrêter ce soir, on doit coucher au col XXX ce soir," le silence se fit, chacun ramassa arme et sacs, entre temps le 4X4 des transmissions avait récupéré les pépins : on était parti pour une semaine, Royer avec des morceaux de suspente en guise de bretelles, ça devait certainement couper les épaules, mais rien ne l'arrêtait, sans jamais se plaindre, c'était une vraie force silencieuse de la nature.
Péripéties personnelles
Alors que je faisais partie de l'encadrement d'un stage de saut, je me trouvai ce jour là au bas de la tour d'arrivée, une tour qui sert à entraîner les stagiaires à prendre les bonnes positions d'atterrissage, essentielles pour éviter la casse à l'arrivée. La tour comportait 4 portes identiques à environ 12 mètres du sol, chacune équipée d'un portique et d'une poulie qui laissait descendre un cadre reproduisant la position des élévateurs du parachute, des mousquetons permettaient d'accrocher les harnais dont étaient équipés les élèves, mais sans parachute, la tour et son mécanisme freinait tout en donnant une vitesse de descente sensiblement normale et constante à celle d'un parachute en conditions normales. A chaque poste de largage se trouvait un "freineur", chargé de vérifier les accrochages, puis de réguler cette descente. Tout en bas, au sol, un tapis de sable amortissait et évitait les casses en cas d'arrivée désordonnées, notamment du genre "refus du sol" (relever les pieds inconsciemment comme si on était au contact, avec pour effet un choc coccyx, voir des soucis de vertèbres) ou inversement de "la recherche du contact au sol" (dans ce cas, l'homme tend les pieds vers le sol pour prendre contact, redressant les jambes, verrouillant les genoux, sur sol dur, c'est la fracture assurée). Parfois, face à un abruti, voulant lui raviver les esprits, depuis le bas nous faisions signe au freineur de laisser glisser, ils connaissaient la gestuelle, et augmentaient la vitesse, une bonne gamelle s'en suivait, punition gratuite du récalcitrant ou un réveil de "l'aouèche planeur". L'aide moniteur qui se trouvait en bas devait commenter l'arrivée, position, etc. Ensuite il rectifiait au râteau la surface de sable pour le suivant, et si nécessaire, il renvoyait certains guignols pour un tour supplémentaire. Un jour, je vois arriver un gars, battant des jambes pendant la descente, il se plante un genoux dans le sable, l'autre jambe en avant. Du n'importe quoi, le gars a paniqué certes, direct je lui abattis mon râteau sur le casque lourd, juste histoire de le ramener sur terre. Il se relève, un coloré ! Puis, que vois-je apparaître sous le harnais, ses galons de combat sur la poitrine, cinq galons, rien que ça ! Il s'exclame : "Ouyouyouille, ça fait dwolement mal ! ". Mes excuses furent sans effet sur le colon qui semblait plus vexé dans son amour propre en raison de son lamentable atterrissage, que par le manque de respect dont j'avais fait preuve à son encontre. Gentiment je lui ai fait comprendre qu'il avait gagné un tour gratuit, et il est remonté. Je n'ai jamais su si c'était la gamelle ou le coup de râteau qui lui avait fait mal... Si son casque lourd était bien brellé, normalement il ne devait pas sentir grand chose. Ce n'était pas passé inaperçu du chef de stick, celui-ci me coinça en douce pour me dire "Une autre fois, fais attention aux "colorés", généralement ce sont des officiers venant de l’Afrique noire pour un stage rapide.... Autrement dit les fameux brevets "en chocolat" attribués sans saut de nuit, et sans entrainement pour milieu aquatique. Ce type de brevet a été supprimé dans les années 80 ou 90.
Mon accident
Chaque mercredi, avaient lieu des sauts d’entretien, normalement destinés aux personnels brevetés, placés dans les services pour les faire fonctionner. De passage à la semaine, je consulte la liste, liste pleine. Je vois dans les inscrits le nom du Sgt Chataigne, libérable le lendemain, nous avions déjà arrosé son départ. Je pris un stylo, barrai son nom, et mis le mien à la place, puis je me mis en quête de Chataigne. Je lui dis : « Je te remplace pour le saut de ce soir, imagine que tu te bousille une patte, tu serais bon pour faire du rabe sanitaire ». Après son coup de gueule, il se calma, et abandonna l’idée de sauter le soir même.
Nous voici embarqués dans l’avion, en « touristes », c'est-à-dire sans armes ni quoi que ce soit seulement les 2 pépins sur le dos. Comme d’habitude, avec quelques collègues, on décide de pousser à tout va depuis le fond du zinc. Pour ce type de saut, normalement les 40 bonshommes sortent à la cadence maximum d’un par seconde par porte pour éviter les accrochages, soit environ 20 à 30 secondes pour vider le zinc. Notre record était de 6 secondes pour vider un Noratlas…. Nous étions quand même sérieusement proches les uns les autres lors de la descente…
Une fois en l’air, procédure habituelle, je fais les vérifications suivant la procédure, je vérifie ma voilure, j’effectue un tour d’horizon, RAS, personne trop près, je prends mes repères, je jauge la vitesse et direction du vent : euh, ça soufflait pas mal,je me dis : il va falloir serrer des canes… Dans ce cas de figure la procédure était la suivante : traction à mort contre le vent, tout lâcher à la seconde précédent le toucher. Ainsi prêt, j’arrivai dans les 25/30 m du sol, position d’atterrissage groupée, lorsque j’entendis un boum au dessus de ma tête. Aussitôt, je vois un zig qui avait du prendre une traction dans le mauvais sens, dans le vent, il glissa le long de ma coupole, son pépin passa sous mon nez, de suite il fut en dessous de moi. Sans avoir le temps matériel de réagir, je partis à mon tour en chute vers le bas, aspiré par la dépression créée par son pépin, je décrochai sous lui juste au moment du contact avec le sol, à une vitesse du double de la normale. Heureusement, vu le vent, ma position d’atterrissage étant déjà prise, bien tenue, genoux déverrouillés et pieds serrés. Un bon « flac » s’en suivit sur une route de traverse que j’avais justement visée pour atterrir en lieu propre et plat plutôt que risquer une cheville dans la friche environnante garnie de touffes à bascule. Douleur immédiate dans le dos, basculé sur le dos tiré par le vent, impossible de faire quoi que ce soit, le vent tirait sur mon pépin, j’avais mal dans les secousses, j’étais vraiment pas bien du tout, sonné mais très lucide, je me rappelle d’avoir gueulé au choc. Des collègues arrivèrent en courant, plaquèrent ma voile au sol, l’un d’eux dégrafa ma barrette de poitrine pendant qu’un autre agitait la voile, signal connu pour appeler les secours. Un Dodge ambulance arriva au travers de la lande, les deux infirmiers voulurent me placer sur la civière, problème, j’avais mal, très mal, je m’agitais un peu trop au goût des infirmiers qui tentèrent de m’immobiliser le temps que je me calme. Puis subitement tout s’est débloqué, je fus chargé dans le Dodge pour l’hôpital de Pau.
Déjà à l’époque on poireautait dans le couloir en attente de soins. A côté de moi attendait entre autres, un motard de la gendarmerie, bien que shooté, celui-ci râlait quand même, atrocement, une fracture ouverte du fémur, l'os dépassait du pantalon, un peu angoissant quand même, à 20 ans je n’avais jamais connu l’hôpital, cette image ne m'a jamais quitté. Je sus après que le gendarme avait été coincé contre un parapet de pont par un chauffard qu’il poursuivait (ça existait déjà à l’époque …). Peut-être deux heures plus tard, ce fut pour moi, les séances radio, puis le diagnostic tomba : L1 et D12 fracturées. La sanction tomba comme un couperet : Un mois allongé une planche sous un matelas qui faisait pas plus de 10 cm d’épaisseur. A l’époque on n’opérait pas les vertèbres ni les disques, si ça ne se réparait pas tout seul c’était le handicap à vie, selon le radiologue, les radios étaient encourageantes, je me suis tenu à carreau, de toute façon je n’en menais pas large. On se fait à la planche, même pas le droit de se lever pour les WC… Pas d’infirmières, des infirmiers, cons et antimilitaristes de surcroît, l’un d’eux homo, on imagine aisément l’ambiance dans une chambre d’une douzaine de paras…
Au premier passage du toubib, ce fut cadrage direct, on ne bouge pas, sinon vous ne remarchez plus, vous avez un exemple à côté de vous… J’avoue que ça refroidit. Je fis connaissance avec les 8 ou 10 compagnons d’infortune du moment, certains avec des poids de traction sur le talon, tibia cassé avec croisement des os, mon voisin paraplégique à la suite à un saut de nuit sur une DZ incendiée, toute noire, croyant le sol encore loin, malgré les consignes il n'avait pas encore pris sa position d’atterrissage, il avait tapé en vrac, avec pour sanction la moelle épinière atteinte. Surpris j’appris qu’il était de la région de Gueugnon (71), soit environ 100 kms de chez moi, ses parents agriculteurs. Je le revis quelques années plus tard, dans sa région, un soir de fête de village, toute sa vie s’était organisée au tour du fauteuil roulant, mélange de tristesse et de joie de revoir un compagnon d’un mois.
Le lendemain de mon accident, je reçus la visite de mon chef de section qui s’inquiétait de mon sort, puis celle du sgt Chataigne à qui j’avais volé la place dans l'avion, et qui partait prendre le train pour rentrer chez lui, en Alsace, libéré. Je lui dis « Tu vois que j’avais raison, ta place était vraiment pourrie, si je ne l’avais pas prise, tu serais ici, à ma place, et tu ferais du rabe », réponse : « oui, mais moi j’aurais vu arriver le connard ». Facile à dire, mais au vu de la vitesse où ça s'est produit…
J’annonçai mon hospitalisation par lettre, à Roger Florette, lui expliquant que je ne pourrai pas me rendre à Castet de si tôt. Il vint me voir le jour même de la réception du courrier, me demandant si j’avais prévenu mes parents. Comme je ne l’avais pas fait, il me dit « je m’en charge, j’appelle tes parents ».
Ainsi je rongeai mon frein 35 jours avant de réintégrer ma piaule, suivit environ une semaine de surveillance sous la vigilance de « Zorro » surnom du Cne Ravallec, médecin chef de l’ETAP, ensuite je pus partir en convalescence 15 jours à la maison.
De retour à l’ETAP, dans l’attente du contingent à venir, j’avais été affecté à la commandement, avec prise en charge de l’AMCI, un local qui stockait certains approvisionnements hors logistique pour les opérations, vivres, boisson, et aussi la tenue de ce petit stock de munitions d’entraînement. Mais interdit de saut.
De nouveau, je repris mon entraînement à la courses à pied, j'avais promis à Zorro d'y aller mollo, 10 minutes maxi au début, puis je passai tranquillement outre, je n'avais pas de séquelle au dos, deux fois par semaine, la jeep me descendait à l’hôpital de Pau, voir le kiné qui m'avait suivi. Je fis ainsi près d'un mois, j'avais droit aux massages et à la rééducation, pas moins d'une heure chaque fois. Ce kiné, aveugle, était affecté à l’Hôpital, il ne venait dans l'aile militaire que pour voir les accidentés. J'allais le voir à son cabinet, c'est là que je fis connaissance de sa petite collaboratrice, Nicole une jeune infirmière de 21 ans. Etant, aveugle, tout se passait sous ses doigts, au toucher, mais il lui fallait un minimum d'aide pour ses documents, et aussi se piloter dans les couloirs , c'était le rôle de Nicole mais uniquement dans la partie civile, arrivé dans l'aile réservée aux militaires, il marchait en se guidant aux barres des couloirs puis nous appelait lorsqu'il arrivait à la porte de la chambre pour se diriger au son de la voix, imaginez le chahut si une fille était venue zizaguer entre les lits.
Néanmoins, Nicole était très mignonne, je la rencontrai plus tard, après ma sortie d’hôpital, lors de mes visites au kiné. En discutant avec elle, j'appris qu'elle était de Louvie Juzon, juste à côté de Castet où résidait mon ami Roger. Quelle aubaine, je finis pas la convaincre de se rencontrer au café de Louvie Juzon, un samedi soir. Ce fut le début d'une amourette qui dura jusqu'à ma libération. J'avais même pris mes repères dans sa chambre mansardée d'un immeuble de Pau. Pourquoi n'ai-je pas rempilé ? Quel con j'ai été ! Rendez-vous compte, je n'aurais pas eu à subir les turpitude des 3 fées. Avec le recul du temps, mon retour la vie civile fut franchement un mauvais choix, qu'est devenue cette petite brunette ? Curieux de savoir, j'en ai parlé à Roger 20 ans plus tard, mais comme il avait quitté la vallée d'Ossau depuis des années il n'a pas pu me répondre.
De retour au service semi actif, c’est à dire exempt de sauts, j'ai intensifié mes entraînement, 15, 18 kms le matin dans les bois avoisinant l'ETAP, souvent le matin entre 6 et 7 heures 30, short, espadrilles, torse nu, fréquemment je rencontrais le colonel Merglen, le chef de corps, dans le même appareil. Un jour il m'arrêta, et nous discutâmes de tout et de rien, presque chaque matin, sans m'arrêter j'y allais du "Mon Colonel"... Arrive une compétition inter-régimentaire qui se bouclait sur le terrain de sport. Sans l'autorisation de Zorro le médecin chef, je m'y inscrivis, je pris le départ, et arrivai 5 ième, le dos en feu. Arrivé sur la boucle d'arrivée sur le stade, que vois-je juste avant l'arrivée : Zorro. Lui aussi m'avait vu, il sauta la balustrade, et me rattrapa direct, c'est en me gueulant dessus que nous avons franchi la ligne d'arrivée. "Demain 8 heures dans mon bureau, on va régler ça"! Il arrêta là ses engueulades, à l'arrivée se trouvait le colonel, et une bonne partie des états major des 3 régiments engagés, discrétion oblige. Le lendemain, prudent, connaissant le bien nommé Zorro, j'étais plutôt en avance à sa convocation. M'apercevant dès son arrivée, il me dit, suivez-moi ! Au garde à vous dans son bureau, la remontée de bretelles ne dura pas moins d'un quart d'heure, s'écriant qu'il devrait me coller au trou, etc, etc. Je pense que si j'avais répondu d'une façon ou d'une autre, il m'aurait collé son poing sur la figure, son surnom de Zorro n'était pas usurpé... Il était coutumier du fait... Après une auscultation du dos pendant laquelle il ne se priva pas de me faire mal, appuyant très fort où il savait que ça faisait souffrir. Commentaire : vous n’avez plus mal, je ne veux plus vous voir, mais pas de sauts avant un mois. Je crois que ses menaces ont éliminé mes dernières douleurs. Pour le moment du moins. Quant aux sauts, je le roulai dans la farine en allant sauter sur l’eau au lac de Lourdes, point d’entraînement avant les opérations en mer. Donc pas de choc à l’arrivée.
Stage de voile à Hendaye
Décision précédente de Zorro, et pour reprendre le rapport qui avait été transmis à mon chef de section, je devais me tenir tranquille pendant encore un mois, officiellement « dispensé d’efforts physiques violents » . Or, que vois-je au tableau d’affichage, l’annonce pour un stage de voile à Hendaye, pourquoi pas, c’est pas spécialement violent. Direct je postulai, mon chef de section donna le feu vert en me regardant d’un air suspicieux.
Quelques jours plus tard, je partis en camion pour Hendaye, où des tentes modèle 56 nous attendaient, installées sur un terrain militaire en bord de mer, tout près de la base aéronavale, à l’embouchure de la Bidassoa. Nous prenions la suite d’une équipe qui venait de partir, mission, apprendre à manœuvrer la voile, et effectuer les récupérations et des parachutistes largués en mer. Pour ces derniers travaux, nous étions équipés de deux bateaux de débarquement à fond plat, double fonds, prévus pour 12 à 15 hommes, et équipés d’un moteur de 25 CV. Nous avions aussi deux zodiacs de six places, équipés de moteur 9 CV. Rapidement on découvrit que les 25 CV sur les zodiacs faisaient un peu plus d’effet dans les rouleaux de l’embouchure de la Bidassoa. Cela se passait sous le nez des carabiniers espagnols, sur les dents, PM opérationnels, mais c'était plus intéressant que la voile, je passai 6 jours à Hendaye sans jamais avoir mis les pieds sur un voilier …
Chaque soir c’était nouba en ville, la sangria coulait à flot, bref, je respectais à merveille la consigne de Zorro : « pas d’effort physique violent ».
Or un soir, en pleine nuit, couché sur un lit pik-up, mon lit se mit à bouger, pensant qu’il touchait l’ossature de la tente 56, et que les vibrations venaient de la tente d’à côté, je me dis," il y en a un dans la tente à côté qui est en train de bourrer une fille, quelque chose de sérieux, la gars en met un sacré coup !" J'écarte mon lit de camp du montant de la tente, mais ça continue, bref, je me retourne, et décide de dormir.
Oh je n’ai pas dormi longtemps, une demie heure tout au plus, un mataf de la BAN déboule plein pot dans le camp de toile, gueulant à tout va, cherchant un responsable. Pas de bol, les ¾ des gars étaient en ville. Les quelques présents s’approchent pour la raison de ce remue ménage, réponse du mataf :
« un message radio vient de tomber de chez vous, à 8 heures des GMC vous embarquent pour Arette, à 70 kms d’ici il y a eu un tremblement de terre, vous partez tous pour déblayer. Voici comment s’est terminé mon stage de voile.
A Arette, c’était la désolation, tout le monde était dans la rue, aucune maison épargnée. Des hommes sont arrivés d’autres unités, le 1er RCP, un RPIMA, je crois les hussards venus de Tarbes. Au bout de trois jours, je fus ramenés à l’ETAP, comme toute l'équipe du "stage de voile". En effet nous n'étions pas équipé du tout, les treillis nous étaient prêtés par des collègues, etc, une équipe est venue nous relever, je réintégrai ma compagnie.
Je suis repassé à Arette en 2014, j'ai même discuté avec le boucher qui se souvenait très bien de l'intervention des militaires.
Le bleu blanc rouge
Lorsque j’étais en stand bye entre deux promos, avec quelques collègues, chaque fois que c’était possible on profitait des sauts d’entretien. Un jour, je pense que c’est Rom. qui a eu cette idée, il n’en loupait pas une, il me dit :
-si on faisait une sortie (d’avion) en bleu blanc rouge type patrouille de France.
-Tu déconnes, on a du talc à la SEEP (pliage des pépins) mais avoir du bleu et du rouge, ça doit pas être facile.
-Je vais à Pau cet AM, je vais bien trouver une droguerie à Pau pour acheter un kilo de bleu un kilo de rouge à tracer, ça vaut 4 sous…
-Si tu trouves, OK, moi je vais voir…. A la SEEP, je ramènerai du talc.
Ainsi nous avions nos trois couleurs dans nos placards, attendant l’occasion d’un futur saut d’entretien pour tester l’affaire.
La semaine suivante, nous pûmes nous enregistrer, trois copains, Roger, Rom. et moi. Arrivés à l’embarquement, chacun son sac de poudre de couleur dans le treillis, on perçut nos pépins. Puis on s’écarta des autres en direction du « bois du pipi de la peur », comme si on voulait pisser. (En effet ce petit bosquet était nommé ainsi, on allait régulièrement soulager nos vessies avant l’embarquement, c'était plus prudent, parfois l’attente était longue….) Discrètement nous avons ouvert la fermeture du sac à voile, il a fallu casser des ficelles de ruptures, et les remplacer, nous avions préparés les morceaux de ficelle de rupture pour pouvoir refermer correctement nos pépins bien enfarinés de poudre de couleurs. Après avoir rejoint le stick, nous nous sommes équipés, le chef de stick fit sa vérification du stick équipé, puis on monta dans le zinc, tous trois du même côté, deuxième vérification de l’équipement, en bon ordre, moi avec mon blanc placé au milieu de mes deux comparses. "Debout accrochez," troisième vérification des SOA, et hop, tout le monde dehors ! Vérification d’ouverture, coupole impec, je laissais un beau nuage blanc derrière moi, le bleu me précédait, le rouge derrière. Avec le vent de la vitesse de sortie, en quelques secondes ce fut dissipé, mais ça avait quand même donné trois beaux nuages. Atterrissage, pliage sommaire, réintégration des pépins au camion, rassemblement.
Il faut savoir que le DZ d’entraînement est en permanence surveillée par une tour de contrôle, avec de puissants haut-parleurs susceptibles de venir en aide à un débutant en détresse. Nous le savions tous, nous savions que tout avait été vus, observés à la binoculaire. Une fois rassemblés en attente des camions pour le retour au camp, on vit arriver un 3 barrettes vaguement amusé, " Garde à vous ! Colonne par un……. A gauche - gauche !" Puis se plaçant bien en face du stick il dit : « les trois cons qui se prennent pour des républicains, un pas en avant ! » Roger, Rom et moi, fîmes un pas en avant.... S’en suivit, son coup de gueule, gentil quand-même, il lui fallait marquer le coup, lui aussi avait été amusé, néanmoins on a eu droit à un « Si vous n’avez pas d’autres conneries à faire, dites le, on va vous trouver des occupations ! Rompez ! » Un peu plus tard, au moment du rassemblement auprès des camions, le chef de stick nous glissa à l’oreille en se marrant," bande d’abrutis, ça se voyait, un de vos pépins laissaient tomber du bleu en embarquant dans l'avion, on aurait pu vous suivre à la trace, sans oublier les trois vérification des pépins où ça n'avait pas du passer inaperçu…. Mais c’est quand même bien marrant, j’aurais pas voulu louper ça ! »
A l'ETAP nous avions une piscine, située entre l'infirmerie et le mess des officiers qui y avaient droit en permanence, elle était située tout près du poste de police qui surveillaient plus ou moins son fonctionnement. Mis à part certaines opérations "piscine", il était difficile d'en profiter librement. Aussi, fréquemment dans la nuit, pas mal de monde s'y rendaient en douce. Malheureusement certains poussaient la plaisanterie à utiliser le plongeoir, s'en suivait généralement une intervention du poste de police, et une fuite éperdue au travers du camp. En gros, des conneries de bidasse.
Néanmoins, fréquemment, lorsqu'ils pouvaient, nos chefs de section retenaient cette piscine pour le samedi matin, jour où elle était plus ou moins libre, les officiers et sous officiers vaquant pour la plupart à leurs obligations familiales. Un samedi matin, la section de bleus que j'encadrais avait cette piscine attribuée pour la matinée. Vers 9 heures, je rassemble la section pour le départ à la piscine située à environ 800 mètres. Généralement les déplacements se faisaient en chantant des chants militaires. Malheureusement beaucoup de bleus rechignaient à chanter. Pour pallier ce soucis, nous les entraînions avec des chansons dites "à boire", voire plus osées encore. Chanter des chansons militaires ça ne marchait pas, ou mal, mais dès lors que c'était des chansons de cul, ils étaient toujours au top, en attendant, sans s'en douter ils se faisaient la voix. Ainsi donc, ce samedi matin, jour où les officiers étaient majoritairement chez eux, je pars avec la section pour la piscine, torse nul, espadrilles, et short EPM. Notre trajet normal passait devant le PC de l'ETAP, nous passions sous le balcon du colonel. Nous étions samedi, tout était permis, les officiers n'étaient pas là, le colon non plus. Sitôt partis de la compagnie, je clame à l'homme de base, "Pour la rue grosse couille, envoyez le ton !" Et allons-y, les 40 gugus y allèrent à gorge déployée. Approchant du PC, la 403 du Colonel n'étant pas là, je laisse continuer la romance, arrivé à 10m, je vois le colonel Merglen débouler sur le balcon en survêtement bleu, je me dis "merde, c'est le colon ! Il devait certainement entendre la romance depuis plus deux cent mètres. Gesticulant au balcon, il hurla à deux reprise "Halte au chant", "Halte au chant". Comme d'habitude, ça s'arrête en cascade. Au vu des agitations du colon, dignes d'un sémaphore, je stoppe la section. Garde à vous, "revenez ça claque pas... et tout le toutim.... Garde à vous ! A gauche Gauche!" je présente la section au colonel, qui avait très bien reconnu en moi le coureur du matin. S'en suit une remontée de bretelles, du genre "Je sais qu'on est samedi, mais sachez que j'aurais pu être dans mon bureau avec le général !" S'en suivit un départ pour la piscine "queue basse", silencieux, ce jour là, la température de l’eau de la piscine convenait à tout le monde. Dans les jours suivants, je croisai plusieurs fois le colonel Merglen lors des courses à pied matinales, jamais il ne m'en reparla.
Anecdotes avec l'adj/c E :
Un nouveau commandant de compagnie était arrivé, un rougeaud de figure, un vieux capitaine colonial qui ne devait pas sucer que de la glace, con, vicieux, en fin de carrière mais pas doué, mauvais communiquant, une vraie peau de vache, personne ne pouvait l’encaisser et il ne faisait rien pour, vu la brillance de son service, on l’appellera ZZ.
Un jour pour emmerder le monde, ZZ décida d’une opération pour toute la compagnie, rien que ça ! Le PEG n’y participait pas, il se trouvait de garde pour une semaine, à 30 kms, au dépôt de munition de Sedzère tout en continuant la formation des élèves gradés, sous la conduite de l’adj/c E. De toute façon en aucun cas la formation du PEG n’aurait été chamboulée par les désideratas de ce ZZ qui ne fit pas long feu à l’ETAP.
Affecté momentanément à la commandement en attendant d'être à nouveau autorisé à sauter, on m'avait confié la garde du magasin de l’AMCI, situé au sein de la compagnie et qui contenait principalement des munitions à blanc. Je me trouvais de semaine, ça m'arrangeait bien, je ne participais pas au remue ménage déclenché par ZZ. De permanence donc, un soir, vers minuit, j’entends le bruit caractéristique d’une jeep qui traversait le camp, à fond, pour s’arrêter devant les bureaux de la compagnie. Je me dis "c’est pour ma gueule". Arrive l’adj/c E, pas mal excité qui me dit :
-Rabolliot, il me faut des munitions à blanc… (Près de minuit, je me dis c’est quoi ce coup tordu ?)
Il continue, en rajoutant
- « La compagnie est sur le terrain et je vais leur faire un réveil à ma façon »
Il savait que j’avais la garde de l’AMCI et qu' en s’adressant à moi, il savait obtenir des munitions.
Après un peu de réflexion, je me dis, si l’adj/c E. vient de Sedzère soit 30kms pour attaquer la compagnie, pourquoi lui refuser, après tout, on ne tient pas de détails précis des stocks de munitions à blanc, ça peut être marrant… Riant sous cape en pensant à la tronche de ZZ, je lui dis :
-OK, mais je ne vous ai pas vu …
-Très bien, j'allais te le demander !
Je réveille un gars de l’armurerie, qui m’engueule de l'avoir réveillé, je lui demande d’assurer la garde du bureau de la semaine le temps d’aller au local qui servait de soute provisoire. Je donne les munitions à l'adj/c E, tout en lui disant, c’est dommage que je soie de semaine sinon j’aurais bien aimé être du coup de commando.
Je connus la suite
dans la journée du lendemain par le retour imprévu des
GMC ramenant toute la compagnie dans ses locaux.
J'appris la finalité de l’opération, l’affaire me fut
racontée par un sergent qui était dans le coup.
Lorsque je donnais les munitions, en dehors du camp
attendait un Dodge avec 6 gars embarqués, mais sans
munitions. Sitôt après avoir reçu les munitions
souhaitées, l’adj/c E, rejoignit le groupe
du Dodge, distribua les munitions, les tâches
étant déjà assignées, l’adj/c E connaissait la
position exacte du bivouac de la compagnie, comment ?
Toujours est-il, qu’au petit matin, juste au début du
lever du jour, après une approche à pied, l’adj/c E
sécha une sentinelle qui se retrouva ligotée,
bâillonnée, puis le groupe progressa, l’adj/c E
distribuant au geste les objectifs de chacun. Puis il
s’approcha de la jeep du capitaine, sans bruit il leva
le capot, retira le doigt de delco et, reposa
doucement le capot. Le jour devait se lever, toujours
est-il que la surprise fut totale, la tente du
capitaine ZZ fut copieusement grenadée, enfumée par
l’adj/c E. Ce bourrin de ZZ était facilement
repérable, il était le seul avec sa petite tante, tout
le monde était sous des tentes mod.56, alors que les
tentes 56 n'étaient jamais utilisées en opération, du
moins chez nous, où avait-il vu ça ? Monter un
tel bazard pour deux nuits ! La première explosion
déclencha tous lancers de grenades puis un
copieux mitraillage jusqu’à fin des chargeurs de
Mat. Repli rapide, en chemin, un malin voulant
s’interposer eut le nez explosé, en passant près de la
cantine de campagne, les norvégiennes de café livrées
la veille au soir par la CDO, furent
copieusement renversées…. ZZ enfin levé,
constata un parfait bordel, voyant la jeep capot
entrebâillé il comprit de suite et constata plus
tard l’absence du doigt de delco : un crime de
lèse majesté !
La jeep et son chauffeur restèrent sur place en attendant que le service auto apporte la pièce manquante pour réintégrer le véhicule à l’ETAP, au service auto.
Le sur lendemain 8 heures, les sections rassemblées pour le rapport, les hommes riant sous cape de l’aventure de la veille, le PEG étant toujours jusqu’à la fin de la semaine à Sedzère, on vit arriver une moto, une peugeot 175 kaki, qui s’arrêta devant les piaules, on reconnut l’adj/c E. Il retira calmement son Guénot pour ajuster son béret. Tous les gradés savaient qu’il aurait du être avec son PEG, que faisait-il là ?
Sous les yeux de toute la compagnie, l’adj/c E. se dirigea droit vers le cne ZZ. Il le salua dans un salut impeccable, réglementaire, raide comme un passe-lacet. ZZ lui répondit un peu mollement, un peu sur la défensive. L’adj/c E chercha dans sa poche et, devant toute la compagnie, « Mon capitaine, vous avez du perdre ça », lui dit-il en lui tendant le doigt de delco. ZZ, sans desserrer les dents le prit, tourna son cul pour rentrer à son bureau. On a su par l’adj/c Bubu, ancien adj de cie à la CI, affecté au secrétariats du colonel Merglen, que lorsque ZZ a appelé le colonel Merglen pour lui rendre compte de la pagaille vécue, l’adj/c E se trouvait justement dans le bureau du colonel, riant ensembles de la farce jouée à ZZ. Il fallait savoir que lorsque E. s’est engagé en Indochine, il s’était retrouvé sous les ordres du colonel Merglen à l’époque capitaine, je crois, et dont il fut longtemps son ordonnance. Des liens particuliers, voire de l’amitié s’étaient installés entre les deux hommes au cours des sales années des guerres d’Indochine et d'Algérie, lors desquelles l’adj/c E, s’était distingué pas mal de fois. Cette amitié a bien des fois tiré d’affaire l’adj/c E qui n’en loupait pas beaucoup.
Toujours est-il que ZZ préféra demander sa mutation pour ??? Son remplaçant, le capitaine Messana, un colonial également qui finit sa carrière général, était inversement très sympa, tout en restant très exigeant, très sportif, 65 kilos tout au plus, il m’aimait bien, au point de menacer de me coller au trou si je ne rempilais pas. Je refusais systématiquement tant que je n’avais pas mon galon de sergent accroché sur la manche, sgt PDL, et non pas attendre des lustres pour être promu une fois ADL. Il me faillait ma nomination avant de rempiler, sinon, je prenais la quille ! Malheureusement mon accident de parachute en réduisant de plusieurs mois mon activité réelle, ma nomination n’était pas réglementaire. Néanmoins, j’aurais peut-être dû céder …
C’est ainsi qu’après avoir repris mon activité, fin septembre 1967, je repris le chemin de la maison, à Aubertin.
Par la suite, je fus convoqué à une période militaire de trois jours, à la caserne Pitié à Glandvert, je participai aux tirs des réservistes pendant quelques années, deux anecdotes méritent d'être racontés.
Cette période de 3 jours fut une pagaille invraisemblable, le régiment de support, le 1er RA, fut débordé par le volume du rappel de réservistes. Du matin, des guignols bien éméchés collaient la pagaille au poste de police, l'un d'eux bien connu, un ancien para colonial que pour la circonstance j'appellerai "Niveau à Bulle", est arrivé au poste de police litre de rouge dans chaque main sous les yeux de Marabout, son patron dans le civil, officier para sous les ordres duquel il avait servi en Indochine. Son patron le protégeait toute l'année, contre lui-même. Il intervint, remit les choses en ordre. Cet homme ne s'était pas remis des tortures qu'il avait subi en Indochine, lavage de cerveau, etc, raison de cette protection de sa part, une protection bien due, mais pour laquelle la France avait failli. Cet homme aurait du être rayé des disponibilités, sa place n'était pas là ce jour là, c'était une grande victime de guerre qui se noyait dans l'alcool. Il nous fit quand même bien rire le lendemain, à jeun c'était un brave homme, qui selon son patron faisait très bien son travail.
Pour pouvoir déplacer au stand de tir tout ce petit monde, des camions furent déstockés de l'entrepôt militaire de Serzy la Tour. Par manque de chauffeurs, beaucoup de camions furent confiés à des réservistes, ce fut une pagaille invraisemblable. Puis, le deuxième jour, en se rendant au champ de tir de Bois Lambert, un réserviste au volant d'un GMC, s'amusa à coucher près de 500m de clôture de barbelés en poussant les piquets avec la fusée avant droit du GMC, qui dépassait de 20 cm de la roue.
On eut droit au tir au LRAC, peu de réservistes connaissaient le LRAC, tous n'avaient utilisé que le 88 américain, le LRAC 73mm était seulement à l'étude à l'époque. Il n'y eut pas de tir au PA, c'eut été vraiment dangereux, et pour les mêmes raisons, pas non plus de tir au PM. Des mas 36 remplirent calmement leur mission à 200 mètres. Cerise sur le gâteau, ils avaient ressorti des FM bar, mais aussi et surtout des FM 24/29, cette fois, nos anciens connaissaient, et comment ! Le 24/29 est un exemple de précision. C'est avec cette arme que Niveau à Bulle s'est distingué une nouvelle fois, créant sa pagaille qui se termina par une rigolade à tout va.
Il y avait plusieurs postes de tir au FM, nous tirions sur des cibles horizontales homme couché, type "tireurs FM et chargeur" soutenues par leurs deux piquets.
La jeep et son chauffeur restèrent sur place en attendant que le service auto apporte la pièce manquante pour réintégrer le véhicule à l’ETAP, au service auto.
Le sur lendemain 8 heures, les sections rassemblées pour le rapport, les hommes riant sous cape de l’aventure de la veille, le PEG étant toujours jusqu’à la fin de la semaine à Sedzère, on vit arriver une moto, une peugeot 175 kaki, qui s’arrêta devant les piaules, on reconnut l’adj/c E. Il retira calmement son Guénot pour ajuster son béret. Tous les gradés savaient qu’il aurait du être avec son PEG, que faisait-il là ?
Sous les yeux de toute la compagnie, l’adj/c E. se dirigea droit vers le cne ZZ. Il le salua dans un salut impeccable, réglementaire, raide comme un passe-lacet. ZZ lui répondit un peu mollement, un peu sur la défensive. L’adj/c E chercha dans sa poche et, devant toute la compagnie, « Mon capitaine, vous avez du perdre ça », lui dit-il en lui tendant le doigt de delco. ZZ, sans desserrer les dents le prit, tourna son cul pour rentrer à son bureau. On a su par l’adj/c Bubu, ancien adj de cie à la CI, affecté au secrétariats du colonel Merglen, que lorsque ZZ a appelé le colonel Merglen pour lui rendre compte de la pagaille vécue, l’adj/c E se trouvait justement dans le bureau du colonel, riant ensembles de la farce jouée à ZZ. Il fallait savoir que lorsque E. s’est engagé en Indochine, il s’était retrouvé sous les ordres du colonel Merglen à l’époque capitaine, je crois, et dont il fut longtemps son ordonnance. Des liens particuliers, voire de l’amitié s’étaient installés entre les deux hommes au cours des sales années des guerres d’Indochine et d'Algérie, lors desquelles l’adj/c E, s’était distingué pas mal de fois. Cette amitié a bien des fois tiré d’affaire l’adj/c E qui n’en loupait pas beaucoup.
Toujours est-il que ZZ préféra demander sa mutation pour ??? Son remplaçant, le capitaine Messana, un colonial également qui finit sa carrière général, était inversement très sympa, tout en restant très exigeant, très sportif, 65 kilos tout au plus, il m’aimait bien, au point de menacer de me coller au trou si je ne rempilais pas. Je refusais systématiquement tant que je n’avais pas mon galon de sergent accroché sur la manche, sgt PDL, et non pas attendre des lustres pour être promu une fois ADL. Il me faillait ma nomination avant de rempiler, sinon, je prenais la quille ! Malheureusement mon accident de parachute en réduisant de plusieurs mois mon activité réelle, ma nomination n’était pas réglementaire. Néanmoins, j’aurais peut-être dû céder …
C’est ainsi qu’après avoir repris mon activité, fin septembre 1967, je repris le chemin de la maison, à Aubertin.
Par la suite, je fus convoqué à une période militaire de trois jours, à la caserne Pitié à Glandvert, je participai aux tirs des réservistes pendant quelques années, deux anecdotes méritent d'être racontés.
Cette période de 3 jours fut une pagaille invraisemblable, le régiment de support, le 1er RA, fut débordé par le volume du rappel de réservistes. Du matin, des guignols bien éméchés collaient la pagaille au poste de police, l'un d'eux bien connu, un ancien para colonial que pour la circonstance j'appellerai "Niveau à Bulle", est arrivé au poste de police litre de rouge dans chaque main sous les yeux de Marabout, son patron dans le civil, officier para sous les ordres duquel il avait servi en Indochine. Son patron le protégeait toute l'année, contre lui-même. Il intervint, remit les choses en ordre. Cet homme ne s'était pas remis des tortures qu'il avait subi en Indochine, lavage de cerveau, etc, raison de cette protection de sa part, une protection bien due, mais pour laquelle la France avait failli. Cet homme aurait du être rayé des disponibilités, sa place n'était pas là ce jour là, c'était une grande victime de guerre qui se noyait dans l'alcool. Il nous fit quand même bien rire le lendemain, à jeun c'était un brave homme, qui selon son patron faisait très bien son travail.
Pour pouvoir déplacer au stand de tir tout ce petit monde, des camions furent déstockés de l'entrepôt militaire de Serzy la Tour. Par manque de chauffeurs, beaucoup de camions furent confiés à des réservistes, ce fut une pagaille invraisemblable. Puis, le deuxième jour, en se rendant au champ de tir de Bois Lambert, un réserviste au volant d'un GMC, s'amusa à coucher près de 500m de clôture de barbelés en poussant les piquets avec la fusée avant droit du GMC, qui dépassait de 20 cm de la roue.
On eut droit au tir au LRAC, peu de réservistes connaissaient le LRAC, tous n'avaient utilisé que le 88 américain, le LRAC 73mm était seulement à l'étude à l'époque. Il n'y eut pas de tir au PA, c'eut été vraiment dangereux, et pour les mêmes raisons, pas non plus de tir au PM. Des mas 36 remplirent calmement leur mission à 200 mètres. Cerise sur le gâteau, ils avaient ressorti des FM bar, mais aussi et surtout des FM 24/29, cette fois, nos anciens connaissaient, et comment ! Le 24/29 est un exemple de précision. C'est avec cette arme que Niveau à Bulle s'est distingué une nouvelle fois, créant sa pagaille qui se termina par une rigolade à tout va.
Il y avait plusieurs postes de tir au FM, nous tirions sur des cibles horizontales homme couché, type "tireurs FM et chargeur" soutenues par leurs deux piquets.
A un moment donné,
on voit une cible basculer un pied coupé, puis le
second pied, la cible tombe, puis aussitôt, la cible
située à côté, basculer à son tour, puis tomber,
puis une troisième, avant que le responsable du pas
de tir n'arrête ce casse pipe, 4 cibles sur 10
étaient cisaillées. Étaient présents pas mal
d'officiers qui n'en croyaient pas leurs yeux, dont
le général 2S Bargeot qui habitait près de
Glandvert, et qui en outre connaissait bien l'auteur
des tirs, ce n'était autre que Niveau à Bulle (mais
à jeun cette fois). Bargeot se mit à l’engueuler
copieusement, lui disant à un moment donné qu'il ne
savait pas tirer. Niveau à Bulle, vexé, se retourne
vers le général pour lui dire : " Toi mon
lieutenant, tu sais très bien que je sais tirer, si
tu as encore un doute, va mettre ton cul là bas, et
tu vas voir si j'sais pas tirer". Vous pouvez
imaginer l'hilarité qui régnait au pas de tir. La
séance de tir au FM fut finie, arrêt obligé, il
manquait la moitié des porte-cibles.
Une autre jour, lors
d'un tir des réservistes, cette fois nous étions au
stand de tir situé près de Glandvert, sur la rive
opposée à celle de Glandvert, un stand 200m, assez
dangereux car proche des villages environnants. Il était
protégé par une butte, et ses accès verrouillés par des
vedettes mises en place au petit matin. Ce stand avait
beaucoup d'accès, notamment par la berge de la Loire où
des pêcheurs étaient souvent présent tôt le matin, il
fallait vérifier ce risque avant toute chose, c'était la
procédure.
Tout semblait en ordre, étaient prévus un tir à 200 mètres au fusil, puis un tir à la Mat 49, et pour finir un tir au PA Mac 50. Après une ou deux séries au fusil, que voit- on déboucher au coin de la butte de tir ??? Un papy, avec son panier et son bâton, ramassant tranquillement les champignon. Évidemment, on cesse immédiatement le tir, l'officier de tir désigne deux gars en hurlant "Ramenez moi ce con là !". Les gars l'ont ramené avec précaution vu son âge. Le papy, pas loin de 90 ans, à moitié sourd dit "Bon dieu, vous en faites du boucan aujourd'hui !" . Que dire .... Il n'avait rien vu, rien compris. Effectivement il était aux champignons depuis le petit jour, bien avant la mise en place des vedettes. Néanmoins, par la suite rapidement ce stand fut abandonné, justement en raison de tels faits qui n'étaient paraît-il pas les premiers.
Puis on en vint au tir au PA, tout se passa bien, puis, comme d'hab, à la fin de la séance, des armes moins conventionnelles firent leur apparition des P08, des P38, et on se remit à taper la carton avec des armes "personnelles". L'une d'elle s'enraya, un Mac 50 "perso" d'un colonel, "Fréquelin", un parfait tireur, qui avec un bon vieux mac 50 connu pour une arme de combat, pas spécialement précise, collait la raclée à tout le monde. Personne ne comprenait, le Mac 50 était considéré comme un arrosoir. Or son arme s'enraya, culasse moitié ouverte, biellette de canon bloquée. Impossible de bouger la culasse, impossible de sortir la clé latérale. L'un de nous, Daudier, armurier de métier qui avait son armurerie à Châtré sur Loire dit, donnez moi ça, je vais voir. Il bute à la même difficulté, indéblocable. Il se mit à taper le pétard en bout de canon sur un morceau de bois, jusqu'au moment où la culasse se referma. Puis il parvint à la manœuvrer, et à désolidariser le canon en retirant la biellette latérale. A ce moment tomba une rondelle, à moitié coupée, déformée, elle avait du se coincer. Surprise de tous.
-Mais c'est quoi cette rondelle ? S’écria-t-il, il n'y a jamais eu de rondelle dans le Mac 50 !
-J'avais calé la biellette pour retirer le jeu qui nuit à la précision répond Fréquelin
-Ah bin on comprend mieux pourquoi tu nous colles la pâtée !
Il s'en suivit une rigolade générale, basée sur le fait que Fréquelin s'était fait péter la rondelle, une fin de matinée qui volait franchement très haut !
Effectivement, le Mac 50 comme toutes les armes de combat, ont du jeu de fonctionnement un peu général, pour pallier les éventuels encrassements au combat, boue, sable, etc. Or, avec cette rondelle, plus de jeu dans le positionnement du canon, mais avec un tir intensif et l'échauffement de l'arme, au bout d'un moment, la rondelle a serré, et s'est coupée, bloquant tout.
Ce fut ma dernière intervention sous l'uniforme.
Tout semblait en ordre, étaient prévus un tir à 200 mètres au fusil, puis un tir à la Mat 49, et pour finir un tir au PA Mac 50. Après une ou deux séries au fusil, que voit- on déboucher au coin de la butte de tir ??? Un papy, avec son panier et son bâton, ramassant tranquillement les champignon. Évidemment, on cesse immédiatement le tir, l'officier de tir désigne deux gars en hurlant "Ramenez moi ce con là !". Les gars l'ont ramené avec précaution vu son âge. Le papy, pas loin de 90 ans, à moitié sourd dit "Bon dieu, vous en faites du boucan aujourd'hui !" . Que dire .... Il n'avait rien vu, rien compris. Effectivement il était aux champignons depuis le petit jour, bien avant la mise en place des vedettes. Néanmoins, par la suite rapidement ce stand fut abandonné, justement en raison de tels faits qui n'étaient paraît-il pas les premiers.
Puis on en vint au tir au PA, tout se passa bien, puis, comme d'hab, à la fin de la séance, des armes moins conventionnelles firent leur apparition des P08, des P38, et on se remit à taper la carton avec des armes "personnelles". L'une d'elle s'enraya, un Mac 50 "perso" d'un colonel, "Fréquelin", un parfait tireur, qui avec un bon vieux mac 50 connu pour une arme de combat, pas spécialement précise, collait la raclée à tout le monde. Personne ne comprenait, le Mac 50 était considéré comme un arrosoir. Or son arme s'enraya, culasse moitié ouverte, biellette de canon bloquée. Impossible de bouger la culasse, impossible de sortir la clé latérale. L'un de nous, Daudier, armurier de métier qui avait son armurerie à Châtré sur Loire dit, donnez moi ça, je vais voir. Il bute à la même difficulté, indéblocable. Il se mit à taper le pétard en bout de canon sur un morceau de bois, jusqu'au moment où la culasse se referma. Puis il parvint à la manœuvrer, et à désolidariser le canon en retirant la biellette latérale. A ce moment tomba une rondelle, à moitié coupée, déformée, elle avait du se coincer. Surprise de tous.
-Mais c'est quoi cette rondelle ? S’écria-t-il, il n'y a jamais eu de rondelle dans le Mac 50 !
-J'avais calé la biellette pour retirer le jeu qui nuit à la précision répond Fréquelin
-Ah bin on comprend mieux pourquoi tu nous colles la pâtée !
Il s'en suivit une rigolade générale, basée sur le fait que Fréquelin s'était fait péter la rondelle, une fin de matinée qui volait franchement très haut !
Effectivement, le Mac 50 comme toutes les armes de combat, ont du jeu de fonctionnement un peu général, pour pallier les éventuels encrassements au combat, boue, sable, etc. Or, avec cette rondelle, plus de jeu dans le positionnement du canon, mais avec un tir intensif et l'échauffement de l'arme, au bout d'un moment, la rondelle a serré, et s'est coupée, bloquant tout.
Ce fut ma dernière intervention sous l'uniforme.
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